Entrepreneuriat féminin : le Maroc lance la phase pilote du programme «Gender Lens»

Le ministère des Finances lance la phase pilote du programme «Gender Lens», une initiative nationale d’envergure destinée à renforcer l’inclusion financière et entrepreneuriale des femmes. Cette première étape est déployée dans la région de Souss-Massa, en partenariat avec Tamwilcom, l’Agence de coopération internationale allemande (GIZ) et plusieurs acteurs institutionnels et territoriaux. Le lancement s’opère à travers un appel à manifestation d’intérêt (AMI) qui vise à identifier et accompagner les entreprises et coopératives locales présentant un fort potentiel et un impact en matière d’approche genre.

L’opération a pour objectifs d’identifier des structures économiques répondant aux critères du programme «Gender Lens», de leur offrir un parcours intégré allant du diagnostic au mentorat, en passant par la formation, l’éducation financière et l’accès au financement, et de valoriser les initiatives inclusives et les pratiques locales porteuses de transformation sociale et économique.

Le «Gender Lens» englobe les projets/entreprises portés par des femmes (actionnariat ou gestion), mais également des projets/entreprises favorisant l’emploi des femmes ou développant des services à destination des femmes, œuvrant ainsi davantage pour l’intégration et l’autonomisation des femmes dans le monde économique.

Le dispositif cible ainsi quatre types de structures : celles détenues majoritairement par des femmes, celles dirigées ou gérées par une femme, celles employant au moins 30% de femmes dans leurs effectifs et celles développant des produits ou services spécifiquement destinés aux femmes, notamment dans les domaines de la mobilité, de la santé, de l’éducation, du numérique inclusif ou encore de l’artisanat. Une priorité est donnée aux entreprises opérant dans des secteurs stratégiques ou d’avenir tels que définis dans la Charte nationale de l’investissement : digital, santé, éducation, énergies renouvelables, finance, mobilité, agriculture valorisée ou artisanat.

Les structures retenues bénéficieront gratuitement d’un accompagnement personnalisé. Celui-ci comprend un diagnostic initial pour identifier les besoins, des formations adaptées en gestion, marketing digital, négociation bancaire, égalité professionnelle ou encore éducation financière, ainsi qu’un suivi post-financement portant sur la trésorerie, le développement commercial et les indicateurs sociaux et environnementaux. Le programme prévoit, également, un volet mentorat et mise en réseau à travers des événements B2B, du parrainage et l’intégration dans des réseaux régionaux et nationaux. Les candidates seront orientées vers des dispositifs de financement adaptés, notamment via les offres de garantie Tamwilcom, comme Ilayki Invest, qui offre jusqu’à 5 millions de dirhams à un taux préférentiel de 2% sur une durée maximale de 7 ans, ainsi que Damane Express et Damane Istitmar. L’accès à ces financements se fera toutefois sur la base d’une évaluation individualisée.

Les entreprises et coopératives intéressées doivent soumettre leur candidature en ligne au plus tard le 15 septembre 2025. Les dossiers seront examinés par un comité associant le ministère, Tamwilcom et la GIZ, et les résultats seront annoncés le 22 septembre. Les structures retenues participeront aux premières sessions de formation prévues du 29 septembre au 2 octobre 2025.

Ce programme pilote s’inscrit dans la continuité de la convention-cadre signée en décembre 2022 à Casablanca entre le ministère de l’Économie et des finances, le ministère de la Solidarité, Tamwilcom et le Groupement professionnel des Banques du Maroc. Cette convention avait jeté les bases du programme autour de trois piliers : la mise en place d’un produit national de dette «Gender Lens» offrant des taux préférentiels, la création d’un mécanisme de garantie pour sécuriser les financements et le lancement d’un programme d’accompagnement complet incluant formation, mentorat et mise en réseau.

Avec cette phase pilote, le Maroc entame un test grandeur nature pour valider le dispositif avant de le généraliser à l’échelle nationale. L’ambition affichée est de provoquer un choc de l’offre de financement sensible au genre et de fournir aux femmes entrepreneures des outils concrets pour dépasser les obstacles liés à l’accès au crédit, à la structuration des projets et à leur développement commercial. Si les résultats de cette première expérimentation sont concluants, le programme «Gender Lens» sera progressivement étendu à l’ensemble du territoire, confirmant ainsi la volonté du pays de faire de l’inclusion économique des femmes un levier central de développement et de croissance durable.