Le Maroc, allié stratégique de Renault Group dans sa reconquête industrielle mondiale
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En visite officielle au Maroc, sa première à l’étranger depuis sa nomination, François Provost, Directeur général de Renault Group, a scellé une nouvelle étape du partenariat stratégique entre le Royaume et le constructeur français. Aux côtés du Chef du gouvernement Aziz Akhannouch, le dirigeant a annoncé une série d’engagements ambitieux : renouvellement des gammes Dacia, électrification progressive, création d’un centre d’ingénierie de pointe et montée en puissance de l’écosystème industriel marocain. Renault confirme ainsi, le rôle clé du Maroc dans sa stratégie mondiale de production et d’innovation.
Présidée par le Chef du gouvernement Aziz Akhannouch, la cérémonie a réuni Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, Katrin Adt, Directrice générale de la marque Dacia, et Mohamed Bachiri, Directeur général de Renault Group Maroc. L’événement a officialisé le renforcement des engagements mutuels entre l’État marocain et Renault Group. «Ce déplacement au Maroc est hautement symbolique. Il s’inscrit dans une trajectoire entamée dès 2021 et confirme le rôle central du Royaume dans notre stratégie industrielle mondiale », a déclaré François Provost lors d’une table ronde avec la presse. À travers ces nouveaux accords, Renault Group Maroc engage une nouvelle phase de développement industriel, marquée par le renouvellement de ses modèles emblématiques (Dacia Sandero, Sandero Stepway, Logan et Jogger) et l’introduction de nouvelles versions électrifiées. Le Sandero Stepway bénéficiera ainsi pour la première fois d’un moteur hybride, dont le lancement est prévu en Europe au quatrième trimestre 2026.
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À moyen terme, le hub marocain du groupe accueillera une nouvelle gamme Dacia électrifiée, soutenue par une plateforme inédite d’ici 2030. Ce virage s’accompagne d’une amélioration de l’outil industriel et d’une montée en compétence des équipes locales. « Le Maroc est un partenaire agile, compétitif et fiable. Nous avons confiance dans la performance et la flexibilité de sa base industrielle», a affirmé François Provost.
L’écosystème Maroc en expansion
Lors de sa visite à l’usine de Tanger, François Provost a salué les performances du site ainsi que celles de la Somaca à Casablanca. Ensemble, ces deux unités industrielles ambitionnent d’atteindre une production cumulée de 400 000 véhicules d’ici fin 2025, représentant près de 18 % du volume mondial de Renault Group. Avec 40 % de part de marché local, le Maroc s’impose désormais comme le 8ème marché mondial de Renault en volume de vente. Selon Mohamed Bachiri, le taux d’intégration locale atteint 65,5 % (hors mécanique) et devrait franchir le cap des 80 % d’ici 2030. À ce jour, le groupe compte 87 fournisseurs de rang 1, un chiffre qui devrait progresser d’ici la fin de la décennie. Les pièces produites localement génèrent un chiffre d’affaires annuel de 2,5 milliards d’euros, dont plus de la moitié est exportée vers les usines du groupe en Europe.

Le Maroc, un hub technologique en devenir
Renault Group a également officialisé la création de Renault Technologie Maroc (RTMA), un centre d’ingénierie et de R&D dédié aux futurs véhicules du groupe, basé à Tétouan Offshore et à Tanger. «Ce centre sera piloté par des équipes marocaines et intégrera 20 nouvelles technologies dans les prochaines années », a précisé M. Provost. Objectif : atteindre un taux de localisation de 91 % et renforcer la recherche dans des domaines clés comme l’intelligence artificielle, l’électronique embarquée, les batteries et le recyclage. Rappelons que depuis 2011, Renault a déjà réalisé plus de 3 millions d’heures de formation, dont un tiers dédié à l’écosystème local. Un partenariat avec le ministère de l’Enseignement supérieur a même donné naissance à un master en ingénierie automobile pour anticiper les besoins en compétences. A noter que le centre RTMA, associé aux différents projets annoncés dans le cadre de l’écosystème Renault au Maroc, devrait permettre la création d’environ 7 500 emplois directs et indirects à l’horizon 2030.
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François Provost a enfin souligné les atouts du Maroc en matière d’énergie décarbonée, un avantage majeur pour accompagner la transition vers une mobilité plus propre. Tout en réaffirmant l’engagement de Renault dans l’électrification, il a plaidé pour une approche «réaliste et adaptée» : «Une électrification trop rapide risquerait de rendre les voitures inaccessibles. L’hybride reste aujourd’hui une solution moderne, efficace et réaliste pour accompagner la transition». Renault confirme ainsi sa confiance dans le modèle industriel marocain et son ambition : faire du Royaume un acteur incontournable de la transformation automobile mondiale.

Quid du futur plan stratégique de Renault Group ?
Attendu pour mars prochain, le nouveau plan stratégique de Renault Group marquera une étape clé dans la transformation du constructeur. Au cœur de cette feuille de route : le renouvellement des gammes avec une nouvelle génération de véhicules hybrides et multi-énergies, alliant efficacité énergétique, maîtrise des coûts et accessibilité.
« Le produit reste notre priorité absolue. Nous voulons ouvrir un second cycle de succès fondé sur l’innovation et un investissement massif en R&D », a déclaré François Provost, Directeur général de Renault Group. Il a souligné la volonté du groupe d’inscrire sa croissance dans une logique d’amélioration continue, tant sur le plan industriel que commercial.
« Notre objectif est clair : renforcer la compétitivité du groupe tout en répondant pleinement aux attentes des clients, avec des véhicules fiables, bien conçus et mieux accompagnés », a-t-il conclu.
Électrification : François Provost prône une approche réaliste face à 2035
Lors de son échange avec la presse marocaine, François Provost, Directeur général de Renault Group, a tenu un discours mesuré sur les politiques européennes de mobilité propre. Tout en réaffirmant l’engagement du groupe dans la transition énergétique, il a mis en garde contre les dérives d’une électrification « imposée à marche forcée ».
« Une électrification trop rapide, sans tenir compte des réalités économiques et sociales, risque de rendre la voiture inaccessible pour une large part des Européens », a-t-il averti. Selon lui, la multiplication des normes et contraintes réglementaires entraîne une hausse des coûts, ralentissant le renouvellement du parc automobile et favorisant son vieillissement, un paradoxe pour la décarbonation.
François Provost a également alerté sur les conséquences industrielles de cette politique : « nous assistons à une perte de compétitivité de l’industrie automobile européenne, avec des chaînes de valeur fragilisées et des emplois menacés ». Il plaide donc pour un changement de paradigme : partir du client, de ses besoins réels, afin de construire un cadre réglementaire qui favorise des véhicules abordables, notamment des modèles compacts produits en Europe.
Saluant la récente prise de position d’Ursula von der Leyen en faveur d’un soutien accru à la production de petites voitures accessibles, il y voit une priorité pour préserver l’ADN industriel du continent. Pour Renault, cela passe par une innovation continue dans l’hybride et l’électrique, tout en maintenant des prix compétitifs. « L’hybride est une solution moderne, efficace et réaliste pour accompagner la transition, surtout dans les marchés où l’électrique pur n’est pas encore mature», a-t-il conclu.
2025-11-01 11:14:28
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