Par Chaima Aberni

Installées en tête de file, les coopératives féminines, issues des différentes régions du Royaume, proposent une palette diversifiée de produits allant des huiles essentielles aux crèmes à base de figue de barbarie, en passant par les savons noirs, les gommages traditionnels et les brumes parfumées.

Sur le stand de la coopérative Tourtatine d’Agadir, l’engouement des visiteurs est palpable. La gamme variée de cosmétiques naturels attire l’attention.

Huiles d’argan aromatisées au jasmin ou à la fleur d’oranger, gommages au Nila ou à l’Aker fassi, soins pour le visage, les cheveux ou le corps… le stand séduit par la richesse de son offre et le raffinement de ses emballages. Chaque produit est présenté dans des emballages raffinés, soulignant l’attention portée à la qualité et à l’esthétique.

«Nous mettons un accent particulier sur l’authenticité de nos produits, tout en veillant à leur dimension sensorielle», confie à la «MAP» une représentante de la coopérative, mettant en avant l’originalité et l’innovation de l’offre. Certifiée ISO pour son huile d’argan, la coopérative s’est imposée sur plusieurs marchés internationaux, notamment en Chine, au Canada, en Arabie Saoudite et à Dubaï.

«Des salons tels que le SIAM constituent une occasion précieuse pour établir des contacts, y compris avec des marques internationales. Toutefois, sur le terrain, de nombreux défis demeurent : l’emballage, la logistique, la certification… Nous disposons de l’expertise nécessaire, mais il nous manque un accompagnement véritablement structuré pour franchir un cap et développer nos activités à une échelle plus large», explique-t-elle.

Forte de partenariats avec des hôtels et des spas, la coopérative voit dans cet engouement une reconnaissance de son savoir-faire artisanal. Le SIAM se veut, à ses yeux, une vitrine stratégique pour renforcer sa visibilité, attirer de nouveaux clients à fort potentiel et initier des collaborations durables avec des acteurs nationaux et internationaux.

Juste à quelques stands de là, la coopérative Ouzlim Bio, implantée dans la région de Souss-Massa, se distingue par son modèle entièrement féminin. «Nous regroupons aujourd’hui entre 30 et 35 femmes, unies par la volonté de valoriser l’huile d’argan. Depuis notre création en 2014 à Tazount (Ida Outanane), nous avons développé une gamme de produits cosmétiques entièrement naturels, allant des huiles pures aux soins capillaires et corporels», raconte Hanane Aboukal, présidente de la coopérative.

Grâce aux certifications biologiques, notamment le label Bio obtenu en 2021, poursuit-elle, la coopérative a réussi à accéder à des marchés internationaux et à établir des partenariats solides. Ancrée dans ses racines et portée par l’engagement des femmes rurales, Ouzlim Bio incarne une dynamique de production solidaire, durable et résolument tournée vers l’international. Le SIAM, pour elle, est bien plus qu’une simple exposition : c’est une scène privilégiée pour tisser des liens, faire rayonner son savoir-faire ancestral et s’imposer sur la scène internationale.

Dans les allées du Salon, visiteurs marocains et étrangers se pressent pour découvrir et acquérir ces trésors du terroir, souvent labellisés bio, fruits d’un savoir-faire artisanal transmis de génération en génération. Nombreux sont ceux qui saluent la qualité, la traçabilité et l’éthique de ces produits.

«Chaque année, je me rends au SIAM, mais cette fois, c’est au pôle des produits du terroir, et particulièrement aux stands dédiés aux cosmétiques, que j’ai pris le temps de m’attarder. En tant que consommatrice, je suis de plus en plus attentive à ce que j’applique sur ma peau», témoigne Sanae, fidèle visiteuse du Salon.

Et de poursuivre : «Ici, j’ai découvert des crèmes sans produits chimiques, fabriquées localement à partir d’ingrédients tels que l’huile d’argan, le ghassoul ou la rose de Kalaât M’Gouna. J’ai également apprécié les échanges avec les artisanes, qui prennent le soin d’expliquer en détail les bienfaits et l’utilisation de leurs produits. De plus, les prix demeurent très raisonnables pour des soins aussi naturels et éthiques».

De son côté, Said, père de famille venu avec ses enfants, partage : «Initialement, ma visite au SIAM était centrée sur les animaux et les machines agricoles, mais nous avons finalement consacré beaucoup de temps au pôle des produits du terroir, notamment aux cosmétiques».

Au départ, Said était quelque peu sceptique, mais il a rapidement changé d’avis en découvrant la qualité des ingrédients, les conseils avisés des artisanes, et surtout le fait que ces produits étaient fabriqués par des coopératives marocaines. Selon lui, il était difficile de ne pas être conquis par cette approche, ce qui l’a véritablement incité à soutenir ces initiatives locales.

Bien plus qu’une simple vitrine de l’huile d’argan, le pôle «Produits du Terroir» du SIAM met en lumière la richesse d’un patrimoine cosmétique profondément enraciné dans les traditions régionales. Eau de rose de Kalâat M’Gouna, Ghassoul du Moyen Atlas, huile de figue de barbarie, Aker fassi, huiles essentielles de romarin ou d’eucalyptus… sont, entre autres, des ingrédients naturels au cœur d’une cosmétique marocaine en pleine renaissance, alliant bien-être, authenticité et innovation.

À travers des coopératives comme Tourtatine et Ouzlim Bio, portées par des femmes engagées, ces savoir-faire ancestraux se réinventent pour satisfaire une demande croissante, tant sur le marché local qu’international. Le SIAM se révèle ainsi, pour ces actrices du changement, une plateforme stratégique offrant visibilité, opportunités de partenariats et contribution à l’économie verte et inclusive du Royaume.

En filigrane, cette dynamique illustre clairement l’émergence d’une industrie cosmétique marocaine moderne, profondément enracinée dans le patrimoine naturel et culturel national, et promise à un avenir prometteur sur un marché mondial en quête de produits responsables, durables et sensoriels.