Tangier Logistics Days Tanger Med au cœur des enjeux de la logistique de demain
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Réunis à Casablanca pour la 7e édition des Tangier Logistics Days, près de 300 experts et acteurs du commerce international ont débattu du rôle clé de l’innovation technologique dans la performance des chaînes d’approvisionnement. Le Groupe Tanger Med y a présenté sa vision d’une logistique marocaine plus durable, connectée et résiliente.
C’est à Casablanca, le 22 octobre dernier, que s’est tenue la 7ème édition des Tangier Logistics Days. Près de 300 professionnels du commerce international se sont réunis autour d’une question désormais centrale : « L’innovation technologique au service des performances des Supply Chains ». Dans un monde secoué par les tensions géopolitiques, l’instabilité énergétique et les impératifs écologiques, le Maroc affiche clairement ses ambitions : faire de sa logistique un atout compétitif de premier plan.
Dès l’ouverture, Idriss Aarabi, Directeur général de Tanger Med Port Authority, a planté le décor. « Nous vivons un tournant décisif », a-t-il souligné, « où les enjeux géopolitiques, énergétiques et environnementaux redessinent complètement les règles du commerce international ». Les chaînes d’approvisionnement ne sont plus de simples flux techniques : « Elles sont désormais au cœur de la souveraineté économique des nations et de la compétitivité des entreprises », a-t-il insisté.
À ses côtés, Wolfgang Lehmacher, Expert mondial des supply chains, a rappelé que les vraies ruptures ne viendront pas uniquement des technologies. « La digitalisation, ce n’est pas qu’une histoire de machines. C’est avant tout une question de mentalité et de volonté de s’engager dans une transformation sans fin ». Pour lui, le principal frein reste culturel et psychologique. « L’essentiel, c’est de trouver le bon équilibre entre l’humain et la technologie. L’un ne va pas sans l’autre ». Selon son analyse, la performance future dépendra de notre capacité à garder l’humain aux commandes des systèmes intelligents, qui devront amplifier nos compétences plutôt que de nous remplacer.
Cette vision guide justement la stratégie de Tanger Med. Le complexe portuaire, devenu le premier hub portuaire de la Méditerranée et d’Afrique, allie désormais puissance opérationnelle et transition écologique. « Depuis janvier 2025, notre complexe portuaire fonctionne entièrement à l’électricité verte, une étape majeure vers la neutralité carbone », précise Aarabi. Le complexe portuaire se hisse aujourd’hui au 17e rang mondial avec plus de 10,24 millions d’EVP traités en 2024, et des connexions directes vers plus de 180 ports dans 70 pays.
C’est dans cette logique environnementale que s’inscrit l’intervention de Carol Lambert, ancienne associée chez Deloitte. Elle a souligné le rôle crucial des supply chains dans la transition écologique. « Les émissions indirectes représentent en moyenne onze fois les émissions directes des entreprises. C’est donc dans nos réseaux logistiques que se joue l’essentiel de notre impact climatique ». Elle met en garde contre une approche solitaire de la décarbonation : « Cette transformation ne peut pas être menée en solo. La durabilité se construit à l’échelle d’un secteur entier, grâce à une coordination étroite entre tous les acteurs ».
Pour elle, digitalisation et transition énergétique doivent aller de pair : « Le numérique ne peut pas être la solution s’il aggrave le problème. Les infrastructures digitales représentent déjà près de 9 % des émissions mondiales. Nous devons aligner transition technologique et transition énergétique ». Enfin, elle encourage les entreprises à agir par conviction plutôt que par obligation : « La régulation intervient quand l’autorégulation a échoué. La durabilité doit venir d’une responsabilité assumée collectivement ».
Wolfgang Lehmacher a insisté sur l’interconnexion des transformations : « Le système logistique mondial est interdépendant. Changer un maillon sans les autres est voué à l’échec ». Les transitions énergétiques, industrielles, digitales et maritimes doivent avancer ensemble pour avoir un réel impact. Il rappelle aussi que les supply chains de demain seront circulaires : « L’économie circulaire représente une opportunité gigantesque, aussi vaste que notre économie linéaire actuelle ».

Pour maintenir ce leadership, la technologie devient un levier d’optimisation permanent. « Nous ne parlons plus seulement d’automatisation, mais d’intelligence augmentée », explique Aarabi, en citant la blockchain, l’IA générative et les jumeaux numériques. « Ces technologies ouvrent la voie à des supply chains plus intelligentes, capables d’anticiper les ruptures et d’optimiser les ressources ».
Wolfgang Lehmacher complète en soulignant que les jumeaux numériques « vont tout changer. Ils permettront de tester nos décisions avant de les mettre en œuvre ». Mais il avertit : le succès ne dépendra pas seulement des investissements technologiques, mais de la qualité des données et des règles de coopération. « Les projets technologiques échouent rarement à cause de la technologie elle-même, mais plutôt à cause de problèmes de gouvernance et de confiance ».
Cette vision se concrétise déjà avec la digitalisation complète du passage portuaire via le Port Community System, devenu « la colonne vertébrale numérique qui relie tous les acteurs logistiques ». L’objectif est clair : fluidifier, sécuriser et accélérer les flux tout en améliorant la performance environnementale.
Pour Aarabi, la technologie ne sera jamais une fin en soi : « La technologie n’est qu’un outil. Le vrai défi, c’est notre capacité collective à l’intégrer intelligemment pour créer de la valeur partagée ». Il rappelle que les compétences devront évoluer au rythme de l’innovation. « Les métiers de demain requerront des data scientists, des cyber-analystes, des ingénieurs de la résilience. Nous devons préparer ces compétences dès aujourd’hui au Maroc ».
Wolfgang Lehmacher appuie cette idée en insistant sur l’importance des écosystèmes collaboratifs : « Les supply chains de demain seront des écosystèmes : personne ne peut réussir seul. Pour collaborer, il faut un défi partagé et une valeur tangible ». L’innovation doit selon lui être progressive : commencer petit, prouver la valeur, puis étendre.

Tout au long de la journée, les interventions ont montré que l’avenir logistique se construit déjà : IA pour mieux anticiper, blockchain pour sécuriser les échanges, jumeaux numériques pour simuler des crises… Autant d’innovations concrètes qui transforment déjà notre quotidien.
Ces avancées s’inscrivent dans la dynamique portée par le Groupe Tanger Med, qui gère 25 terminaux et traite 187 millions de tonnes de marchandises. Le groupe aménage plus de 3 000 hectares de zones industrielles qui accueillent 1 400 entreprises, génèrent 174 milliards de dirhams de chiffre d’affaires et emploient 130 000 personnes. Une masse critique qui place le Maroc dans le Top 20 mondial de la connectivité maritime.
Cette 7ème édition des Tangier Logistics Days a confirmé une conviction partagée : l’innovation offre un avantage décisif, à condition de placer l’humain au cœur de la transformation. « L’innovation technologique ne peut être dissociée de l’innovation humaine », insiste Aarabi. « L’avenir ne se subit pas, il se construit. Ici, par la confiance, le dialogue et la coopération ». Il conclut avec une conviction forte : « Des chaînes performantes peuvent être à la fois compétitives, durables et inclusives. C’est l’horizon qui guide notre action ».

Témoignage // Idriss Aarabi, Directeur général de Tanger Med Port Authority
Le choix de Casablanca pour cette 7ème édition des Tangier Logistics Days, montre bien l’envergure nationale de notre action. Tanger Med accompagne tous les opérateurs économiques du Royaume, qu’ils soient basés au nord ou au cœur de la capitale économique.
L’innovation technologique est devenue un pilier essentiel de notre compétitivité. Nous investissons massivement dans les solutions digitales qui transforment nos opérations portuaires et logistiques. Nous déployons notamment la blockchain pour sécuriser les bons à délivrer électroniques, fluidifier les échanges documentaires et garantir la traçabilité entre tous les acteurs.
Nous avançons aussi dans la création d’un jumeau numérique capable de reproduire et de piloter en temps réel nos opérations portuaires. L’objectif ? Anticiper les événements, optimiser le planning des navires et améliorer la coordination entre nos équipes.
La maintenance prédictive devient une réalité grâce aux objets connectés installés sur nos infrastructures. Nous pouvons ainsi intervenir avant la dégradation et prolonger la durée de vie de nos installations. Nos drones, robots sous-marins et robots pompiers jouent un rôle croissant dans la surveillance et l’efficacité de nos interventions.
Je reste convaincu que la transformation digitale ne peut réussir qu’avec l’adhésion des équipes sur le terrain. Elle doit répondre aux besoins réels des métiers, avancer pas à pas et démontrer concrètement sa valeur ajoutée.
Wolfgang Lehmacher rejoint cette ambition en soulignant que « l’avenir de la supply chain ne se contrôle pas, il se co-construit ». La gouvernance, la confiance et la transparence restent les fondations indispensables pour bâtir des réseaux industriels véritablement collaboratifs.
Le rendez-vous de Casablanca a ainsi affirmé la volonté collective de renforcer l’agilité et la résilience des supply chains marocaines. Une ambition nationale alignée sur les standards internationaux les plus exigeants. Entre connectivité mondiale, excellence opérationnelle et transition énergétique, le Maroc se donne les moyens de devenir une plateforme logistique intelligente de référence d’ici 2030.

Les Eaux Minérales d’Oulmès, pionnier marocain de la supply chain 4.0
Dans un secteur marqué par une forte saisonnalité et des exigences logistiques rigoureuses, Les Eaux Minérales d’Oulmès a choisi d’innover pour renforcer sa compétitivité. Après plusieurs années de transformation digitale, l’entreprise s’impose aujourd’hui comme une référence de la supply chain intelligente au Maroc. « Nous avons engagé une transformation digitale qui touche tous nos métiers et qui a profondément changé notre façon de travailler », explique Meriem El Mernissi, Directrice Supply Chain. « L’objectif est clair : plus de connectivité, plus d’automatisation et plus d’agilité pour répondre rapidement au marché ».
Au cœur de cette stratégie se trouve le Smart Warehouse de Casablanca, premier entrepôt entièrement automatisé du secteur des boissons au Maroc. « Une palette déposée sur le convoyeur est prise en charge automatiquement jusqu’à la préparation de commande », précise-t-elle. Piloté par un système intelligent sans intervention humaine, cet entrepôt optimise l’espace de stockage, crucial dans un marché aux variations saisonnières importantes.
Cette modernisation touche aussi la production. L’entreprise a équipé son plus grand site de capteurs IoT et de modules d’intelligence artificielle. « Les capteurs remontent les données en temps réel sur la cadence, la performance énergétique ou les arrêts de ligne. L’IA permet de diagnostiquer et parfois même de résoudre automatiquement certaines pannes ». Résultat : un redémarrage plus rapide des lignes et une meilleure disponibilité des produits.
La digitalisation améliore aussi la qualité et la sécurité alimentaire, piliers de la marque. « La réduction des manipulations humaines limite les risques d’erreurs et améliore la qualité du produit jusqu’au consommateur ».
Traçabilité en temps réel, visibilité instantanée des stocks, meilleure rotation : Les Eaux Minérales d’Oulmès prouve que la supply chain 4.0 n’est ni un concept marketing ni une utopie futuriste. « Ce ne sont pas des expérimentations : notre chaîne logistique compte parmi les plus avancées de l’industrie agroalimentaire », affirme-t-elle avec conviction.
En se positionnant ainsi parmi les pionniers de la logistique intelligente au Maroc, Les Eaux Minérales d’Oulmès incarne parfaitement l’esprit des Tangier Logistics Days : une innovation concrète au service de la performance durable et de la satisfaction du consommateur.
2025-11-05 13:28:06
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