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Microcrédit : Le financement des TPE gagne du terrain

Microcrédit : Le financement des TPE gagne du terrain
2024 aura été l’année d’une vraie reprise du microcrédit au Maroc. Une relance qui masque toutefois des disparités importantes entre les grandes et les petites Institutions de microfinance (IMF). Autre constat majeur, la montée en puissance du financement des très petites entreprises (TPE) qui représente désormais près de 21% de l’encours total du secteur, traduisant une évolution stratégique des IMF vers un portefeuille plus structuré et potentiellement plus rentable.

Selon les données dévoilées par Jaïda, le cofinanceur-expert de la microfinance, l’encours global du secteur a atteint 9,45 milliards de dirhams, en hausse de 9,3% sur un an, une progression nettement supérieure à celle observée entre 2020 et 2023. Cette croissance s’explique par l’augmentation des montants des prêts accordés et l’allongement de leur maturité. Elle est soutenue par des mécanismes publics comme ceux de Tamwilcom, qui apportent garanties et cofinancements ciblés, notamment au bénéfice des TPE. Cette orientation s’inscrit dans le prolongement des mesures prises par les autorités publiques notamment le décret d’application de la loi sur le microcrédit (adopté en 2019) portant sur l’augmentation du plafond des prêts octroyés par les institutions de microcrédit de 50.000 à 150.000 DH, facilitant l’accès des TPE à des financements plus conséquents et mieux adaptés à leurs besoins de développement et de formalisation.

Un rééquilibrage progressif du portefeuille

Rappelons que suite au choc de la crise sanitaire, le secteur a connu un ralentissement de la croissance des encours, qui n’ont progressé que de 5% entre 2020 et 2023, contre 7% entre 2018 et 2020, en dépit de l’assouplissement du cadre réglementaire. La production annuelle est restée stable autour de 7 milliards de dirhams (les nouveaux prêts octroyés par le secteur ont atteint également 7,2 milliards de DH en 2024). Ce contexte morose a été contrebalancé par un rééquilibrage de la structure des financements, au profit des TPE. Le financement de ce segment s’est accru, notamment grâce à l’introduction de garanties publiques et à la volonté des IMF de cibler une clientèle plus solvable. Parallèlement, le nombre de clients actifs a reculé, passant de 0,9 million en 2020 à 0,8 million en 2023, puis à 742.000 en 2024, illustrant une contraction progressive du portefeuille vers une base de clientèle plus restreinte, mais économiquement plus viable.

D’ailleurs, la qualité du portefeuille a continué de s’améliorer : les taux de PAR30 brut et net se sont établis respectivement à 6,23 et 4,76%, traduisant une stabilisation du risque et une gestion plus prudente des encours, dans un contexte encore marqué par des effets post-crise.

Concentration croissante du marché

Ce mouvement vers un portefeuille de prêts plus structurés profite surtout aux grandes IMF, qui captent à elles seules 94% de la dette sectorielle. Dotées d’une meilleure solidité financière et de capacités de refinancement accrues, elles dominent un marché désormais très concentré. Ce déséquilibre limite les marges de diversification pour les bailleurs de fonds et fragilise les IMF de taille moyenne ou petite. Ces dernières continuent de souffrir de coûts de refinancement élevés, d’une exposition accrue au risque et de fragilités structurelles persistantes. L’absence de perspectives claires de redressement freine l’engagement des partenaires financiers à leur égard.

Si la montée en puissance du financement des TPE illustre une professionnalisation du secteur, elle interroge la capacité du microcrédit à rester un outil d’inclusion financière de masse. Le recentrage actuel répond à des impératifs de rentabilité et de viabilité, mais pourrait, à terme, laisser de côté une partie du public historiquement visé par la microfinance : les personnes exclues du système bancaire classique.

«Dans ce contexte contrasté, la microfinance marocaine confirme son rôle structurant dans le financement inclusif, tout en nécessitant un accompagnement différencié selon la taille et la maturité des institutions. L’enjeu pour les années à venir sera de maintenir cette trajectoire de croissance tout en garantissant la viabilité et la diversification des acteurs du secteur», estime Jaïda.


2025-05-08 16:58:00

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