Énergies renouvelables : EDF accélère ses projets stratégiques au Maroc

Le géant électricien français EDF ne renonce pas à ses ambitions pour le développement de ses projets d’hydrogène vert au Maroc. Depuis la première vague de sélection des projets, dont les résultats ont été annoncés à l’issue de la réunion du comité de pilotage de l’«Offre Maroc» en mars dernier, l’opérateur tricolore poursuit son engagement avec l’espoir que sa candidature soit considérée dans la prochaine réunion de sélection, dans le cadre de la première phase de l’«Offre Maroc» qui mobilise 300.000 ha de terrains. Le groupe qui opère au Maroc via sa filiale, EDF Renouvelables, ne vient pas au marché marocain les mains vides. Il apporte une expertise «solide».

Dans une déclaration exclusive accordée au journal «Le Matin», le management d’EDF fait valoir son savoir-faire technique et son ingénierie dans le domaine des énergies renouvelables et en particulier dans l’hydrogène vert. «Fort d’une expérience accumulée depuis des années dans la Recherche & Développement (R&D) et de ses succès industriels à l’international, EDF a démontré sa capacité à mener des projets de très grande envergure tout en prenant en compte les spécificités locales. Un exemple concret est son récent succès à Oman, où EDF, à la tête d’un consortium retenu dans le cadre d’un appel d’offres public, pilote un projet de production de 1million de tonnes d’ammoniac vert par an, comprenant plusieurs gigawatts de capacité renouvelable», soutiennent les dirigeants d’EDF. Petit rappel, le groupe français s’était positionné sur le secteur de l’hydrogène vert au Maroc dès 2021 en y entrevoyant un potentiel jugé «important». «“L’Offre Maroc” a été l’occasion pour EDF de se positionner très tôt sur ce marché et de déposer un dossier de candidature en juillet 2024», rappelle le management du groupe. À ses yeux, la concrétisation des projets d’hydrogène vert au Maroc et par EDF pourrait avoir des impacts majeurs. Il s’agit notamment de l’effet de levier sur les investissements.

En effet, EDF multiplierait par dix ses investissements réalisés jusqu’à présent dans le Royaume, consolidant ainsi son engagement dans le pays. De même, le nombre de postes d’emploi pourrait significativement monter en flèche, contribuant à une dynamique de développement local et à la formation d’une main-d’œuvre qualifiée. Autre impact attendu : la contribution à la formation d’un écosystème local. Par la concrétisation de ses projets, EDF compte ainsi contribuer à l’émergence d’une industrie locale orientée vers l’hydrogène vert et ses dérivés.

À cela s’ajoute la contribution à une croissance à l’échelle internationale. «La réussite de ces projets positionnerait le Maroc et EDF comme un des leaders mondiaux de l’hydrogène vert», promet le management du groupe tricolore. Le projet d’EDF dans l’hydrogène vert devra couvrir une assiette foncière de 30.000 ha sur la première phase du programme national de développement de ce carburant vert. Le dimensionnement préliminaire du projet EDF porte sur une capacité renouvelable, une composante de stockage BESS et plusieurs centaines de mégawatts (MW) d’électrolyse.

L’électricien français gardera jalousement secret le montant d’investissement projeté dans le cadre de ce projet.

EDF n’est pas un illustre inconnu sur le marché marocain. Le groupe contribue depuis des années au processus de la transition énergétique du Royaume. Un engagement qui devrait se poursuivre et se consolider dans l’espace et le temps à travers plusieurs nouveaux projets. Concrètement, EDF a déposé un dossier de qualification pour le Programme «Nassim Nord», situé dans les provinces de Fahs-Anjra et M’diq-Fnideq, d’une capacité totale de 400 MW. En effet, l’opérateur français veut se qualifier pour les deux projets éoliens du Programme «Nassim Nord», à savoir le parc de Koudia Extension (150 MW) et le parc Dar Chaoui (250 MW).

Rappelons que l’Agence marocaine pour l’énergie durable (Masen) avait lancé, en avril 2024, le processus de pré-qualification pour la sélection du partenaire privé qui sera en charge du financement, de la construction et de l’exploitation de ce programme éolien. «Fort de son expérience dans la région avec le projet de repowering éolien de Koudia Al Baïda, un projet éolien de 100 MW (en service depuis l’été 2024), EDF souhaite se positionner sur cet appel d’offres et suit avec attention l’évolution du dossier en attendant l’annonce officielle des qualifiés», souligne le management du groupe. À Taza, EDF électrise ses équipes en vue d’accélérer la réalisation de la deuxième phase du complexe éolien de la ville. Rappelons qu’après avoir été retenu par l’ONEE dans le cadre d’un appel d’offres public pour le développement, le financement, la construction et l’exploitation-maintenance du parc éolien de Taza (150 MW), le consortium mené par EDF avait mis en service la phase 1 de ce projet (87 MW) en juillet 2022. «L’accord portant sur la deuxième phase de ce projet a reçu l’immense honneur et privilège d’être signé devant Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et le Président français, Emmanuel Macron, lors de la visite d’État ayant eu lieu en octobre 2024 à Rabat», se félicite l’opérateur français.

Depuis son lancement dans ce segment, la filiale marocaine d’EDF affiche de bons résultats avec sept projets remportés, totalisant près de 15 mégawatts-crête (MWc) de capacité. Ce qui conforte EDF Maroc dans son rôle de leader sur ce segment. Parmi ces réalisations, près de la moitié est déjà en exploitation ou en cours de construction. Pour Richbond, EDF a développé une capacité de 2,4 MWc. Jacob Delafon figure également parmi les clients d’EDF qui a développé pour le compte de cette entreprise une capacité de 1,7 MWc. Et ce n’est pas tout.

EDF accompagne d’autres clients notamment dans les secteurs de l’éducation, l’automobile, de l’aéronautique, des matériaux de construction et du bois. Présente dans près de 25 pays, EDF figure parmi les acteurs de référence du développement et de la production d’électricité issue des énergies renouvelables. Ses principales zones d’implantations historiques sont l’Amérique du Nord (États-Unis, Canada et Mexique) et l’Europe, à commencer par la France et le Royaume-Uni. EDF avait dernièrement engagé un rééquilibrage géographique de ses activités en renforçant sa présence dans d’autres pays à fort potentiel pour le développement des énergies renouvelables notamment le Maroc, l’Afrique du Sud, le Brésil, la Chine, l’Inde, les Émirats arabes unis, l’Arabie saoudite et Oman. EDF opère dans le Royaume depuis les années 1970. Afin d’accompagner son développement dans la zone, il a créé EDF Maroc en 1997 et EDF Renouvelables Maroc en 2012.

Le groupe nouait, depuis, des partenariats privilégiés avec l’ONEE, Masen, les régies de distribution d’électricité ainsi qu’avec des industriels. Ses domaines d’intervention vont de la production hydraulique, thermique et renouvelable aux réseaux et moyens de flexibilité et de stockage en passant par la formation et la coopération multi-axes. Les données de 2024 montrent qu’EDF ne cesse de monter en puissance sur le marché marocain de l’énergie éolienne entre 2023 et 2024. En effet, en termes de capacité brute éolienne, EDF passe de 87 MW à 187 MW, soit une montée de 100 MW (+115%) en un an. En termes de capacité nette (part détenue par EDF), elle passe de 34 MW à 84 MW, soit une hausse de 147%.