Mostafa Terrab : la véritable richesse d’OCP et du Maroc, ce sont leurs femmes et leurs hommes
Mostafa Terrab :
Notre mission se résume par l’expression anglaise «Bring phosphorus to life». Elle a deux sens : assurer l’accès au phosphore, élément essentiel à la sécurité alimentaire mondiale, et donner toute sa valeur au phosphate marocain. Ce double engagement, local et international, reflète notre volonté d’optimiser cette ressource au service des agriculteurs et des populations. C’est une mission qui parle au pays : nous nous engageons à faire ce qu’on peut de mieux avec ces phosphates. De leur donner toute la vie qu’ils méritent.L’Afrique, c’est notre continent, notre chez nous
Vous êtes également très engagé pour l’Afrique et son agriculture. Quelle est votre vision ?
L’Afrique, ce n’est pas un marché extérieur : c’est notre continent, notre «chez-nous». Dans l’esprit impulsé par Sa Majesté le Roi Mohammed VI, nous agissons en Afrique comme nous le faisons au Maroc. C’est un regard africain sur l’Afrique ! L’état d’esprit avec lequel nous travaillons en Afrique c’est le «chez soi», comme l’avait si bien dit Sa Majesté lors de la réintégration du Maroc au sein de l’Union africaine : «Qu’il est beau le retour chez soi, dans sa famille». Notre mission prend tout son sens car l’Afrique est le continent qui consomme le moins d’engrais, bien en-deçà de ses besoins. Notre mission est d’accélérer le rattrapage agricole pour contribuer à la sécurité alimentaire africaine.
On ne peut pas avoir une industrie durable et compétitive sans investir dans le savoir et l’innovation
OCP a beaucoup investi dans l’éducation et la recherche. Pourquoi ?
C’est d’abord une conviction profonde: on ne peut pas avoir une industrie durable et compétitive sans investir massivement dans le savoir et l’innovation. Pour nous, l’éducation et la recherche ne sont pas un à-côté, mais un pilier stratégique au même titre que nos mines ou nos usines. L’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P) illustre cette vision. Elle joue un double rôle. D’abord, elle agit comme le bras armé de la recherche et développement du Groupe. Plus de la moitié de ses programmes sont directement liés à nos besoins industriels, agricoles ou environnementaux: nouvelles formules d’engrais adaptées aux sols africains, technologies de traitement de l’eau, procédés industriels à faible empreinte carbone, solutions numériques pour l’agriculture… C’est un véritable laboratoire d’innovation appliquée.
Ensuite, l’UM6P est un levier de formation et de développement des compétences. Nos transformations industrielles, qui s’opèrent par vagues successives, nécessitent un accompagnement constant du capital humain. Nous avons donc créé un environnement où ingénieurs, chercheurs, techniciens et managers peuvent se former en continu, se perfectionner et s’ouvrir aux nouvelles disciplines. Mais cette ambition dépasse largement les besoins internes d’OCP. Très rapidement, nous avons ouvert l’université à des étudiants marocains et africains venus de tous horizons, souvent boursiers, afin qu’elle devienne un catalyseur de talents pour l’ensemble du continent. C’est d’ailleurs une impulsion directe de Sa Majesté le Roi Mohammed VI : créer une université au service du Maroc et de l’Afrique, pas seulement d’OCP. Pour nous, investir dans l’éducation et la recherche, c’est préparer l’avenir : celui d’OCP, du Maroc et de l’Afrique. C’est aussi ancrer notre mission – «donner vie aux phosphates» – dans une dynamique qui repose sur la connaissance, l’innovation et le développement humain.
OCP n’est pas privatisable
Sur le plan financier, quel rôle jouent les banques marocaines dans vos levées de fonds ? Et quelles sont vos attentes ?
Lorsque nous avons lancé notre stratégie visant à pousser OCP vers l’aval de la chaîne de valeur, pour produire non seulement des engrais mais aussi d’autres dérivés à plus forte valeur ajoutée, nous savions que cela nécessiterait des investissements considérables. Nous avons ainsi engagé deux grandes vagues d’investissement. Certes, une partie de ces financements a été levée sur les marchés internationaux, mais une proportion significative provient du marché bancaire marocain. Et c’est là un choix stratégique : OCP n’étant pas privatisable, nous avons voulu mobiliser un financement solide via notre système bancaire. Je peux dire que nous avons eu la chance de disposer d’un marché bancaire national de haut niveau, capable de nous accompagner dans ces ambitions. Mieux encore, certaines banques marocaines ont souscrit à nos émissions internationales, un geste que je considère comme un acte de confiance et de patriotisme économique.
Ce soutien démontre que les banques marocaines croient en la solidité et la vision d’OCP. Il faut rappeler que, dès l’indépendance, le Maroc a fait le choix d’un système bancaire fort, plutôt que d’un marché de capitaux volatil. Ce choix, parfois critiqué, a prouvé toute sa pertinence : ce sont nos banques qui ont assuré la stabilité financière dont bénéficie l’économie marocaine, soutenues par une banque centrale dont la crédibilité est reconnue à l’international.
La «NYA» commence par la conviction que la sincérité de l’intention est une force, non une naïveté
Vous avez été le précurseur du concept de «Niya» bien avant qu’il ne soit popularisé par le coach des Lions de l’Atlas. Comment ce concept est-il vécu et appliqué au sein de la gouvernance d’OCP, dans la manière de penser et dans les relations avec vos collaborateurs, vos fournisseurs et vos clients ?
La «Niya» commence par la conviction que la sincérité de l’intention est une force, et non une naïveté comme on le croit parfois. C’est cet état d’esprit que nous cherchons à insuffler à nos collaborateurs, mais aussi à notre écosystème, qui est encore en construction. Nous opérons aujourd’hui une transition : passer d’un modèle basé sur des sous-traitants ou des prestataires à un véritable écosystème, porteur lui-même de solutions que nous ne pourrions pas développer en interne. Dans ce cadre, nous travaillons avec plusieurs partenaires pour mettre en place des mécanismes financiers innovants qui soutiendront cet écosystème. D’ici la fin de l’année, une grande conférence lui sera consacrée, avec la création de fonds d’investissement dédiés. La «Niya», c’est aussi croire que, lorsqu’on partage cette philosophie avec notre écosystème, on peut oser davantage et aller plus loin ensemble. Comme l’a joliment exprimé Walid Regragui : «Avec le soutien indéfectible des supporters et la Niya, le ballon pourrait heurter le poteau puis rentrer dans les filets. Dans le cas inverse, il pourrait buter sur le poteau et sortir. Parfois, la bonne foi est un facteur clé».
Je me souviens d’une expérience marquante, il y a près de vingt ans, lors de ma première visite à la mine de Khouribga. Un conducteur de bulldozer est venu me voir et m’a dit : « Monsieur, si vous suivez ceux qui ne parlent que de la richesse du gisement de phosphate, on ira droit à la catastrophe. Mais si vous comprenez que le véritable gisement, le plus précieux que nous ayons, ce sont nos ressources humaines, alors nous gagnerons tous.» Cette phrase m’a profondément marqué. Elle résume parfaitement notre vision : notre richesse la plus importante, ce sont les femmes et les hommes d’OCP.
Nous travaillons avec plusieurs partenaires pour mettre en place des mécanismes financiers innovants qui soutiendront l’écosystème OCP. D’ici la fin de l’année, une grande conférence lui sera consacrée, avec la création de fonds d’investissement dédiés.
Le Maroc co-organise la Coupe du monde 2030 de football. Quel rôle OCP peut-il jouer ?
Nous sommes depuis longtemps impliqués dans le sport, notamment en soutenant les clubs sportifs à Khouribga, El Jadida, Youssoufia, etc. Mais nous avons voulu professionnaliser cet engagement. C’est dans cet esprit que nous avons créé, au sein de l’Université Mohammed VI Polytechnique, la structure EVO Sport, en coordination avec la Fédération Royale marocaine de football (FRMF). L’ambition est de structurer durablement l’écosystème sportif marocain et de promouvoir une vision où le sport devient un levier de développement humain et socio-économique.
Notre objectif est aussi de professionnaliser la discipline en commençant par le socle essentiel, la formation des joueurs. Il y a un an, nous avons ainsi signé la création d’un fonds dédié à cette mission. Nous travaillons également sur la formation des encadrants, y compris les entraîneurs, car un football durable repose sur des compétences solides à tous les niveaux. Chaque année, nous apportons aussi notre soutien à l’équipe nationale, en partenariat avec d’autres institutions. Ce qu’OCP peut offrir de plus proche de son ADN, ce n’est pas la construction d’infrastructures comme des stades, mais l’investissement dans les ressources humaines et dans l’engagement collectif.
Quelles sont les réalisations qui vous rendent le plus fier ?
Sans hésitation, nos collaborateurs. Lorsque je suis arrivé à la tête d’OCP, la situation financière n’était pas simple et l’entreprise avait, de ce fait, cessé de recruter. Nous nous retrouvions avec une pyramide des âges inversée : près des deux tiers des collaborateurs avaient plus de 50 ans et allaient partir à la retraite dans un horizon proche. Il fallait réagir vite pour éviter un affaiblissement structurel de nos équipes. Durant les cinq premières années, nous avons donc lancé un vaste plan de recrutement, intégrant entre 5.000 et 6.000 jeunes talents. Ce rajeunissement massif a totalement transformé notre organisation : l’âge moyen est passé à 35 ans, insufflant une nouvelle énergie et un souffle d’innovation dans toute l’entreprise. C’est aussi à cette époque qu’a germé l’idée de créer l’Université Mohammed VI Polytechnique, afin d’accompagner et de former ces jeunes dans la durée.
Aujourd’hui, je suis fier de voir ce qu’ils ont accompli et ce qu’ils représentent pour OCP. Leur expertise, leur engagement et leur dynamisme font la fierté de notre groupe… et, je dois le dire, la jalousie de nombreux concurrents à travers le monde.
La création de l’UM6P est une nécessité stratégique pour OCP
Et à quoi ressemblera OCP en 2050 ?
Lorsque nous imaginons OCP à l’horizon 2050, nous nous projetons à travers la mission qui nous anime : donner au phosphate marocain la place qu’il mérite sur la scène mondiale. Avec près de 70% des réserves mondiales de la meilleure qualité, notre ambition est de faire d’OCP un véritable ambassadeur du Maroc, portant haut nos couleurs à travers la production d’engrais et la contribution à la sécurité alimentaire là où elle est nécessaire.
Mais cette vision s’accompagne d’une diversification stratégique. La création de l’Université Mohammed VI Polytechnique en est un exemple, tout comme notre engagement dans de nouveaux métiers indispensables à notre activité. Certains se demandent : pourquoi OCP est-il présent dans l’eau ? Tout simplement par nécessité. En période de sécheresse, nous avons été confrontés à des coupures d’alimentation en eau, ce qui nous a amenés à développer nos propres capacités de production, afin de ne pas puiser dans les ressources destinées aux autres usagers. Il en va de même pour l’énergie. OCP était souvent parmi les premiers à être délesté lors des périodes de tension sur le réseau électrique. Nous avons donc investi massivement pour garantir notre autonomie et assurer la fiabilité de notre production.
Cette diversification – dans l’enseignement, l’eau, l’énergie, mais aussi dans d’autres dérivés du phosphate – n’est pas un simple choix stratégique : c’est une nécessité pour sécuriser notre mission et donner vie à ce phosphate, au service du Maroc et du monde.
Un dernier mot ?
Le message le plus important est simple : la plus grande richesse du Maroc, ce sont ses femmes et ses hommes. Tout part du capital humain, et tout y revient.
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2025-09-08 08:56:00
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