Maroc: les vérités du HCP sur la migration…
Le dernier Recensement Général de la Population et de l’Habitat révèle une rupture démographique : 148 152 résidents étrangers en 2024, contre 84 000 en 2014, soit +76,4% en dix ans. Le Maroc est devenu une destination migratoire majeure du continent, avec une recomposition spectaculaire des nationalités présentes. Près de 60% des étrangers sont originaires d’Afrique subsaharienne. À quelques jours de la grande messe du football africain, quelle analyse en faire ?
Le Maroc depuis des années s’inscrit dans une dynamique d’ouverture. Son économie ouverte sur le continent au travers de ses grandes entreprises est aussi depuis quelque temps un point d’attraction : celui d’un territoire d’accueil, de transit et d’installation pour des populations étrangères de plus en plus nombreuses et diversifiées. Les résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitat 2024, qui dénombre 148.152 résidents étrangers — en hausse de 76,4 % par rapport à 2014 — révèlent une recomposition profonde du paysage démographique marocain.
Ce tournant s’inscrit dans une dynamique régionale élargie, portée par la stabilité du Royaume, son repositionnement géoéconomique et son ascension en tant que hub éducatif, migratoire et économique entre l’Afrique, le Maghreb et l’Europe. Selon les données du HCP, près de 60% des étrangers sont désormais originaires d’Afrique subsaharienne — contre seulement 26,8% en 2014 — tandis que la part des Européens s’effondre de 40% à 20,3%. Dans les détails, deux nationalités dominent : Sénégal (18,4%) et Côte d’Ivoire (17,3%), représentant à elles seules plus d’un tiers de tous les étrangers recensés, devant les Français (13,8%).
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L’enquête révèle que les motifs migratoires sont massivement économiques (53,3% viennent pour le travail) ou familiaux (20,8%), et 95% s’installent en ville, principalement dans Casablanca-Settat (43,3%) et Rabat-Salé-Kénitra (19,2%). « À quelques mois de la grande messe du football africain, cette réalité prend une résonance particulière. La CAN 2025 n’est pas qu’un événement sportif : elle intervient au moment où le Maroc s’affirme comme carrefour continental, à la fois diplomatique, économique et démographique. Cette nouvelle carte migratoire raconte un Maroc qui s’ouvre autant qu’il rayonne, un Maroc où les dynamiques humaines s’alignent sur les ambitions sportives et géostratégiques du pays. L’accueil du plus grand événement africain trouve ainsi un écho dans ces chiffres », nous confie l’économiste ivoirien Samuel Mathey.
Que comprendre ?
Le premier enseignement du RGPH 2024 est sans équivoque : la migration vers le Maroc s’est recomposée autour de l’Afrique subsaharienne. Près de 60 % des résidents étrangers sont originaires de cette région, contre 27 % en 2014. Le Sénégal (18,4 %) et la Côte d’Ivoire (17,3 %) forment à eux deux le cœur battant de cette présence, reflétant les dynamiques historiques, culturelles et économiques qui relient ces pays au Royaume. Cette évolution confirme une montée en puissance des mobilités sud-sud, qui repositionne le Maroc comme un carrefour africain de circulation humaine. À l’inverse, les Européens — longtemps majoritaires — voient leur part reculer à 20,3 %, même si les Français demeurent un groupe structurant dans les milieux professionnels, académiques et économiques.
L’immigration au Maroc est également une immigration récente : plus d’un étranger sur deux est arrivé après 2021, illustrant l’attractivité renforcée du pays dans l’ère ou sa diplomatie africaine est dans une dynamique croissante. Et il faut dire que les motifs de cette migration confirment cette attractivité économique. Selon les chiffres du rapport, plus de 53 % des étrangers déclarent être venus pour travailler, dépassant largement les raisons familiales (20,8 %) ou éducatives (14 %).
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Côté concentration , Casablanca-Settat concentre 43,3 % de l’ensemble des résidents étrangers, en forte progression par rapport à 2014, tandis que Rabat-Salé-Kénitra, tout en demeurant un pôle diplomatique et universitaire, recule à 19,2 %. Marrakech-Safi et Souss-Massa émergent comme nouveaux foyers d’attraction, attirant une main-d’œuvre diversifiée et plus permanente. Au-delà des flux, les profils socio-économiques révèlent une population jeune, active et relativement instruite. Près de 80 % des étrangers ont entre 15 et 64 ans. Plus de la moitié sont actifs occupés, majoritairement salariés du secteur privé, et près de 39 % détiennent un diplôme de l’enseignement supérieur.
Casablanca, un pôle business comme Dubaï
À La Marina, à Casablanca Finance City, ou encore Sidi Maarouf et à Casanearshore, les plateformes destinées aux entreprises internationales se multiplient. Par exemple, en quelques années la place financière CFC a su capter de grands noms. En chiffres, dans son dernier rapport, la marque a développé une véritable communauté de plus de 200 entreprises, dont de grands noms internationaux dans les secteurs de la finance, du conseil, de l’assurance et des services aux entreprises. 115 pays couverts et un chiffre d’affaires de 14 MDH.
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Selon Zakaria Fahim, CEO de BDO, le rapport d’activité 2023 met en lumière une trajectoire ascendante consolidée par plusieurs éléments clés :
• Position de leader continental : Pour la 7e année consécutive, CFC est en tête du classement africain du Global Financial Centres Index (GFCI).
• Communauté d’affaires robuste : Plus de 200 entreprises membres issues de 50 pays d’Afrique sont implantées dans l’écosystème CFC, confirmant son attractivité régionale et son rôle de plateforme d’expansion vers l’Afrique subsaharienne.
• Partenariats internationaux : Une participation active aux grands rendez-vous mondiaux comme la COP28, l’adhésion aux Green Investment.
Il nous explique que « ce saut qualitatif ne repose pas uniquement sur le cadre incitatif, mais sur la création d’un véritable écosystème. En cultivant un environnement d’affaires stable, multilingue et tourné vers l’Afrique, CFC confirme qu’elle n’est plus une promesse, mais bien une interface crédible pour les capitaux internationaux. »
2025-12-11 17:05:23
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