L’amnistie fiscale de 2024 a réduit la croissance du cash en circulation au Maroc

L’effet de l’amnistie fiscale de 2024 a été visible surtout en fin d’année. Les contribuables ont massivement afflué vers les guichets bancaires pour régulariser leurs avoirs liquides. Les versements ont atteint près de 37 milliards de dirhams, avec un pic d’activité enregistré lors du week-end des 28 et 29 décembre, un phénomène inhabituel selon Bank Al-Maghrib.

Les Centres Privés de Tri (CPT), en charge du traitement de la monnaie fiduciaire, ont vu leurs stocks exploser, atteignant 13,5 milliards de dirhams au 31 décembre, contre des niveaux habituellement proches de 3 milliards. Cette dynamique s’est concentrée dans la région de Casablanca-Settat, qui a représenté 35% des stocks des CPT à fin 2024, contre 26% en temps normal. À l’inverse, la région de Marrakech-Safi a vu sa part chuter à 11%, bien en deçà de sa moyenne habituelle de 23%.

Sur l’ensemble de l’année, l’encours de la monnaie fiduciaire a atteint 444 milliards de dirhams, soit une hausse de 8%, en ralentissement par rapport aux progressions de 11% en 2023 et 10% en 2022. En volume, cela représente 2,9 milliards de billets et 3,3 milliards de pièces, soit une croissance annuelle respective de 8% et 3%.

Le cash en circulation représente 29% du PIB

Malgré ce ralentissement, le ratio de la circulation fiduciaire par rapport au PIB a poursuivi sa hausse, atteignant 29% en 2024 contre 28% en 2023 et 22% avant la pandémie. Ce niveau traduit la persistance d’un usage important du cash dans l’économie marocaine.

L’évolution infra-annuelle montre une demande de cash en léger recul sur les cinq premiers mois de l’année, avec des retraits nets de 14,7 milliards de dirhams contre 15,3 milliards un an plus tôt. Durant l’été, la dynamique s’est redressée, notamment sous l’effet des dépenses liées à l’Aïd Al-Adha et à la saison touristique.

En décembre, la tendance s’est inversée. Contrairement à la tradition des sorties nettes en fin d’année, les versements ont bondi à 20,6 milliards de dirhams (contre 13,8 milliards en 2023), tandis que les sorties ont reculé à 18,4 milliards (contre 19,6 milliards), traduisant l’impact direct de l’amnistie.

Seulement 636.000 DH de faux billets saisis

Bank Al-Maghrib et les CPT ont livré 4,1 milliards de billets au secteur bancaire en 2024, en hausse de 9% sur un an. Cette progression s’explique par une amélioration du taux de recyclage, qui a atteint 11% contre 7% en 2023. Près de 89% des billets recyclés ont été traités par les CPT. Concernant la monnaie métallique, 283 millions de pièces ont été livrées, soit une baisse de 15% par rapport à 2023. Les CPT en ont assuré 65%, contre 35% pour Bank Al-Maghrib.

Le nombre de faux billets détectés a chuté à 4.495 unités en 2024, représentant une valeur de 635.910 dirhams, contre 6.290 billets pour 836.650 dirhams en 2023. Le taux de faux-monnayage s’établit désormais à 1,5 billet pour un million en circulation, poursuivant la baisse amorcée depuis 2018 (5,3 billets par million).