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Logismed 2025: les professionnels dénoncent une gouvernance déconnectée du terrain

À l’occasion de la 12ᵉ édition du Salon international du transport et de la logistique pour l’Afrique et la Méditerranée (Logismed), un panel consacré à « Le challenge logistique de Casablanca » a permis de réunir institutionnels et opérateurs privés autour d’un constat sans concession sur l’état de la logistique dans la capitale économique du Maroc. Ce dialogue direct entre décideurs et praticiens a mis en lumière les dysfonctionnements structurels du secteur.

Logismed 2025 : Déploiement de 750 hectares de zones logistiques en cours (Abdessamad Kayouh)

Moncef Belkhayat, président de H&S Invest Holding, a dressé un tableau critique mais lucide du système logistique qui prévaut à Casablanca. Avec près de 50.000 points de vente, dont 80% appartiennent au commerce traditionnel, la ville repose encore largement sur des structures archaïques, notamment en matière de stockage et de distribution. Les entrepôts actuels, souvent vétustes et inadaptés aux normes sanitaires, posent de sérieux problèmes de traçabilité et de sécurité alimentaire. Face à cette situation, Belkhayat plaide pour une mise à niveau du système autour de trois axes : définition de normes claires, relocalisation des opérateurs dans des espaces modernes, et migration planifiée vers un modèle logistique efficient. Il préconise également des mécanismes de massification et de livraison nocturne, déjà expérimentés avec succès au Morocco Mall.

Mohammed Talal, PDG de La Voie Express, a, quant à lui, dénoncé avec un ton plus incisif le manque de coordination entre les autorités locales et les professionnels du secteur. « Il est crucial que la gouvernance locale arrête de travailler en vase clos. Les professionnels de la logistique, nous sommes sur le terrain tous les jours. Nous connaissons les flux, les contraintes, les besoins réels des clients. Prendre des décisions sans nous consulter, c’est ignorer la réalité opérationnelle et créer des blocages inutiles. », fait remarquer l’expert en logistique. Selon lui, la gouvernance urbaine souffre d’un fonctionnement en vase clos, ignorant l’expertise des acteurs de terrain. Il fustige notamment les décisions unilatérales telles que l’interdiction de circulation des poids lourds sans solution de rechange, qui entravent la distribution en ville. Il appelle à une gouvernance partagée, intégrant les réalités opérationnelles des logisticiens.

L’un des défis majeurs évoqués est l’implantation urbaine désorganisée des plateformes logistiques. Faute de foncier adapté en périphérie, de nombreuses entreprises continuent d’opérer depuis le centre-ville. Cette situation engendre congestion, pollution et inefficacité. Talal insiste sur la nécessité de développer des zones industrielles et logistiques modernes, pensées en coordination avec les ministères de l’Intérieur, de l’Industrie et du Commerce. Il soulève également la problématique du stockage informel dans les quartiers périphériques, souvent hors de tout contrôle fiscal, qui alimente une économie parallèle et échappe à toute régulation.

L’explosion du e-commerce et de la livraison à domicile ajoute une pression nouvelle sur les infrastructures. Le segment du « dernier kilomètre », en particulier via les motos de livraison, évolue en dehors de tout cadre réglementaire. Mal encadré, ce phénomène menace de reproduire les dérives de l’informel, avec des livreurs non déclarés et des pratiques opaques. Talal appelle à une régulation ferme, à l’instar de ce qui avait été tenté, sans succès durable, avec la loi 16-99 sur la libéralisation du transport de marchandises, ou la co-responsabilité des chargeurs introduite en 2010 puis abandonnée.

Modernisation logistique : 1 million de m² d’entrepôts lancés à Casablanca

Face à ces constats, des mesures concrètes sont engagées. Ghassane El Machrafi, Directeur Général de l’Agence Marocaine de Développement de la Logistique (AMDL), a annoncé le déploiement de près d’un million de mètres carrés d’entrepôts logistiques modernes en périphérie de Casablanca. Deux zones, situées au nord et au sud de la ville, s’étendront chacune sur 70 hectares. Ces plateformes, pensées pour la massification et la mutualisation, visent à désengorger la ville tout en maintenant un approvisionnement fluide, y compris pour le commerce traditionnel.

Dans la perspective d’événements mondiaux comme la Coupe du Monde 2030, Casablanca n’a d’autre choix que d’opérer une transformation en profondeur de son système logistique. Ce projet s’inscrit dans une stratégie nationale d’aménagement logistique, visant à équiper toutes les régions du Royaume. À Casablanca, il s’agit à la fois de structurer le stockage périphérique et d’organiser la distribution urbaine : entrepôts de proximité, consignes automatiques, livraison nocturne. L’objectif est d’adapter l’offre logistique à la complexité croissante des modes de consommation, dans un esprit de complémentarité entre périphérie logistique et centre-ville commercial.

Cette mutation, indispensable à la compétitivité et à la durabilité urbaine, ne pourra se faire qu’au prix d’une concertation élargie, d’une régulation rigoureuse et d’une planification ambitieuse, à la hauteur des enjeux économiques et sociaux de demain.


2025-05-14 15:10:00

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