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Droits de douane de Trump : Pourquoi le Maroc est concerné (ESCWA)

Droits de douane de Trump : Pourquoi le Maroc est concerné (ESCWA)
Face à la montée du protectionnisme américain, les économies arabes pourraient être confrontées à un choc commercial susceptible de compromettre une décennie de diversification économique. C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude de la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (ESCWA), composée de 21 pays arabes membres, dont le Maroc. Cette institution onusienne tire ainsi la sonnette d’alarme sur les conséquences des récentes mesures de l’Administration américaine : une hausse généralisée de 10% des droits de douane sur les importations, avec des surtaxes allant jusqu’à 42% pour certains pays excédentaires vis-à-vis des États-Unis. Si la Chine est directement concernée, plusieurs pays arabes font face à un risque de pertes d’exportations, particulièrement non pétrolières, ainsi que des tensions accrues sur les finances publiques.

Les exportations arabes totales vers les États-Unis sont passées de 91 milliards de dollars en 2013 à 48 milliards en 2024, une chute largement attribuée à la baisse des importations américaines de pétrole brut. Pourtant, les exportations non pétrolières, elles, ont progressé, atteignant 22 milliards de dollars en 2024 contre 14 milliards en 2013. C’est cette croissance, notamment dans les secteurs des textiles, produits chimiques, engrais, aluminium et électronique, qui se trouve aujourd’hui menacée.

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Un choc asymétrique pour la région

L’impact direct est particulièrement important pour les pays dont les exportations (non pétrolières) vers les États-Unis représentent une part significative de leurs exportations totales à l’échelle mondiale.

D’après l’ESCWA, six pays arabes sont ainsi particulièrement exposés aux nouvelles mesures : Bahreïn, l’Égypte, la Jordanie, le Liban, la Tunisie et le Maroc, car plus de 5% de leurs exportations totales sont destinées au marché américain. La Jordanie est la plus vulnérable, avec près de 25% de ses exportations globales tournées vers les États-Unis. Vient ensuite le Liban (11%) devant le Bahreïn (7,5%). Pour, la Tunisie (6,5%), l’Égypte (6%) et le Maroc (un peu plus de 5%), l’exposition directe est plus modérée, mais les impacts indirects liés à la contraction de la demande mondiale sont bien réels. D’ailleurs, ces mesures pourraient aussi affecter les importations en provenance de grands partenaires mondiaux tels que l’Union européenne accentuant la pression. L’UE absorbe actuellement 72% des exportations tunisiennes et 68% de celles du Maroc, rappelle l’étude.

Selon l’ESCWA, bien que les exportations marocaines vers les États-Unis représentent une part modeste de son commerce extérieur, elles sont concentrées dans des secteurs désormais directement touchés par les nouveaux droits de douane, notamment le textile, l’agro-industrie, les engrais.

De plus, les mesures récentes pourraient annuler de facto les préférences accordées dans le cadre de l’accord de libre-échange bilatéral entre le Maroc et les États-Unis, tout comme celles obtenues via l’Accord d’Agadir.

Cependant, l’ESCWA estime que le Maroc pourrait tirer parti d’effets de détournement de commerce, notamment vis-à-vis de la Chine et de l’Inde, pour gagner en compétitivité sur le marché américain. «L’Égypte et le Maroc pourraient gagner des parts de marché aux États-Unis, les droits de douane plus élevés sur les produits chinois et indiens rendant les exportations arabes plus compétitives» par rapport à celles d’autres pays lourdement pénalisés, souligne l’étude. Néanmoins, cette opportunité reste incertaine en raison de la pause tarifaire temporaire annoncée le 9 avril, qui exclut la Chine.

Pression financière : la facture des marchés

Autre signal d’alerte pour le Maroc : la dégradation des conditions de financement sur les marchés internationaux. Entre le 2 et le 9 avril, les taux des obligations souveraines à 10 ans libellées en dollars ont grimpé de 36 points de base pour les pays arabes à revenu intermédiaire, dont le Maroc.

L’ESCWA estime que l’Égypte, le Maroc, la Jordanie et la Tunisie mobiliseront 114 millions de dollars supplémentaires pour le paiement des intérêts liés à la dette souveraine en 2025, en raison de la hausse des rendements obligataires face à l’incertitude des investisseurs mondiaux. Cette augmentation du coût de l’endettement risque de contraindre les budgets nationaux et de retarder les dépenses de développement. Pour le Maroc, cela se traduirait par un surcoût de 39 millions de dollars sur le service de la dette en 2025, soit une hausse de 1,3% des intérêts à verser, selon les projections de l’ESCWA.

Face à ce choc, l’organe onusien spécialisé dans l’analyse économique pour les pays arabes, appelle ses états membres à consolider leur résilience. Elle leur recommande notamment de renforcer l’intégration régionale, via la relance de la Zone arabe de libre-échange, l’Union douanière du Conseil de coopération du Golfe (CCG), ou encore l’Accord d’Agadir. Elle préconise également de diversifier davantage les partenariats commerciaux, pour réduire la dépendance aux grandes puissances économiques, tout en renforçant l’investissement dans les infrastructures logistiques et l’alignement réglementaire afin d’intégrer les nouvelles chaînes de valeur globales en recomposition. Et ce n’est pas tout, la Commission propose une renégociation stratégique avec les États-Unis pour préserver les avantages préférentiels existants ou en obtenir de nouveaux.

Pour rappel, grâce à l’accord de libre-échange signé en 2004, au dynamisme de la coopération économique bilatérale ainsi que l’intérêt croissant des investisseurs américains pour le Royaume, les exportations marocaines vers les États-Unis ont progressé de 40% entre 2021 et 2023, atteignant 14 milliards de dirhams en 2023, tandis que les importations ont augmenté de 61%, pour atteindre 55 milliards de dirhams.


2025-04-21 16:52:00

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