Un Salon international pour révéler le potentiel stratégique du romarin marocain en projet

La Société de coopération pour le développement international (SOCODEVI), une ONG canadienne, en partenariat avec l’Agence nationale des eaux et forêts (ANEF), projette l’organisation d’un Salon international du romarin au Maroc. Ce Salon répond à une double finalité : promouvoir la filière aux niveaux national et international et instaurer un cadre de rencontre, d’échange et de synergie entre l’ensemble des acteurs concernés. Il s’agit ainsi de valoriser les coopératives et les acteurs de la chaîne de valeur en leur offrant une vitrine nationale et internationale pour présenter leurs produits et savoir-faire, et renforcer les capacités commerciales et techniques des coopératives et transformateurs à travers des ateliers, conférences et démonstrations pratiques.

La tenue de ce Salon permettra, également, de faciliter l’accès des coopératives et transformateurs de ce produit aux marchés nationaux et internationaux, en mettant en relation ces acteurs locaux avec des distributeurs, exportateurs et investisseurs. De même, l’évènement permettra de promouvoir l’innovation et la recherche dans le domaine des plantes aromatiques et médicinales (PAM), notamment autour des techniques de transformation, de certification et de valorisation des produits dérivés du romarin. Les promoteurs du Salon ambitionnent, par ailleurs, d’encourager la durabilité de la filière à travers la sensibilisation aux bonnes pratiques de gestion des ressources naturelles et de préservation des écosystèmes, et de sensibiliser le grand public à l’importance du romarin comme ressource patrimoniale et économique, et à son rôle dans la santé, l’alimentation et le bien-être.

Au Maroc, le romarin est principalement présent dans les zones arides et semi-arides du Moyen Atlas, du Haut Atlas oriental et des Hauts Plateaux de l’Oriental, où il représente une composante majeure du couvert végétal. Il s’étend sur une superficie d’environ 1 million d’hectares, sous forme de peuplements naturels purs ou en association avec d’autres espèces, constituant ainsi une ressource végétale stratégique pour de vastes régions du Royaume. Cette plante joue un rôle majeur dans l’économie locale et nationale, puisqu’elle génère une activité économique significative au profit des coopératives de cueilleurs, des unités de transformation et des opérateurs exportateurs. Sa valorisation, allant de la cueillette traditionnelle aux produits finis à forte valeur ajoutée, contribue à la création d’emplois, à l’amélioration des revenus des populations rurales et au développement territorial.

Les produits dérivés du romarin sont multiples et variés, comprenant notamment les feuilles séchées, les huiles essentielles, les hydrolats, ainsi que les extraits et poudres. La demande pour ces produits connaît une croissance soutenue, tant au niveau national qu’international, portée par les besoins croissants des secteurs cosmétique, pharmaceutique, agroalimentaire et aromatique. Cette dynamique révèle un fort potentiel de développement pour la filière, qui se trouve à un tournant stratégique. Pour valoriser pleinement cette ressource et répondre aux exigences des marchés, l’ANEF et son partenaire SOCODEVI jugent nécessaire de renforcer l’organisation de la filière, de moderniser les pratiques de production et de transformation, et de mettre en place une stratégie de promotion adaptée, capable de positionner le romarin marocain et ses dérivés sur des segments à haute valeur ajoutée.

Toutefois, en dépit de son potentiel économique, social et environnemental indéniable, la filière du romarin au Maroc demeure confrontée à de nombreuses contraintes structurelles et organisationnelles qui freinent son développement et limitent sa compétitivité sur les marchés nationaux et internationaux. Ces difficultés concernent à la fois l’amont de la chaîne, marqué par la production et la cueillette, et l’aval, lié à la transformation, à la commercialisation et à l’accès aux débouchés. Elles se traduisent notamment par une structuration insuffisante, avec des acteurs dispersés et une coordination limitée entre production, transformation et commercialisation. À cela s’ajoutent des difficultés de traçabilité et de qualité, rendant complexe l’assurance de produits conformes aux standards nationaux et internationaux. Autre contrainte: la faible visibilité commerciale, limitant l’accès aux marchés formels et aux opportunités d’exportation, en plus d’une dépendance partielle aux marchés informels, générant une volatilité des revenus pour les producteurs et transformateurs.

Dans ce tableau figure également l’accès limité aux financements et aux dispositifs de soutien, freinant la modernisation des unités de production et de transformation. Les pratiques de cueillette, parfois non durables, affectent la régénération des formations naturelles et la préservation de la biodiversité. La filière souffre également d’une capacité limitée d’innovation et de valorisation des produits dérivés, freinant le développement de gammes à forte valeur ajoutée. C’est ainsi que l’organisation d’un Salon national dédié au romarin permettra de structurer et de dynamiser la filière, de renforcer la gouvernance et la régulation du secteur, et de développer de nouveaux débouchés commerciaux. Il contribuera également à promouvoir la durabilité environnementale, à favoriser l’inclusion sociale et l’emploi local, à stimuler l’innovation et la valorisation des produits dérivés, et à faciliter l’accès aux financements et aux dispositifs de soutien.