Le Maroc déploie la Charte TPE pour libérer le potentiel de 94% du tissu productif
Une charte opérationnelle, structurée autour de trois axes
Contrairement aux programmes ponctuels ou aux annonces génériques, cette charte établit un cadre précis, articulé autour de trois piliers : le financement, la notation et l’accompagnement.
Sur le premier axe, les banques et institutions de microfinance s’engagent à proposer des crédits adaptés aux besoins spécifiques des TPE. Cela inclut aussi bien le financement de fonctionnement que celui de l’investissement, quelle que soit la maturité de l’entreprise. Le parcours de demande de crédit sera entièrement digitalisé et simplifié, avec une politique tarifaire plus souple. Les garanties exigées tiendront compte des contraintes propres à ces structures souvent peu capitalisées.
Pour compléter cette offre, Tamwilcom proposera des mécanismes de garantie mieux calibrés, fluides et accessibles. Bank Al-Maghrib a, de son côté, déjà mis en place un dispositif de refinancement dédié à ces entreprises à un taux préférentiel, dès mars 2025, confirmant l’engagement de la banque centrale à soutenir la petite entreprise comme acteur économique à part entière.
Un nouveau système de notation pour réduire l’asymétrie d’information
La Charte prévoit aussi, à partir de 2026, la mise en place d’un système national de scoring pour les TPE, basé sur des données alternatives (comme la régularité de paiements, l’activité commerciale, etc.). Cette approche vise à corriger le biais d’analyse souvent subi par les petites structures en raison de leur manque d’historique bancaire. En parallèle, les banques et les IMF devront mettre à jour leurs outils de notation interne, en intégrant l’intelligence artificielle pour mieux évaluer les risques et ouvrir l’accès au crédit.
Ce système permettra aussi d’identifier plus justement les profils à fort potentiel qui sont aujourd’hui écartés des circuits classiques, souvent à tort.
L’accompagnement : du pré-création à la restructuration
La nouveauté de cette charte réside également dans la volonté d’assurer un accompagnement à 360°. Les TPE seront suivies depuis la phase de pré-création jusqu’à celle de post-création, en passant par les situations de restructuration ou de difficulté. Les banques, la CGEM, Maroc PME, les CRI et la Fondation Marocaine pour l’Education Financière (FMEF) vont mutualiser leurs efforts pour proposer des services pratiques : formations techniques, appui managérial, accompagnement numérique, information financière, etc.
La CGEM a aussi pris l’engagement d’intégrer des clauses favorables aux TPE dans les marchés publics et privés, et de promouvoir une culture de paiement plus équitable. Bank Al-Maghrib, via ses bureaux régionaux, offrira aux TPE un accès à l’information économique et facilitera le traitement de leurs réclamations.
De son côté, la FMEF renforcera les programmes d’éducation financière, formera des conseillers dédiés et proposera un kit pédagogique spécialement conçu pour les dirigeants de TPE.
Gouvernance et coordination : le Comité TPE en ligne de mire
La charte prévoit la création d’un Comité TPE chargé du suivi des engagements, de la coordination des campagnes de communication et de l’évaluation des résultats. Ce comité jouera un rôle clé dans l’ajustement des mesures, en s’appuyant sur des retours de terrain et des indicateurs précis.
Les parties signataires s’engagent aussi à déployer des campagnes de sensibilisation dans toutes les régions du Royaume pour assurer l’inclusion effective des entreprises, notamment celles éloignées des grands centres.
Une réponse pragmatique à un enjeu national
En agissant simultanément sur l’accès au financement, la sécurisation des prêts, l’accompagnement et la gouvernance, cette charte constitue une avancée majeure. Elle répond à un triple impératif : renforcer la productivité du tissu économique national, réduire les inégalités territoriales et offrir aux Marocains des opportunités de développement plus équitables.
Reste désormais à s’assurer que les promesses se traduisent en guichets accessibles, en délais respectés et en effets concrets sur le terrain. À terme, c’est la soutenabilité de milliers d’emplois, l’émergence d’une nouvelle génération d’entrepreneurs et l’ancrage d’un modèle économique plus inclusif qui se jouent. La charte est signée. Il reste à l’appliquer avec la rigueur, la transparence et l’engagement qu’elle exige.
2025-12-05 09:00:00
lematin.ma



