Défaillances d’entreprises : une baisse attendue au Maroc en 2026 après un pic cette année

Après quatre années consécutives de défaillances record, les entreprises marocaines pourraient enfin souffler. 2026 devrait amorcer une baisse des faillites des TPME au Maroc, selon une nouvelle étude d’Allianz Trade.

Depuis 2021, dans le sillage de la crise de la Covid-19, l’économie marocaine fait face à une vague inédite de défaillances d’entreprises, dont les répercussions se font sentir sur le risque de non-paiement des fournisseurs, l’emploi et l’activité bancaire. La suppression progressive des aides d’État, conjuguée à l’inflation, à la hausse des coûts de production, à la pression fiscale accrue et à un environnement international sous multi-chocs, a fragilisé des milliers d’entreprises.

Selon les données d’Allianz Trade, 14.245 cas de défaillances ont été enregistrés en 2023 (+15% par rapport à 2022) et 15.658 cas en 2024 (+10%). Et ce n’est pas terminé. L’année 2025 marquera un nouveau record avec 16.800 défaillances (+7%), soit 109% de plus que la moyenne pré-pandémique.

Dès 2026, cependant, une inversion est prévue : une baisse de 1% ramènera le nombre à 16.600 cas (107% au-dessus de la moyenne pré-pandémique). En 2027, la chute s’accélérera à -6%, ramenant le nombre de faillites à 15.600 cas (94% au-dessus de la référence). Pour les deux prochaines années, la baisse offre un répit après quatre années de records, mais les niveaux resteront élevés par rapport à la période pré-pandémique, mais aussi par rapport aux niveaux de 2021 à 2023.

À l’échelle mondiale, Allianz Trade prévoit de nouvelles hausses en 2025 et 2026, avec un tournant en 2027. En effet, les défaillances d’entreprises dans le monde devraient augmenter de +6% cette année et de +5% l’année prochaine, avant de reculer en 2027 (-1%).

Pour l’assureur-crédit, les données cumulées depuis le début de cette année montrent déjà des augmentations significatives dans toutes les régions, en particulier en Asie et en Europe occidentale.

La plupart des pays d’Europe occidentale continuent d’enregistrer des hausses en 2025, les plus fortes augmentations étant observées en Italie (+35%), en Suisse (+26%) et en Allemagne (+11%). Le Royaume-Uni et l’Espagne se stabilisent, tandis que cinq pays affichent une baisse du nombre de cas : la Suède, les Pays-Bas, la Norvège, le Portugal et le Danemark (pour la deuxième année consécutive).

Pour 2026, Allianz prévoit une baisse généralisée, mais modérée des défaillances dans les pays d’Europe occidentale (-2% et -1% pour la zone euro), à l’exception notable de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Espagne. Cette baisse devrait s’accélérer en 2027 (-5% et -3% pour la zone euro). Selon notre scénario, la plupart des pays européens enregistreront encore plus de défaillances qu’entre 2016 et 2019 jusqu’en 2026, à l’exception des Pays-Bas, de la Norvège, du Danemark, du Portugal et de l’Italie.

À l’avenir, Allianz Trade s’attend à ce que la résilience des entreprises dans le monde soit mise à l’épreuve par trois vulnérabilités critiques. La première concerne une croissance économique modérée, le rythme aux États-Unis et dans la zone euro devant rester inférieur au seuil nécessaire pour stabiliser les défaillances. La deuxième vulnérabilité critique porte sur des conditions de financement strictes, avec des taux d’intérêt toujours élevés et une offre de crédit limitée qui pèsent sur les entreprises fortement endettées et à besoin en fonds de roulement élevé, en particulier les PME. Quant à la troisième vulnérabilité, elle est liée aux faiblesses sectorielles : les vulnérabilités étant particulièrement aiguës dans les secteurs de la construction et de l’automobile en raison des taux d’intérêt élevés, des bouleversements technologiques et de la concurrence accrue.

Allianz Trade souligne, enfin, que la forte création d’entreprises liée aux technologies, ainsi qu’un éventuel éclatement du boom de l’intelligence artificielle (IA) pourraient accroître les risques d’insolvabilité, en particulier aux États-Unis et en Europe.