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L’Afrique cherche 190 milliards de dollars par an pour combler son déficit climatique

L’Afrique cherche 190 milliards de dollars par an pour combler son déficit climatique

L’Afrique cherche 190 milliards de dollars par an pour combler son déficit climatique

L’Afrique, bien que responsable de moins de 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, figure parmi les régions les plus exposées aux effets du changement climatique. Ce déséquilibre structurel est aggravé par une capacité d’adaptation limitée, des ressources financières insuffisantes et une faible attractivité des projets pour les investisseurs internationaux. Alors que le continent possède un potentiel considérable en ressources naturelles, en énergie renouvelable et en capital humain, il peine à mobiliser les financements nécessaires à une transition juste et résiliente.

Ce sont là les principaux constats du Rapport intitulé «Catalyzing Africa’s Sustainable Transition: Insights to Impact a Climate-Resilient Future», dévoilé le 30 mai 2025 par Casablanca Finance City (CFC) et Oxford Economics Africa lors d’une conférence organisée à Casablanca.

Cette dixième édition de la série «Africa Insights» propose une analyse approfondie des freins, des leviers et des opportunités pour accélérer la transition durable du continent.

Le continent affiche un déficit immense

Avec 190 milliards de dollars de besoins annuels en financement climatique d’ici à 2030, contre seulement 52,1 milliards reçus en 2022, soit 3,3% des flux mondiaux, le continent affiche un écart immense. Ce déficit est d’autant plus critique que l’essentiel des financements actuels provient du secteur public (82%, dont 43% des banques multilatérales de développement), alors que le secteur privé ne contribue qu’à 18,2%. Dans le même temps, des secteurs clés comme l’adaptation n’absorbent que 32% des financements, bien en deçà des besoins urgents. Le recours à des subventions, des prêts concessionnels ou à faible taux reste la norme, illustrant la dépendance structurelle à l’aide extérieure.

Cinq secteurs stratégiques

Le Rapport, qui a été présenté par Deon Fourie, économiste principal chez Oxford Economics Africa, insiste sur cinq secteurs stratégiques à fort potentiel de transformation pour une croissance verte et inclusive en Afrique.

Le premier est celui des énergies renouvelables, un pilier central pour sortir de la précarité énergétique, alors que 600 millions de personnes ne sont toujours pas raccordés à l’électricité et que le continent doit installer 300 GW (gigawatts) de capacités d’ici 2030.

Deuxième domaine : l’économie bleue (pêche, aquaculture, énergie marine, tourisme côtier) dont le potentiel africain reste largement sous-exploité. Ce secteur contribue déjà à 300 milliards de dollars au PIB africain et emploie près de 50 millions de personnes, mais offre une perspective de croissance jusqu’à 1.000 milliards de dollars.

Vient ensuite l’agriculture intelligente, vitale pour une région où 95% des terres cultivées dépendent des précipitations alors qu’elle détient 25% des terres arables mondiales. Les infrastructures résilientes représentent également une priorité urgente, car 13 des 20 plus grandes mégapoles mondiales seront africaines d’ici 2.100.

Enfin, le Rapport souligne la valeur stratégique des minéraux critiques, dont l’Afrique détient 30% des réserves mondiales pour des ressources clés comme le cobalt, le lithium ou le manganèse.

Pour financer cette transition, le Rapport propose de recourir à des instruments innovants tels que la finance mixte (blended finance), les obligations vertes, sociales ou durables, les échanges dette-nature, ou encore le développement de marchés volontaires du carbone. L’Afrique représente déjà 10% du marché mondial du crédit carbone. Néanmoins, sa part mondiale pourrait atteindre 25% d’ici 2030, soit 7 milliards de dollars, à condition de structurer des systèmes de suivi et de vérification robustes.

Un rôle clé pour les centres financiers internationaux

Dans ce contexte, les centres financiers internationaux sont appelés à jouer un rôle clé. Le Rapport insiste sur leur fonction de catalyseurs de capitaux et d’expertise. Casablanca Finance City (CFC) incarne cette dynamique, a déclaré Lamia Merzouki, directrice générale adjointe de CFC. D’ailleurs, en octobre 2024, CFC a signé avec la Caisse de Dépôt et de Gestion (CDG) un protocole d’accord pour la création d’un marché régional volontaire du carbone, aligné avec la stratégie nationale bas carbone du Maroc et l’Accord de Paris. Par ailleurs, CFC promeut un environnement réglementaire favorable aux investisseurs responsables, des standards ESG adaptés aux réalités africaines, des échanges et des partenariats structurants via son réseau international ainsi que actions de renforcement des capacités «L’Afrique peut devenir l’usine du monde, en termes de développement durable et vert. Pour y arriver, il faudra mobiliser tout l’écosystème concerné et assurer les conditions nécessaires permettant notamment d’attirer les investisseurs, les financeurs et les talents. À ce titre, les places financières internationales ont un rôle à jouer comme passerelles entre les marchés et les territoires», a souligné Lamia Merzouki, devant des experts de haut niveau issus des secteurs privé et public.

Outre CFC, le Rapport met également en avant le rôle pionnier du Maroc en matière de transition écologique et de promotion de la coopération interafricaine. Le complexe solaire Noor Ouarzazate, cité comme exemple emblématique, est la plus grande centrale solaire à concentration au monde, avec une capacité installée de 580 MW (mégawatts). Ce projet, cofinancé à hauteur de 2,5 milliards de dollars par la Banque africaine de développement, la Banque mondiale et des banques européennes, fournit de l’électricité propre à environ un million de foyers marocains. Il illustre comment une combinaison de financement international, de volonté politique nationale et de partenariat public-privé peut faire émerger des infrastructures sobres en carbone à grande échelle.

Par ailleurs, le Maroc figure parmi les pays africains les moins vulnérables au changement climatique, selon l’indice ND-GAIN. Avec un score de 0,37 en 2022, il confirme son positionnement comme acteur relativement résilient dans la région nord-africaine.

Pour Ouafae Bouchouata, Chef de l’unité climat au ministère de la Transition énergétique et du développement durable, le Maroc a amorcé sa politique climatique dès les années 1990. Particulièrement, depuis le Sommet de la terre de Rio, les questions de l’environnement et du climat sont devenues parmi les priorités du Royaume.

L’engagement du Maroc en faveur de l’Afrique est, également, porté par une politique de très haut niveau, comme l’a démontré la tenue du premier Sommet africain de l’action en faveur d’une co-émergence continentale, organisé à l’Initiative Royale en marge de la COP 22 à Marrakech, au cours duquel a été annoncée la création de trois commissions climatiques dédiées pour conduire une politique continentale de développement durable.

Dix recommandations d’action

Pour que toutes ces avancées soient généralisées à l’échelle du continent, le Rapport formule dix recommandations d’action, à l’attention des acteurs privés et institutionnels. Il appelle à favoriser les investissements privés et les partenariats public-privé, renforcer la préparation et la visibilité des projets et mobiliser davantage de financements à des conditions avantageuses. Il préconise aussi de soutenir le développement des marchés carbone, mobiliser la diaspora, combler les lacunes de données, et promouvoir la formation et le transfert technologique. Il plaide également pour l’implication active des centres financiers internationaux dans la structuration et le financement de projets verts à fort impact.

Avec cette nouvelle édition du Rapport «Africa Insights», CFC et Oxford Economics Africa entendent fournir une feuille de route concrète pour transformer les défis climatiques du continent en opportunités économiques durables. À quelques mois de la COP 30, le message est clair : l’Afrique est prête à assumer un rôle majeur dans les efforts climatiques mondiaux, à condition de pouvoir compter sur une mobilisation rapide, massive et coordonnée des capitaux et des compétences. n


2025-06-01 17:03:00

lematin.ma

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