<linearGradient id="sl-pl-bubble-svg-grad01" linear-gradient(90deg, #ff8c59, #ffb37f 24%, #a3bf5f 49%, #7ca63a 75%, #527f32)

La COMADER appelle à une « justice hydrique » et dénonce les jugements erronés

La COMADER appelle à une « justice hydrique » et dénonce les jugements erronés

La COMADER appelle à une « justice hydrique » et dénonce les jugements erronés

Le message principal est clair : l’agriculture ne peut plus être la variable d’ajustement d’une gestion hydrique déséquilibrée, ni le bouc émissaire de déséquilibres structurels qu’elle ne contrôle pas. La COMADER dénonce notamment la réduction continue des volumes d’eau alloués à l’irrigation agricole, et ce, malgré les précipitations importantes enregistrées récemment dans le pays. Ce recul, souligne-t-elle, menace non seulement les investissements agricoles et les revenus de milliers de familles rurales, mais aussi la sécurité alimentaire nationale.

« Depuis plusieurs années, nous observons une réduction drastique des quotas d’eau alloués à l’agriculture, alors que l’irrigation agricole n’utilise l’eau qu’après satisfaction des besoins des autres secteurs », relève Rachid Benali, président de la Comader. Cette situation a conduit à l’arrêt de l’irrigation dans plusieurs périmètres agricoles, dans un flou total quant aux volumes disponibles ou au calendrier de leur mise à disposition.

Dans son plaidoyer, la COMADER appelle à garantir à l’agriculture, quelles que soient les circonstances, au moins 80% de ses besoins en eau d’irrigation. Elle insiste sur l’urgence d’une coordination réelle entre la politique de l’eau et celle de l’agriculture. Le représentant des agriculteurs demande aussi une meilleure anticipation, avec une visibilité claire et en amont des campagnes agricoles sur les volumes disponibles, afin de permettre aux exploitants de planifier efficacement leurs activités.

Autre revendication majeure : l’implication directe des organisations professionnelles agricoles dans les instances régionales et provinciales chargées de la gestion de l’eau. Pour la COMADER, seule une gouvernance participative et territorialisée permettra de répondre de manière réaliste et équitable aux besoins du terrain.

Mais au-delà de la question de l’eau, le discours de la Confédération élargit le débat. Elle s’attaque aux discours réducteurs et parfois accusateurs qui visent les agriculteurs et le secteur dans son ensemble. « L’agriculteur marocain, en particulier le petit et le moyen, supporte un fardeau lourd : sécheresse, hausse des prix des intrants, instabilité des marchés, poids des dettes bancaires… », rappelle Rachid Benali. Continuer à faire porter à l’agriculture la responsabilité de dérèglements comme la spéculation ou la multiplicité des intermédiaires, ajoute-t-il, revient à occulter les véritables causes et à fragiliser davantage le monde rural.

Sur ce point, la COMADER plaide pour une réorganisation en profondeur des circuits de commercialisation, afin de réduire le nombre d’intermédiaires et renforcer les circuits courts. L’objectif : garantir une meilleure valeur ajoutée aux producteurs et contenir la flambée des prix à la consommation.

Autre sujet sensible abordé : les aides publiques. La Confédération rejette les affirmations selon lesquelles les agriculteurs bénéficieraient d’un traitement de faveur ou de subventions excessives. Elle rappelle que ces aides restent limitées par rapport aux besoins réels, d’autant plus dans un contexte marqué par les crises successives comme la pandémie, les tensions géopolitiques, la sécheresse prolongée. « À titre de comparaison, en France, première puissance agricole d’Europe, environ 390.000 agriculteurs bénéficient d’un soutien annuel estimé à 100 milliards de dirhams. Au Maroc, ce soutien exceptionnel attribué à environ 1,6 million d’agriculteurs ne dépasse pas les 7 milliards de dirhams ces dernières années. », explique Benali.

Pour la COMADER, présenter une image biaisée du système de soutien public risque de désinformer l’opinion, de fragiliser la relation de confiance avec l’État et de discréditer les efforts consentis par les professionnels.

Le débat sur la consommation d’eau par les cultures exportées est également abordé. La COMADER rejette catégoriquement le discours selon lequel le Maroc braderait ses ressources hydriques à travers les exportations agricoles. Elle appelle à une évaluation scientifique rigoureuse du cycle de l’eau, et rappelle que l’eau « indirecte » importée à travers les céréales, huiles et autres denrées de base dépasse largement celle utilisée pour produire les exportations. Ces dernières génèrent de l’emploi, des devises et participent à l’équilibre de la balance commerciale, argue-t-elle.

Enfin, la Confédération appelle à ne plus instrumentaliser le secteur agricole à des fins politiques. « Il est temps de cesser d’utiliser l’agriculture dans des calculs partisans. Ce secteur stratégique dépasse les clivages conjoncturels et exige une approche nationale responsable. » L’instauration d’une justice hydrique, le soutien aux exploitants et l’alignement des politiques publiques sont aujourd’hui des conditions fondamentales pour préserver l’agriculture marocaine, moteur économique, pilier de l’alimentation et garant de la paix sociale dans les territoires.


2025-05-30 14:24:00

lematin.ma

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Content is protected !!
Retour en haut