Tibu lance une CAN du «vivre-ensemble»
La première édition de la Coupe d’Afrique du vivre-ensemble, portée par Tibu Africa et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), démarre ce lundi à Casablanca. Une initiative qui s’inscrit dans l’esprit de la CAN 2025 et vise à intégrer socialement et culturellement les communautés migrantes de la métropole
Insérer dans la société les communautés migrantes désœuvrées et marginalisées à travers le sport. C’est l’essence de la Coupe d’Afrique du vivre-ensemble portée par Tibu Africa et l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), dont la première édition démarre ce lundi. Une initiative qui prendra la forme d’un tournoi de football intercommunautaire pensé dans l’esprit de la Coupe d’Afrique des Nations et au cours duquel bon nombre de quartiers de la ville blanche seront représentés.
La manifestation, qui s’adresse aux jeunes migrants et Marocains âgés de 18 à 25 ans, a été pensée pour rapprocher les communautés et favoriser le dialogue interculturel. Une démarche concrétisée avant tout pour réduire les tensions sociales et renforcer l’esprit de solidarité au sein des quartiers à forte mixité. «Le cœur de ce projet repose sur la conviction que le sport constitue un langage universel. Ce tournoi et ses activités associées permettront aux jeunes Marocains et migrants participants de mieux se connaître, de partager leurs cultures et de créer des liens de confiance», confie à ce sujet le président fondateur de l’ONG Tibu Africa Amine Zariat.
Autre objectif, appuyer la participation citoyenne de ces jeunes au sein de leurs quartiers respectifs. «Ce programme vise à impliquer activement les jeunes dans la vie de leur quartier et à les amener à devenir des acteurs du changement par le biais d’initiatives sociales, culturelles puis environnementales. Une approche qui favorisera la co-construction de projets collectifs et leur permettra de développer des compétences citoyennes essentielles comme le leadership ou le travail d’équipe», révèle l’expert en inclusion des jeunes et des femmes par le sport.
Le tournoi opposera 360 jeunes migrants et Marocains qui représenteront 24 quartiers populaires de la métropole, sélectionnés pour leur présence migrante significative ainsi que pour leurs tensions sociales. «Le tournoi adoptera une approche sociale et éducative plutôt que purement compétitive. Chaque quartier représentera un pays africain, lequel sera incarné par des équipes mixtes de jeunes Marocains et migrants», précise le fondateur de l’ONG. «Ce format inédit en fait un évènement de proximité interculturel axé sur les valeurs humaines du sport, à la différence d’un tournoi classique», complète-t-il avec ferveur.
L’initiative sera complétée par des sessions de formation, des ateliers de cohésion ainsi que plusieurs actions communautaires, qui formeront d’ici avril prochain une cinquantaine de migrants aux compétences techniques, comportementales et entrepreneuriales. «La formation représente un pilier essentiel du programme. Les participants bénéficieront de formations diplômantes et d’un accompagnement individualisé vers des métiers clés du sport tels que coach, éducateur ou encore, animateur sportif», conclut Zariat.
Karim AGOUMI
«Le sport devient un moteur de transformation sociale»

Amine Zariat, président fondateur de l’ONG Tibu Africa et expert en inclusion des jeunes et des femmes par le sport
– L’Economiste: D’où est venue l’idée de cette initiative?
– Amine Zariat: L’idée de la Coupe d’Afrique du Vivre Ensemble trouve son origine dans la récente multiplication de tensions et de confrontations entre certaines communautés migrantes et les populations locales de plusieurs quartiers populaires de Casablanca. Face à ces réalités, nous avons voulu transformer ces évènements en opportunité de dialogue, de réconciliation et de cohésion sociale.
– En quoi s’inspire-t-elle de la Coupe d’Afrique des Nations?
– Ce tournoi interculturel s’inspire de la CAN 2025 non pas dans la compétition, mais dans ses valeurs véhiculées comme l’unité, la solidarité et la célébration de la diversité africaine. Chaque équipe incarnant un pays participant à la CAN et les jeunes participants vivront une expérience à la fois sportive, culturelle et éducative en lien avec cet évènement continental majeur.
– Pourquoi avoir choisi le football comme sport représenté?
– Parce que le football est un langage universel. C’est le sport le plus pratiqué et le plus fédérateur au Maroc et en Afrique. Il permet de transcender les barrières culturelles et linguistiques, puis d’instaurer une cohésion immédiate entre les jeunes, quel que soit leur parcours.
– De quoi souffrent les jeunes migrants au Maroc?
– Principalement de l’isolement, du chômage et de la difficulté d’accès à l’éducation ou à la formation. Ces jeunes aspirent à contribuer à la société, mais manquent cruellement d’espaces de reconnaissance et d’opportunités structurantes. Ce projet leur offre une place active et un cadre valorisant afin de pouvoir s’exprimer et s’intégrer durablement.
– Selon vous, le sport peut-il constituer un levier de cohésion sociale pour ces derniers? Des exemples à partager?
– Le sport permet de créer du lien, de développer des compétences personnelles et sociales, puis d’ouvrir des portes vers l’emploi et la citoyenneté. Le football, mis en avant à travers cette coupe, devient un moteur de transformation sociale et un outil de diplomatie humaine.
Propos recueillis par Karim AGOUMI
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2025-10-19 15:19:35
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