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C’est un chiffre qui interpelle et résume, à lui seul, les fragilités structurelles de l’économie marocaine : 83% des entreprises y sont informelles, selon la Banque mondiale. Un niveau parmi les plus élevés de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Cette domination de l’économie parallèle, couplée à l’exclusion persistante des femmes du marché du travail, constitue l’un des principaux obstacles à la productivité, à l’inclusion et à la résilience économiques au Maroc, mais aussi dans toute la région MENA.

Dans son nouveau Rapport économique régionale, la Banque mondiale table sur une croissance modérée de 2,6% en 2025 et 3,7% en 2026 pour la région MENA, dans un contexte marqué par une forte incertitude liée à l’évolution rapide de l’environnement mondial, aux conflits persistants et aux chocs climatiques extrêmes. Cette prévision est largement attribuable aux performances limitées du secteur privé.

La croissance au Maroc devra atteindre 3,4% en 2025 et 3,3% en 2026

Le Maroc, souvent cité comme élève sérieux sur certains plans (infrastructures, stabilité macroéconomique, diversification exportatrice), n’échappe pas aux tendances régionales profondes. Après 3,2% en 2023, la croissance au Maroc devra atteindre 3,4% en 2025 et 3,3% en 2026, mais ces prévisions restent conditionnées à une amélioration climatique. Au Maroc, et dans toute la région MENA, les entreprises peuvent relancer la croissance, créer des emplois, améliorer les moyens de subsistance et servir de moteur à l’innovation dans l’économie. Mais le secteur privé n’est pas dynamique dans la région MENA : les entreprises sont informelles, peu productives et mal préparées à surmonter les chocs économiques, géopolitiques ou climatiques.

Depuis 2000, la croissance du PIB par habitant dans la région est inférieure à la médiane, déjà pas très élevée, des pays à revenu comparable. Cette faible croissance est imputable en grande partie à la mauvaise performance du secteur privé. De plus, avec une consommation par habitant qui ne représente que 19% du niveau de référence, la région est loin de la norme en matière de qualité de vie. La faible productivité globale des facteurs explique entre un tiers et la moitié de cet écart.

Ce que dit le premier rapport «Business Ready» de la Banque Mondiale sur le Maroc

Le Maroc brille pratiquement sur toute la ligne dans la première édition du Baromètre Business Ready, qui évalue le climat des affaires et l’investissement dans le monde. Ce nouvel indice que vient de dévoiler la Banque mondiale dans le cadre de son dernier rapport de suivi de l’économie nationale révèle des résultats encourageants pour le pays aussi bien en termes de son cadre réglementaire global que de ses services publics. Le Royaume surpasse ainsi les pays de niveau de revenu similaire en ce qui concerne l’évaluation des cadres réglementaires et des services publics, mais affiche des performances moins favorables en termes d’efficacité opérationnelle. Des contraintes à la pelle demeurent à résoudre notamment en matière d’emploi, de résolution des litiges et d’insolvabilité des entreprises. Le Baromètre qui remplace désormais le Doing Business abandonné en 2021 examine dix domaines clés couvrant l’ensemble du cycle de vie d’une entreprise, de la création à l’insolvabilité, en passant par l’accès aux services d’utilité publique, l’emploi, les services financiers, le commerce international, la fiscalité, le règlement des litiges et la concurrence du marché. Les détails.

La productivité du secteur privé en baisse

D’ailleurs, la croissance de la productivité du secteur privé déjà faible dans la région MENA recule davantage. Selon les dernières données disponibles tirées des enquêtes de la Banque mondiale auprès des entreprises axées sur les entreprises formelles, la croissance des ventes par travailleur a diminué en moyenne de 8%. Bien qu’elle varie considérablement d’un pays à l’autre, allant de -15% en Égypte à -1,2% au Maroc, la croissance des ventes par travailleur reste négative dans l’ensemble de la région. Pour stimuler la productivité, il est essentiel d’investir dans divers facteurs de production et dans l’innovation. Cependant, peu d’entreprises investissent ou innovent. En moyenne, environ 21,7% des entreprises de la région MENA investissent dans le capital physique (13,8% au Maroc), une proportion bien inférieure à celle de pays à revenu comparable. Environ 14,5% des entreprises de la région proposent des formations structurées (seulement 8,8% au Maroc), une forme d’investissement dans le capital humain, ce qui représente moins de la moitié de la moyenne dans les pays à revenu intermédiaire. «Des taux d’investissement faibles dans le capital physique et humain vont de pair avec de faibles taux d’innovation dans les produits et les procédés, de même que de faibles dépenses dans la recherche-développement», est-il détaillé.

Des constats mitigés

Selon la Banque mondiale, la disponibilité de données au niveau des entreprises sur plusieurs années au Maroc et en Tunisie permet une décomposition détaillée de la productivité, qui met en évidence des dynamiques divergentes. Au Maroc, les entreprises les plus productives ne se développent pas assez pour conquérir une part de marché plus importante. Cependant, l’accroissement de l’efficacité technique moyenne, qui signifie que les entreprises utilisent plus efficacement les facteurs de production, a contribué positivement à la croissance de la productivité du travail. En Tunisie, c’est tout le contraire. Les entreprises plus productives occupent une part plus importante du marché, bien que la faible efficacité technique ait nui à la croissance de la productivité du travail. Ces observations soulignent la nécessité de disposer de données de qualité sur les entreprises pour mieux comprendre le secteur privé.

En outre, deux caractéristiques des économies de la région MENA contribuent à la faible croissance de la productivité. Il s’agit de la segmentation de longue date entre le secteur formel et le secteur informel et l’exclusion des femmes de la population active. «Le secteur informel représente environ 10 à 30% de la production totale et 40 à 80% de l’emploi total. Environ 40% des entreprises au Liban, 50% en Jordanie et 83% au Maroc sont informelles, ce qui justifie la nécessité de comprendre les motivations des choix commerciaux opérés», indique le Rapport.

Par ailleurs, avec un taux de participation féminine de seulement 18%, la région détient le plus faible taux mondial, loin derrière la moyenne mondiale de 49%. Or, des études indiquent que la réduction des disparités entre les genres en matière d’emploi pourrait augmenter le revenu par habitant de 50% environ dans un pays typique de la région MENA.

Au Maroc, les données plus approfondies permettent de dégager d’autres constats. Le rapport note par exemple que les entreprises à forte croissance sont concentrées dans des secteurs peu qualifiés. L’accès au crédit et aux compétences est limité, même pour les entreprises les plus productives. Par ailleurs, la concurrence est faible, et les grandes entreprises établies jouissent de marges confortables, freinant l’entrée de nouveaux acteurs. En outre, le tissu entrepreneurial est dominé par de très petites structures (86% de l’emploi dans des entreprises de moins de 10 salariés), qui grandissent peu et restent peu productives. Enfin, le crédit reste concentré chez les grandes et anciennes entreprises, malgré la taille du marché financier marocain.

Les États devraient redéfinir leur rôle et leur engagement

Face à ce diagnostic, la Banque mondiale invite les États de la région MENA, y compris le Maroc, à repenser leur rôle dans l’économie. L’objectif : favoriser un environnement plus concurrentiel, plus équitable et mieux outillé pour accompagner les entreprises vers la croissance. Côté entreprises, deux leviers apparaissent décisifs : l’amélioration des pratiques de gestion, identifiée comme l’un des facteurs clés du rattrapage de productivité, et la mobilisation des talents féminins, aussi bien dans l’entrepreneuriat que dans les fonctions managériales. Car un secteur privé plus inclusif, plus compétitif et mieux soutenu pourrait devenir le véritable moteur d’une croissance durable et résiliente, tant au Maroc que dans l’ensemble de la région MENA.


2025-04-24 17:25:00

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