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La deuxième édition du «Sustainable Industry Forum Meeting», organisée sur le thème évocateur «Rethink Carbon Impact», a mis en lumière l’engagement résolu du Maroc dans la transition énergétique et la décarbonation de son secteur industriel. Des représentants de haut niveau des ministères de l’Industrie et du commerce, de l’Emploi, de la Transition énergétique et du développement durable ainsi que des acteurs du secteur privé et financier, ont débattu des enjeux, des opportunités et des défis de cette transformation stratégique.

La décarbonation au cœur des politiques publiques et de la compétitivité

La décarbonation de l’économie en général, et du secteur industriel en particulier, s’inscrit aujourd’hui au cœur des politiques portées par les départements de l’industrie et de la transition énergétique. Cette démarche est considérée comme une «priorité fondamentale» pour l’amélioration de l’industrie marocaine, mais aussi pour d’autres secteurs. Pour les entreprises industrielles, elle est devenue une obligation pour la durabilité de leurs activités et pour répondre aux exigences du développement durable. Mais au-delà de la simple conformité environnementale, la décarbonation se révèle aussi un puissant moteur de compétitivité. Selon Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du commerce, la décarbonation de l’industrie représente une opportunité unique pour le Maroc, tirant parti d’un accès de plus en plus facile à une énergie abondante et abordable. Il souligne que l’un des atouts majeurs du pays réside dans son «potentiel énorme» en énergies renouvelables, offrant une «énergie en abondance et à coût compétitif». L’énergie décarbonée est «peu coûteuse», et plusieurs producteurs sont capables de proposer des contrats à des prix très compétitifs, nettement inférieurs aux tarifs actuels de l’énergie conventionnelle. Cependant, le ministre déplore que le principal défi ne réside pas dans le coût de cette énergie, mais dans la capacité du réseau à la distribuer efficacement. «La seule véritable limitation aujourd’hui est la capacité du réseau à transporter cette énergie, ce qui constitue le principal goulot d’étranglement empêchant l’accès des industriels à cette énergie verte et peu coûteuse», affirme-t-il lors de son intervention au panel d’ouverture intitulé «Ouvrir la voie: stratégies et engagements pour une industrie décarbonée». M. Mezzour souligne également l’importance de la «décarbonation non énergétique», englobant des enjeux tels que la circularité, l’efficacité hydrique et d’autres pratiques liées à la gestion durable des ressources, notamment dans le cadre de la circularité de l’eau. «Ce volet constitue un enjeu crucial pour la productivité, car l’économie de ressources se traduit directement par une compétitivité accrue», explique-t-il. «Cela renforce, également, l’accès de nos industries aux marchés internationaux, un enjeu d’autant plus important que la moitié de notre chiffre d’affaires industriel est réalisée à l’export», ajoute-t-il.

Les leviers pour une énergie compétitive et décarbonée

Le Maroc accélère sa transition énergétique en s’appuyant sur une stratégie claire, dont les principaux leviers ont été détaillés par Mohamed Ouhmed, secrétaire général par intérim du département de la Transition énergétique. Cette démarche, qui place la décarbonation de l’économie au cœur des politiques publiques, est perçue comme essentielle pour renforcer la compétitivité de l’industrie nationale.

Selon M. Ouhmed, la stratégie s’articule autour de plusieurs axes majeurs, fruits d’un travail collaboratif entre ministères et entités publiques, et alignés sur les Orientations Royales. «Nous avons identifié quatre leviers majeurs pour réussir cette transition», a déclaré M. Ouhmed. Le premier d’entre eux est le développement massif des énergies renouvelables. Le Maroc, fort d’une expérience significative dans ce domaine, affiche déjà une capacité installée de 5,5 gigawatts (GW), représentant environ 46% de sa capacité électrique totale. Cette production est principalement issue de l’énergie solaire, éolienne et hydroélectrique.

L’ambition ne s’arrête pas là. Le pays prévoit d’investir 120 milliards de dollars d’ici 2030 pour ajouter 15,6 GW de capacité de production, dont 80% proviendront des énergies renouvelables. Parallèlement, des investissements majeurs sont prévus pour renforcer le réseau de transport d’électricité, multipliant par quatre les investissements dans les énergies renouvelables et par cinq ceux dans le réseau afin de soutenir cette croissance et garantir une distribution efficace de l’énergie.

Le deuxième levier, crucial pour la réussite de cette stratégie, est l’efficacité énergétique. Le secteur industriel, qui consomme environ 19% de l’énergie nationale, est au cœur des préoccupations. «Nous avons identifié un certain nombre de mesures qui permettront d’atteindre une économie au moins de 20% à l’horizon 2030. La mise en œuvre de ces mesures permettrait bien évidemment de réduire la consommation des entreprises nationales, et donc de renforcer leur compétitivité», note M.Ouhmed.

Le troisième levier concerne le développement d’applications spécifiques issues des énergies renouvelables. Au premier plan se trouve le développement de l’hydrogène vert, considéré comme un enjeu stratégique essentiel pour accélérer la décarbonation du secteur industriel à grande échelle. Selon M. Ouhmed, les études préliminaires ont montré que le secteur industriel est particulièrement propice pour une décarbonation massive via l’hydrogène vert. «Nous avons entamé une démarche collégiale qui a permis d’aboutir à une “Offre Maroc”», explique-t-il, soulignant que sont déjà identifiés et en phase de discussion avec les acteurs concernés.

Le quatrième levier n’est autre que le gaz naturel. Reconnu comme une source d’énergie flexible, il jouera un rôle important dans la transition énergétique, notamment pour assurer la stabilité du réseau et accompagner le développement des énergies renouvelables. Une feuille de route a été élaborée avec la participation de toutes les parties prenantes, et un appel à manifestation d’intérêt a été lancé récemment pour sa mise en œuvre, ciblant en priorité les zones industrielles de Kénitra et Mohammedia.

Le rôle central du cadre réglementaire

Selon les déclarations de Mohamed Ouhmed, le soutien aux entreprises dans le processus de transition énergétique repose en premier lieu sur l’établissement d’un cadre réglementaire adéquat. «Un travail législatif et réglementaire significatif a été mené ces deux dernières années et aujourd’hui, nous avons une loi qui est opérationnelle et qui permet aux entreprises industrielles d’accéder à une énergie de sources renouvelables», indique-t-il. Ce cadre offre aux industriels deux régimes principaux d’accès aux énergies renouvelables. Le premier est le marché libre, régi par la Loi 13-09, qui permet à un industriel d’être approvisionné par un autre producteur avec un droit d’accès au réseau. Le deuxième est le régime d’autoproduction, donnant à l’industriel le droit de construire sa propre installation et d’utiliser le réseau pour alimenter ses unités. Une mesure réglementaire jugée très importante est l’ouverture effective de la moyenne tension. «C’est une mesure réglementaire qui a permis et qui va permettre encore davantage aux entreprises d’être alimentées en énergies renouvelables. Nous avons déjà trois projets autorisés : un qui est opérationnel et deux qui sont en phase de développement», fait savoir M. Ouhmed. Le cadre réglementaire évolue aussi pour inclure le stockage, une composante essentielle des installations renouvelables. En effet, alors qu’auparavant le stockage était réservé exclusivement à l’opérateur système, il est désormais ouvert aux opérateurs privés, facilitant ainsi l’intégration des énergies intermittentes. De plus, pour garantir la traçabilité de l’énergie verte, les industriels peuvent désormais obtenir des «certificats d’origine» délivré par les pouvoirs publics, attestant que leur énergie provient de sources renouvelables.

L’amélioration de l’efficacité énergétique est, par la même occasion, encouragée. Les seuils imposant aux entreprises la réalisation d’audits énergétiques ont été revus à la baisse, incitant ainsi un plus grand nombre d’acteurs à optimiser leur consommation.

Le cadre réglementaire a également été enrichi par récemment par un nouveau texte concernant les sociétés de services énergétiques (ESCO). Selon M. Ouhmed, cette nouvelle réglementation revêt une importance capitale, car elle permet aux industriels de recourir à ces sociétés qui auront pour mission de concevoir, développer, exploiter, mais aussi financer les projets d’efficacité énergétique. e responsable évoque un autre projet de loi, actuellement en cours d’élaboration, visant à faciliter l’accès des industriels au gaz naturel, notamment dans les zones industrielles, renforçant ainsi leur compétitivité et leur transition énergétique.

Le financement, une «vraie question»

Le financement de la transition énergétique représente une «vraie question», selon le ministre de l’Industrie et du commerce, Ryad Mezzour. Il explique que le modèle financier existant, basé sur des énergies conventionnelles, n’est pas forcément adapté à la «nature du risque» du secteur des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique.

Cependant, des acteurs comme le Crédit Agricole du Maroc accompagnent déjà activement les projets liés à l’écologie et l’environnement, proposant des «financements adaptés à des conditions favorables» et même des «incentives et des subventions». Bien que l’agriculture représente 50% de son activité, celle-ci finance 85% du monde agricole et des entreprises rurales, précise Mohamed Fikrat, président du directoire de la banque. De plus, elle s’engage activement dans l’accompagnement et le conseil pour intégrer les questions de durabilité dès la conception des projets.

La transition au service de l’emploi et la formation au service de la transition

Le gouvernement marocain place de grands espoirs dans l’efficacité énergétique, un domaine prometteur pour la création d’emplois. C’est ce qu’a affirmé Younes Sekkouri, ministre de l’Inclusion économique, de la petite entreprise, de l’emploi et des compétences, dans une déclaration au journal «Matin». L’objectif : créer 400.000 postes d’ici 2030.

Le ministre a souligné l’importance stratégique de ce secteur, non seulement en termes de volume d’emplois, mais aussi en ce qui concerne la qualité et le sens qu’ils peuvent apporter à la jeune génération. «Nous sommes conscients que c’est un domaine qui est important de par le nombre d’emplois qu’il est appelé à créer. Mais l’enjeu pour ce secteur n’est pas tellement le nombre d’emplois qu’il crée, mais surtout la qualité de ces emplois et le sens de ces emplois par rapport à la jeune génération», souligne-t-il.

Cependant, un «vrai sujet d’échec» et un «déficit clair» résident, selon lui, dans l’adéquation entre les besoins du secteur et la capacité actuelle de formation. Malgré l’importance du dispositif en place, le nombre actuel de lauréats est «très très loin des 400.000 nécessaires», déplore le ministre. L’autre enjeu, selon M. Sekkouri, est de pouvoir offrir aux entreprises spécialisées un accompagnement dédié en matière de recrutement. À cet effet, le ministère prévoit, dans le cadre de sa Feuille de route dédiée à l’emploi, un plan dédié au secteur industriel, incluant des «budgets dédiés» et des «incentives» (primes à l’emploi, incitations fiscales, contrats d’apprentissage) encourager les entreprises à recruter et à former «des jeunes profils, avec ou sans expérience, avec ou sans compétences avérées».

En plus d’anticiper les besoins en ressources humaines, l’autre enjeu de taille aujourd’hui est de pouvoir offrir aux entreprises spécialisées un accompagnement dédié en matière de recrutement. «C’est ce que nous sommes en train de préparer dans la feuille de route gouvernementale dédiée à l’emploi, où il y a un plan dédié à l’industrie, mais aussi d’autres dédiés à l’énergie, au tourisme, au commerce… Et donc ce sont des incentives que nous donnons à ces entreprises-là pour pouvoir recruter de jeunes profils avec ou sans expérience, avec ou sans compétences avérées, mais nous avons aussi des budgets dédiés pour encourager nos entreprises à former les jeunes recrues à l’intérieur de l’entreprise et c’est un vecteur de transformation qui est important. Et le troisième sujet naturellement est celui de préparer en amont les ressources dans ces centres, dont je vous ai parlé. Donc l’enjeu pour ce secteur qui est créateur d’emploi n’est pas tellement le nombre d’emplois qu’il crée, mais surtout la qualité de ces emplois et le sens de ces emplois par rapport à la jeune génération».

À noter que plusieurs thématiques clés ont été abordées tout au long de la journée à travers différents panels et sessions interactives. Parmi les sujets traités figurent notamment les leviers de financement pour la décarbonation, le rôle des énergies renouvelables dans la compétitivité industrielle, la valorisation de l’hydrogène vert, ou encore les exigences de la réglementation carbone européenne (CBAM) et leur impact sur les chaînes de valeur marocaines.


2025-05-15 14:50:00

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