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Sécheresse : comment l'agriculture marocaine peut se réinventer grâce à la génétique (expert)

Mohamed Ali Marjane.

Le Matin : Quels sont, selon vous, les plus grands défis auxquels l’agriculture marocaine fait face aujourd’hui, en particulier en ce qui concerne la gestion de la sécheresse, et quelles réponses y apportez-vous ?

Mohamed Ali Marjane : Face à une sécheresse devenue structurelle, l’agriculture marocaine traverse une période critique. Ce secteur, pilier de l’économie nationale et source de revenus pour des millions de citoyens, est aujourd’hui mis à rude épreuve par la raréfaction des ressources en eau, les changements climatiques et les pratiques agricoles peu durables.

Le Maroc, pays à climat semi-aride, subit de plein fouet les effets du dérèglement climatique. Les épisodes de sécheresse se multiplient et s’intensifient, impactant directement les réserves d’eau. Les barrages affichent des taux de remplissage historiquement bas, et les nappes phréatiques sont sur-exploitées, parfois jusqu’à l’épuisement. À cela s’ajoute un système d’irrigation encore largement dépendant de méthodes traditionnelles, comme l’irrigation gravitaire, peu efficaces dans un contexte de stress hydrique. Certaines cultures, comme la pastèque et l’avocat, très consommatrices en eau, aggravent cette pression, notamment dans les régions les plus arides.

Face à cette situation, plusieurs pistes d’adaptation s’imposent. La modernisation des systèmes d’irrigation est une priorité. L’irrigation goutte-à-goutte, plus économe et plus ciblée, doit être généralisée avec l’appui de subventions publiques. Le recours à des techniques innovantes, comme les capteurs d’humidité et les systèmes d’irrigation intelligents, pourrait également permettre une gestion plus rationnelle de l’eau.

Un autre levier réside dans la diversification des cultures. Il devient urgent d’encourager des plantes plus résistantes à la sécheresse, comme l’olivier, le caroubier ou encore le cactus. Ces espèces sont mieux adaptées aux conditions climatiques locales et consomment moins d’eau.

La valorisation des eaux usées traitées pour l’irrigation, la recherche agronomique sur des semences adaptées au climat marocain, ainsi que la formation des agriculteurs aux pratiques durables, constituent également des axes stratégiques. Ces solutions ne peuvent porter leurs fruits que si elles sont soutenues par une volonté politique forte et une coordination efficace entre les différents acteurs du secteur.

La stratégie nationale «Génération Green 2020-2030» s’inscrit dans cette logique. Elle vise à renforcer la résilience de l’agriculture marocaine en modernisant les exploitations, en favorisant l’entrepreneuriat agricole et en plaçant l’agriculteur au cœur de la transition.

Face à une sécheresse qui s’installe durablement, l’agriculture marocaine n’a d’autre choix que de se réinventer. Le salut viendra d’une combinaison de technologies, de changements de pratiques et d’une meilleure gouvernance de l’eau. Il y a urgence à agir pour assurer la sécurité alimentaire du pays et préserver les moyens de subsistance de millions de Marocains.

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Avec la diversification de vos activités au-delà du maïs pour inclure le tournesol, le colza et la luzerne, comment intégrez-vous l’innovation des semences dans chaque culture pour mieux répondre aux défis climatiques, en particulier la sécheresse ?

Face aux défis climatiques croissants, notamment la sécheresse, l’agriculture marocaine se tourne vers des solutions innovantes pour renforcer la résilience de ses cultures. Maïsadour joue un rôle clé en proposant des semences adaptées aux conditions locales, intégrant des technologies de pointe pour améliorer la tolérance au stress hydrique.

Pour la luzerne, Maïsadour a développé la solution «Agrostart + Myco», un traitement appliqué aux semences qui améliore la résistance au stress, y compris la sécheresse, et assure un rendement plus élevé et plus stable sur quatre ans de culture. De plus, cette innovation contribue à une meilleure qualité du fourrage, essentielle pour l’alimentation animale. Concernant le tournesol, Maïsadour propose des semences traitées avec Agrostart, une solution biostimulante qui favorise un démarrage optimal de la culture, améliorant ainsi la tolérance au stress hydrique dès les premières phases de croissance.

En ce qui concerne le maïs, les variétés labellisées Waterlock de Maïsadour sont spécialement sélectionnées pour leur capacité supérieure à prospérer en cas de stress dû à la sécheresse, offrant ainsi une solution adaptée aux conditions climatiques arides. Ces innovations démontrent l’engagement de Maïsadour à fournir aux agriculteurs des solutions semencières performantes, contribuant à une agriculture plus durable et résiliente face aux aléas climatiques.

La question de l’agriculture régénérative est de plus en plus présente. Quelles semences améliorées proposez-vous spécifiquement pour cette approche, notamment en termes de résilience face aux épisodes de sécheresse ?

Dans le cadre de l’agriculture régénérative, qui vise à restaurer les sols et à renforcer la résilience des systèmes agricoles, Maïsadour propose des semences améliorées spécifiquement conçues pour faire face aux épisodes de sécheresse.

Maïs grain Waterlock : Cette gamme de variétés est développée pour offrir une résilience accrue face au stress hydrique. Les plantes dotées de la technologie Waterlock ont une meilleure capacité à reprendre une activité normale après une période de sécheresse, assurant ainsi une stabilité des rendements même en conditions climatiques difficiles.

Maïs ensilage Green+ : Conçues pour s’adapter aux conditions changeantes, les variétés Green+ permettent une récolte plus flexible et une meilleure conservation de la qualité nutritionnelle, même lorsque la fenêtre de récolte devient plus courte et imprévisible en raison du stress hydrique.

Ces innovations s’inscrivent dans une démarche d’agriculture régénérative, en contribuant à la durabilité des exploitations agricoles et à la préservation des ressources naturelles.

Quelles sont les tendances actuelles et futures que vous percevez dans l’industrie des semences ?

L’industrie des semences est en pleine mutation, portée par des enjeux climatiques, technologiques et économiques majeurs. La croissance démographique et la nécessité d’assurer la sécurité alimentaire mondiale stimulent la demande en semences performantes. Parallèlement, les défis environnementaux, tels que la raréfaction des ressources et le changement climatique, imposent une adaptation rapide du secteur. Les avancées en génétique végétale, notamment les semences hybrides et génétiquement modifiées, permettent d’améliorer les rendements, la résistance aux maladies et la tolérance aux stress abiotiques. Ces innovations sont essentielles pour répondre aux conditions climatiques de plus en plus imprévisibles.

Le segment des semences en général, et plus spécifiquement des semences fourragères, connaît une croissance notable, avec une demande accrue pour des variétés adaptées aux nouvelles pratiques agricoles. Cette tendance est renforcée par l’essor de l’agriculture régénérative, qui met l’accent sur la santé des sols et la durabilité. Les semenciers développent des variétés spécifiques pour ces systèmes, favorisant la biodiversité et la résilience des cultures. Par ailleurs, le marché du traitement des semences se développe rapidement, offrant des solutions pour protéger les semences contre les maladies et les ravageurs, tout en améliorant leur performance. Cette dynamique est soutenue par des investissements importants en recherche et développement, visant à proposer des produits plus efficaces et respectueux de l’environnement.

Enfin, le secteur connaît une concentration croissante, avec des fusions et acquisitions entre grandes entreprises. Cette consolidation vise à renforcer les capacités de recherche, à élargir les portefeuilles de produits et à répondre aux besoins diversifiés des agriculteurs.

En somme, l’industrie des semences évolue pour répondre aux défis contemporains, en intégrant des innovations technologiques, en s’adaptant aux nouvelles pratiques agricoles et en consolidant ses structures pour mieux servir les besoins mondiaux en matière de production agricole durable.

En tant qu’agronome, quels conseils donneriez-vous aux jeunes professionnels et étudiants intéressés par l’innovation dans le domaine des semences, en particulier pour développer des semences capables de lutter contre la sécheresse et d’autres stress climatiques ?

Dans un contexte où les défis climatiques s’intensifient, notamment la sécheresse, les jeunes professionnels et étudiants intéressés par l’innovation dans le domaine des semences ont un rôle crucial à jouer. Leur engagement peut contribuer à développer des variétés résilientes, adaptées aux conditions changeantes.

Une formation solide en sélection végétale est essentielle. Maîtriser les techniques classiques et modernes, telle que la sélection assistée par marqueurs, permet d’identifier et d’intégrer des traits de résistance au stress hydrique dès les premières étapes du développement des plantes.

Valoriser les semences traditionnelles représente, également, une voie prometteuse. Ces variétés, souvent adaptées localement, possèdent une richesse génétique précieuse pour développer des cultures résilientes face aux conditions climatiques changeantes. Collaborer avec des institutions de recherche, telles que l’INRA (Institut national de la recherche agronomique) et l’INRAE (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), offre des opportunités concrètes pour contribuer au développement de semences adaptées aux réalités locales.

Par ailleurs, s’engager dans des programmes de recherche appliquée et participer à des réseaux professionnels favorise l’échange de connaissances et le partage d’expériences.

En combinant formation, recherche et collaboration, les jeunes agronomes peuvent jouer un rôle clé dans la création de solutions innovantes pour une agriculture durable et résiliente face aux défis climatiques.


2025-04-25 17:58:00

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