Stress hydrique/Barrages: Le taux de remplissage en amélioration
Le Maroc fait face depuis plusieurs années à une pression hydrologique croissante, exacerbée par sept années consécutives de sécheresse. Selon les déclarations du ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, lors d’une séance de questions orales à la Chambre des représentants le 27 octobre 2025, le taux de remplissage des barrages nationaux s’établit actuellement à environ 31,6%, contre 29% l’année précédente. Il s’agit d’une légère amélioration, mais insuffisante au regard des besoins croissants du pays. Le Maroc mise massivement sur la construction de barrages comme socle de sa résilience hydrique, comme le note la plateforme «MaaDialna.ma» créée par le ministère de l’Équipement et de l’Eau.
Face à une sécheresse prolongée et un taux de remplissage des barrages d’environ 31,6%, le Maroc déploie une stratégie hydrique proactive et diversifiée. Elle repose notamment sur la construction accélérée de grands, moyens et petits barrages, la désalinisation solaire, la réutilisation des eaux usées traitées et le projet d’« Autoroute hydrique». (Ph. Site maadialna)
■ Le pilier des barrages: Une infrastructure en pleine expansion
A ce jour, 14 grands barrages sont en cours de réalisation, auxquels s’ajoutent 2 barrages récemment achevés et déjà opérationnels. Parmi les nouveaux chantiers lancés en 2025 figurent plusieurs barrages: Tafra (province d’Al Hoceïma), Bouhamd, Dar Mimoun, Ali Tahilat (province de Chefchaouen), Bab Ouedra et le Relèvement du barrage de Bouhouda (province de Taounate). Parallèlement, 4 barrages de taille moyenne sont en construction: Tasawarkan (province d’Al Haouz), Messalit (province de Tata), Aïn Qasb (province de Benslimane) et Sidi Yacoub (province de Tiznit). Deux nouveaux barrages moyens ont également été programmés: Sidi Ammar (Khénifra) et Falete (Figuig).
■ «Petits barrages»
Le volet «petits barrages» (ou barrages collinaires) occupe une place stratégique dans la lutte contre l’érosion et la recharge des nappes phréatiques. Le gouvernement a programmé 155 barrages collinaires d’ici 2027, dont 50 sont déjà réalisés ou en cours, 13 sont prévus pour 2025–2026, et 92 supplémentaires sont planifiés jusqu’en 2027. Des projets spécifiques, comme le petit barrage de Foum Zguid ou l’étude pour le barrage de Smouken (commune de Tamanart), illustrent cette approche décentralisée et adaptée aux besoins locaux.
■ Diversification des sources:
Conscient des limites de la seule solution des barrages, le Maroc développe une approche multifacette. D’abord, la désalinisation de l’eau de mer. Destinée principalement aux villes côtières, cette technologie est intégrée dans une logique de transition énergétique, les usines fonctionnant à l’énergie solaire et éolienne. Puis, la réutilisation des eaux usées traitées. Une pratique en expansion, notamment pour l’irrigation agricole, qui permet de préserver les ressources en eau douce. Et enfin, l’«Autoroute hydrique»: projet phare visant à transférer l’eau des bassins excédentaires vers les régions déficitaires, renforçant ainsi la solidarité hydrique interrégionale. Ces initiatives s’inscrivent dans le Programme national d’approvisionnement en eau potable et en eau d’irrigation 2020–2027, doté d’un budget colossal de 143 milliards de dirhams. Ce programme prévoit la construction de 16 grands barrages, 4 barrages moyens et 92 petits barrages entre 2025 et 2027, en coordination interministérielle (Équipement, Intérieur, Économie et Finances).
■ Enjeux socio-économiques et territoriaux
La stratégie hydrique dépasse la simple gestion technique de la ressource. Elle vise des objectifs plus larges: accès universel à l’eau potable à 100% et couverture d’au moins 80% des besoins en eau d’irrigation. Ces cibles ne sont pas seulement quantitatives. Elles incarnent une politique de justice spatiale. En dotant les régions les plus vulnérables, notamment dans le Sud-Est (Tata, Figuig) et le Rif (Al Hoceïma, Chefchaouen), d’infrastructures hydriques modernes, l’Etat entend réduire les écarts de développement, attirer des investissements agricoles et industriels, et intégrer ces territoires dans la dynamique nationale. L’eau devient ainsi un vecteur de souveraineté économique, permettant de sécuriser les secteurs clés comme l’agroalimentaire, l’industrie et les services. A l’horizon 2030, le Maroc ambitionne de devenir une puissance régionale en matière de sécurité hydrique, capable de résister aux chocs climatiques tout en renforçant sa compétitivité.
Un modèle
Malgré les contraintes naturelles et la pression démographique, le Maroc démontre que la rareté de l’eau n’est pas une fatalité. Grâce à une vision anticipative, un investissement massif dans les infrastructures, et une intégration des technologies vertes, le Royaume trace la voie d’un modèle hydrique durable et inclusif. Ce modèle, ancré dans les orientations royales et porté par une gouvernance multisectorielle, pourrait servir de référence à d’autres pays africains confrontés aux mêmes défis. En transformant l’eau en outil de cohésion territoriale et de développement, le Maroc ne se contente pas de gérer une crise, il construit un avenir résilient.
Un contexte climatique structurellement instable
Cette situation s’inscrit dans un contexte climatique structurellement instable. Comme l’explique Houcine Youaabed, responsable de la Communication à la Direction générale de la météorologie, «la position géographique du Maroc, à l’interface des influences méditerranéennes et sahariennes, rend son climat naturellement variable. Ce phénomène est accentué par le réchauffement global, qui perturbe les régimes de précipitations». Ainsi, 53% des précipitations annuelles se concentrent sur seulement 7% du territoire national, créant des disparités régionales profondes en matière d’accès à l’eau. Face à ce défi, le Royaume a choisi de ne pas subir passivement la crise, mais de la transformer en levier de transformation structurelle. Sous l’impulsion des orientations royales, une stratégie nationale intégrée de l’eau a été mise en œuvre, visant à garantir la sécurité hydrique tout en réduisant les inégalités territoriales.
Fatim-Zahra TOHRY
L’article Stress hydrique/Barrages: Le taux de remplissage en amélioration est apparu en premier sur L'Economiste.
2025-10-29 18:10:51
www.leconomiste.com




