<linearGradient id="sl-pl-bubble-svg-grad01" linear-gradient(90deg, #ff8c59, #ffb37f 24%, #a3bf5f 49%, #7ca63a 75%, #527f32)

Taxe carbone de l’UE : le CESE met en garde, le Maroc est-il prêt ?

Taxe carbone de l’UE : le CESE met en garde, le Maroc est-il prêt ?

Taxe carbone de l’UE : le CESE met en garde, le Maroc est-il prêt ?

Pour le CESE, le MACF ne doit pas être perçu uniquement comme une barrière commerciale, mais comme un défi structurant pour le positionnement du « Made in Morocco » en Europe. Le Conseil souligne, dans son avis sur l’impact du Mécanisme d’ajustement carbone (MACF) aux frontières européennes sur les exportations au Maroc, l’urgence d’instaurer une taxe carbone nationale progressive, d’accompagner la décarbonation industrielle et de renforcer les capacités de contrôle et de vérification des émissions.

Une taxe carbone nationale en riposte

Conscient de l’enjeu, le Maroc a décidé d’anticiper. Rabat prépare une taxe carbone progressive, ciblant d’abord les secteurs les plus exposés – ciment, acier, engrais – avec un tarif compris entre 5 et 10 dollars la tonne de CO₂. Objectif : stimuler la décarbonation, éviter que les recettes du MACF ne profitent exclusivement à Bruxelles et générer jusqu’à 3 milliards de dirhams par an pour financer la transition. Cette fiscalité nationale pourrait intégrer certaines taxes existantes, comme la parafiscale sur le ciment, afin de ne pas alourdir le coût pour les entreprises. « Face à ce défi, le Maroc doit accélérer sa transition vers une économie bas carbone, garantir l’accès de toutes les entreprises à l’électricité verte et mettre en place une gouvernance nationale pour accompagner la mise en œuvre du MACF », a noté le président du CESE, Abdelkader Amara.

Des industriels déjà engagés, des PME vulnérables

Face au défi climatique, l’industrie marocaine n’est pas restée inactive. Depuis 2021, une stratégie nationale bas carbone (SNBC) trace la route vers la neutralité carbone à l’horizon 2050. Le secteur industriel, responsable de 19 % des émissions nationales, en est une cible prioritaire.

Parmi les locomotives de cette transformation, l’Office Chérifien des Phosphates (OCP) fait figure de modèle. Le géant des engrais a converti 90 % de son énergie à partir de sources renouvelées, remplacé le transport ferroviaire par un pipeline, planté 4,5 millions d’arbres et adopté des normes strictes de calcul carbone (PAS 2050).

Mais tous les industriels ne disposent pas des mêmes moyens. Pour les PME exportatrices, les coûts de conformité (audit carbone, certification, adaptation technologique) s’annoncent colossaux. La CGEM tire la sonnette d’alarme : sans soutien massif, ces entreprises risquent de se voir exclues du marché européen.

A noter que depuis 2023, le Maroc a multiplié les initiatives pour dynamiser le partenariat UE-Maroc à travers notamment la mise en place d’outils de calcul des émissions (bilancarbonemaroc.org), la certification provisoire de l’électricité verte par l’ONEE, le soutien aux TPME via le programme Tatwir Économie Verte ou encore l’implication de la CGEM, avec une antenne à Bruxelles et des actions de sensibilisation régionales.

Toutefois, l’obligation de recourir à des vérificateurs européens renchérit la mise en conformité et illustre un partenariat encore inégal.

Dans son avis adopté le 28 août 2025, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) met en garde contre une lecture purement technique du MACF. Il souligne le risque d’une barrière commerciale déguisée, appliquant unilatéralement des standards européens sans tenir compte des efforts différenciés ni du principe de transition juste inscrit dans l’Accord de Paris. Si, à court terme, seules 3,7 % des exportations marocaines vers l’UE sont concernées (essentiellement des engrais), l’extension prévue du MACF pourrait toucher des secteurs stratégiques comme l’automobile et l’aéronautique, reconfigurant profondément la stratégie commerciale du pays.

Les recommandations du CESE : quatre axes d’action

  1. Cadre institutionnel : gouvernance nationale du MACF, agrément d’auditeurs marocains, fonds de soutien pour les PME, formation spécialisée en bilans carbone.
  2. Tarification carbone : stratégie claire (taxe ou marché de quotas), harmonisation des calculs avec l’UE, affectation des recettes à la décarbonation.
  3. Accélération industrielle : accès élargi à l’électricité verte, déploiement du gaz naturel comme énergie de transition, mise en place d’un système MRV (mesure, rapportage, vérification) national, développement de filières innovantes comme l’hydrogène vert et le CCUS.
  4. Diplomatie climatique : plaidoyer africain coordonné, négociation pour la réaffectation d’une partie des recettes du MACF, interconnexion future des marchés carbone.
L'UE s'engage à appuyer la neutralité carbone de l'économie marocaine

Le Maroc a encore quelques mois pour préparer ses entreprises et ses institutions à ce tournant. L’équation est claire : sans adaptation, le MACF sera une barrière coûteuse. Mais avec une stratégie cohérente, il peut devenir un accélérateur de souveraineté climatique et un levier pour repositionner le « Made in Morocco » sur les marchés européens à forte valeur ajoutée.


2025-09-24 17:03:00

lematin.ma

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ne manquez pas les opportunités de la Bourse de Casablanca ! Abonnez-vous au Premium aujourd’hui

X
error: Content is protected !!
Retour en haut