Zones industrielles et logistiques : Laâyoune-Sakia El Hamra muscle sa stratégie

Au cœur des provinces du Sud, la région de Laâyoune-Sakia El Hamra s’engage dans une phase de développement économique inédite. Dans le cadre de la Nouvelle Initiative Atlantique Royale, elle s’apprête à se doter d’une stratégie favorisant l’intégration de ses zones industrielles et logistiques dans les chaînes de valeur nationales et africaines.

Bénéficiant d’un positionnement géostratégique exceptionnel sur la façade atlantique africaine, la région connaît déjà une transformation économique majeure, portée par la mise en œuvre du modèle de développement des provinces du Sud (2015-2030) et la création d’infrastructures portuaires, routières et énergétiques d’envergure. Parmi ces réalisations structurantes figurent le port de Laâyoune, le futur port de Lamhiriz, le projet stratégique du port de Dakhla-Atlantique, ainsi que plusieurs zones franches.

Malgré ces avancées, le développement des zones industrielles et logistiques de la région demeure partiel et hétérogène. Certaines manquent d’équipements ou de cohérence dans leur aménagement ; d’autres nécessitent une requalification, une meilleure connectivité ou une spécialisation adaptée aux potentialités locales, notamment dans les énergies renouvelables, la pêche, l’agro-industrie et les services logistiques.

Face à ces enjeux, la Chambre de commerce, d’industrie et de services de Laâyoune-Sakia El Hamra (CCISLSH) a décidé d’engager une démarche stratégique de grande envergure. L’objectif est de réaliser une étude de diagnostic approfondie permettant d’évaluer la situation actuelle des zones industrielles et logistiques, d’identifier les besoins, les freins et les opportunités de développement, et de proposer une stratégie d’aménagement intégrée pour les futures zones économiques régionales.

Une vision stratégique à l’horizon 2035

Le projet vise à élaborer une analyse globale, technique et économique des zones industrielles et logistiques existantes ou planifiées. L’ambition est de proposer une stratégie régionale cohérente favorisant leur développement durable et leur intégration dans les chaînes de valeur nationales et africaines. Cette démarche s’articule autour de plusieurs objectifs spécifiques majeurs. Il s’agit d’abord de réaliser un diagnostic exhaustif de l’état actuel des zones industrielles et logistiques, incluant les infrastructures, l’occupation des sites, la gouvernance, le cadre juridique et la performance environnementale. L’étude permettra également d’identifier les secteurs d’activité les plus adaptés aux spécificités de chaque zone, qu’il s’agisse d’activités industrielles, halieutiques, énergétiques, logistiques ou de services.

L’analyse des conditions d’accessibilité et de connectivité avec les ports, les routes nationales et les corridors atlantiques constitue un autre axe fondamental. Les modèles de gestion existants – qu’ils soient publics, privés ou sous forme de partenariats public-privé – seront également étudiés afin de proposer des améliorations organisationnelles et institutionnelles.

Un plan d’action en quatre phases

La démarche se déploie selon une méthodologie structurée en quatre phases complémentaires, étalées sur une période de six mois.

La première phase consiste en un diagnostic territorial, économique et infrastructurel exhaustif. Elle comprend le recensement et l’analyse de toutes les zones industrielles et logistiques existantes et en projet, l’évaluation du degré d’aménagement, de la qualité des infrastructures, du foncier disponible et du taux d’occupation. Les contraintes techniques, juridiques et environnementales seront identifiées, tout comme la connectivité portuaire, routière, ferroviaire et énergétique.

La deuxième phase portera sur l’analyse des potentialités et l’élaboration de scénarios de développement. Elle examinera la demande actuelle et future en espaces industriels et logistiques, analysera le positionnement de la région dans les corridors atlantiques marocains et africains, et établira un benchmark avec d’autres zones performantes telles que Souss-Massa, Tanger Med, Nouadhibou ou Dakar. Plusieurs scénarios de développement seront élaborés selon différentes hypothèses de croissance et de secteurs cibles.

La troisième phase sera consacrée à l’élaboration d’un plan directeur régional. Ce document stratégique définira un schéma régional d’aménagement et de gestion intégrée des zones industrielles et logistiques, proposera de nouveaux sites à développer selon des critères techniques, environnementaux et économiques rigoureux, et établira un plan de hiérarchisation et de priorisation des investissements. Les principes de durabilité, de résilience climatique et d’efficacité énergétique seront intégrés au cœur de cette planification.

Enfin, la quatrième phase définira la stratégie de mise en œuvre et le plan d’action opérationnel pour la période 2025-2035. Elle précisera les axes stratégiques, les objectifs et les leviers de mise en œuvre, proposera des mécanismes institutionnels, financiers et de gouvernance adaptés, et établira un dispositif de suivi-évaluation permettant de mesurer les progrès réalisés.

Un levier pour l’intégration régionale

Ce projet d’envergure s’inscrit dans une vision plus large de transformation économique de la région. Il vise à définir des actions prioritaires et des projets structurants, incluant la requalification de zones existantes, l’extension d’infrastructures, la création de nouvelles zones industrielles et le développement de hubs logistiques performants.

Le plan directeur régional qui en résultera permettra d’assurer une meilleure spécialisation sectorielle des zones, une connectivité optimale avec les infrastructures portuaires et routières, et une gouvernance modernisée, adaptée aux exigences du développement durable. Il constituera un outil de planification stratégique essentiel pour positionner la région de Laâyoune-Sakia El Hamra comme un acteur majeur des échanges économiques sur la façade atlantique africaine.