Le Maroc renforce les chaînes de valeur du safran, de l’arganier et du lichen de cèdre

Le Maroc, avec l’appui du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et du Fonds pour l’environnement mondial (FEM), lance un projet visant à structurer durablement les chaînes de valeur des ressources génétiques. Trois filières ont été retenues pour ce chantier : le safran, l’arganier et le lichen de cèdre. Ces produits, utilisés à la fois dans les secteurs cosmétique, pharmaceutique, nutraceutique et agroalimentaire, constituent des leviers importants de croissance économique et de développement rural.

L’objectif central est de mettre en place une chaîne d’approvisionnement durable, traçable et certifiable. Cela signifie un encadrement rigoureux de la collecte, de la transformation et de la commercialisation, afin d’assurer une exploitation responsable et bénéfique pour l’ensemble des acteurs. Les communautés rurales, en particulier les coopératives féminines et les petites structures locales, sont au cœur de ce projet puisqu’elles représentent un maillon essentiel de ces filières.

Ce chantier s’inscrit dans le cadre des efforts entrepris par le Maroc pour mettre en œuvre le Protocole de Nagoya. Adopté en 2010 à Nagoya (Japon), ce protocole de l’ONU encadre l’accès aux ressources génétiques et le partage équitable des avantages (APA). Il est entré en vigueur en 2014. Dans ce contexte, le Maroc a lancé le projet «Opérationnalisation du cadre national APA et pilotage des produits et des chaînes de valeur innovants dans le domaine des ressources génétiques (APA Nagoya II)», en collaboration avec le PNUD. Ce projet, financé par le FEM, revêt une importance cruciale en visant à soutenir la gestion durable des ressources génétiques et à générer des avantages économiques équitables et durables pour le développement rural et la conservation de la biodiversité. Le projet APA Nagoya II vise, entre autres, à structurer des chaînes de valeur durables pour trois ressources génétiques cibles : le safran, l’arganier et le lichen de cèdre, dans les régions de Souss-Massa et Drâa-Tafilalet. Ces ressources nécessitent un encadrement rigoureux pour garantir un accès conforme, une gestion durable, et un approvisionnement traçable et équitable.

À cet effet, le ministère du Développement durable, avec le soutien du PNUD et du FEM, vient de lancer une consultation visant à structurer les circuits de collecte, de transformation et de commercialisation de ces ressources, en collaboration avec les fournisseurs locaux (Collecteurs), les gestionnaires des ressources génétiques, les autorités territoriales et les utilisateurs industriels, tout en intégrant les principes de traçabilité, de certification environnementale, et de conservation participative.

La démarche prévoit plusieurs volets complémentaires. D’abord, un diagnostic complet des trois ressources pour identifier les acteurs (entreprises, coopératives féminines, industries…), les volumes, les circuits existants et les bénéfices générés. Ensuite, la mise en place de plans d’approvisionnement durable, définissant des critères techniques, écologiques et logistiques. Des ateliers régionaux de concertation réuniront collecteurs, coopératives, autorités locales et industriels pour renforcer la transparence et créer un cadre participatif.

Un autre axe important concerne le renforcement des capacités de fournisseurs locaux (Micro, petites et moyennes entreprises et collecteurs). Des sessions de formation et des guides pratiques seront proposés pour diffuser les bonnes pratiques de collecte durable, améliorer la qualité et garantir la traçabilité des produits. Parallèlement, des programmes de conservation participative permettront d’évaluer l’état des espèces et de leurs habitats, et de mettre en œuvre des plans d’utilisation durable.

Vers un label «APA Maroc»

Un des volets les plus novateurs est la préparation d’un label national «APA Maroc», qui viendrait certifier la durabilité des pratiques et offrir une meilleure visibilité commerciale aux produits concernés. Ce label vise à encourager les utilisateurs à respecter les dispositions APA ; valoriser les produits issus des chaînes de valeur équitables et durables et offrir aux communautés détentrices de connaissances traditionnelles une meilleure visibilité et des retombées économiques. Il permettrait notamment de se démarquer sur des marchés internationaux de plus en plus sensibles aux critères éthiques et environnementaux.

Ce projet combine ainsi économie, environnement et compétitivité commerciale, et renforce la position du Maroc dans la mise en œuvre du Protocole de Nagoya, avec un potentiel fort en matière de valorisation durable de ses ressources naturelles et d’exportation.