De la startup à la licorne : mode d’emploi pour passer à l’échelle au Maroc
À ce jour, aucune startup marocaine n’a atteint le statut de licorne, et très peu sont parvenues à franchir le cap de la gazelle – ces jeunes entreprises à forte croissance. Le défi est clair : passer d’une dynamique de création à une logique de consolidation et d’expansion. Pour répondre à ces enjeux, plusieurs dispositifs ont vu le jour :
• Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement, qui soutient des projets à fort potentiel à travers des mécanismes de cofinancement public-privé.
• Le programme Innov Invest, piloté par Tamwilcom, qui finance les phases d’amorçage et de pré-commercialisation.
• Les Cités d’innovation et les technopôles, pensés comme des lieux de convergence entre chercheurs, startup et investisseurs.
• Un renforcement de l’ancrage académique via l’UM6P, la CDG Invest, et les universités publiques, pour former et retenir les talents. Mais ces efforts, bien que louables, ne suffisent pas encore à combler certains manques structurels.
L’accès au financement en phase de croissance (séries B et C) reste limité, l’accompagnement stratégique au scale-up est rare, et les modèles économiques peinent à être pensés pour l’export. Développer une nouvelle génération de startups capables de penser mondial dès le départ, de séduire des investisseurs internationaux et de structurer une croissance durable est ainsi devenu une priorité nationale. Pour cela, une meilleure coordination entre les acteurs publics, privés et académiques sera décisive.
Qu’est-ce qu’une startup et qu’est-ce qu’une licorne ?
Une startup est une entreprise jeune, innovante et à fort potentiel de croissance. Elle se distingue des entreprises traditionnelles par plusieurs caractéristiques clés :
• Elle développe souvent un produit ou un service nouveau, généralement à base de technologie (application mobile, plateforme web, solution en intelligence artificielle (IA), etc.).
• Elle évolue dans un environnement incertain, car son modèle économique n’est pas encore totalement stabilisé.
• Son objectif principal est de croître rapidement, à grande échelle, souvent au-delà de son marché local.
• Elle a généralement recours à des levées de fonds pour financer sa croissance (auprès de business angels, fonds d’investissement, etc.), car elle n’est pas immédiatement rentable.
Contrairement à une PME classique qui cherche une croissance stable et maîtrisée, une startup cherche à disrupter un marché et à se développer de manière exponentielle.
Une licorne est une startup qui a réussi à atteindre une valorisation d’au moins un milliard de dollars américains, sans être encore cotée en bourse. Le terme a été popularisé dans la Silicon Valley pour désigner ces entreprises rares qui, en quelques années, parviennent à transformer une idée en un empire technologique mondial. Uber, Airbnb, ou encore SpaceX ont été des licornes avant d’être des géants reconnus.
Six étapes clés pour passer de startup à licorne
Derrière chaque licorne, on retrouve un parcours balisé par plusieurs étapes structurantes :
1. Un problème universel, une solution industrialisable Une startup à fort potentiel répond à une problématique de masse : mobilité, santé, finance, logistique… Elle propose une solution scalable par nature, pensée pour être répliquée à grande échelle.
2. Une équipe fondatrice complémentaire et visionnaire Les investisseurs misent sur des humains, pas seulement sur une idée. Une équipe équilibrée entre tech, business et stratégie est essentielle à la réussite du projet.
3. Une stratégie de croissance rapide, mais maîtrisée Il ne suffit pas de croître : il faut croître avec discipline. L’obsession des indicateurs (acquisition client, LTV, marge…) est une compétence centrale pour piloter la performance.
4. Une capacité à lever des fonds en série Le chemin vers le milliard passe par 4 à 6 levées de fonds successives. C’est souvent là que le Maroc montre ses limites, en particulier sur les séries B et C.
5. Une expansion internationale précoce Une licorne ne peut pas se contenter de son marché national. Dès que la traction est validée, il faut tester l’exportabilité du modèle. 6. Une maîtrise de la donnée et de l’intelligence artificielle Les licornes de demain sont data-native. Elles exploitent l’IA pour optimiser leur offre, personnaliser l’expérience et prédire les comportements.
Cas SEIKI : l’intelligence de la mobilité à l’échelle internationale
Fondée en 2022, SEIKI incarne cette nouvelle génération de startups marocaines à ambition globale. Spécialisée dans l’analyse des déplacements de populations à partir de données anonymisées, l’entreprise a développé ses premiers algorithmes dès 2019. En 2025, elle boucle une levée de 2 millions d’euros en fonds privés. «Nous ne levons pas pour lever. Nous levons pour créer de la valeur, embaucher, scaler. La smart money est un levier, pas une fin», explique Jaâfar Elalamy, cofondateur et CEO. SEIKI croise données GPS anonymisées, algorithmes IA et points d’intérêt pour proposer à ses clients des outils de prise de décision stratégiques : implantation de magasins, planification urbaine, ciblage publicitaire. Ses clients ? Des géants du luxe (LVMH, Saint Laurent), des opérateurs télécoms, des collectivités locales… en France, en Afrique, et bientôt au Maroc à l’occasion de la CAN 2025 et de la Coupe du Monde 2030. «Notre rôle, ce n’est pas de traquer des individus, mais de produire de la connaissance utile à partir de flux agrégés. Nous appliquons les principes stricts du privacy by design.»
Ce que le Maroc doit encore construire
Pour permettre à ses startups de passer à l’échelle et d’aspirer au statut de licorne, le Maroc doit impérativement renforcer ses fondations technologiques et stratégiques. Sur le plan des infrastructures, plusieurs chantiers restent prioritaires : le développement de data centers modernes, la montée en puissance des capacités en cybersécurité, une véritable souveraineté sur la donnée, ainsi qu’un accès généralisé à une connectivité performante sur l’ensemble du territoire. Ces éléments sont devenus incontournables pour soutenir l’essor d’entreprises technologiques de nouvelle génération. «Il faut que le Royaume fasse les bons choix maintenant, comme l’Europe aurait dû les faire il y a 10 ans», alerte Jaâfar Elalamy. Mais au-delà des infrastructures, c’est une vision continentale affirmée qui doit guider cette ambition. Le Maroc dispose d’atouts uniques : une jeunesse qualifiée, une stabilité institutionnelle et une position géographique stratégique, à la jonction de l’Afrique, de l’Europe et du monde arabe. Plutôt que d’imiter la Silicon Valley, certains acteurs du secteur proposent de créer une «Africa Valley» à Dakhla, capable d’attirer les talents, les capitaux et les startups du continent. Comme le souligne Elalamy, «le Maroc est à la croisée des continents. Il peut devenir une plate-forme d’innovation unique pour l’Afrique, à condition de structurer son offre autour des talents, des infrastructures et du capital». L’heure est donc venue de faire des choix structurants, qui permettront au pays de se hisser durablement parmi les leaders africains de la tech.
Du rêve à la réalité
Faire émerger une licorne n’est pas une simple affaire de valorisation financière. C’est l’aboutissement d’un écosystème capable de soutenir des entrepreneurs visionnaires, de mobiliser du capital à chaque étape critique, de valoriser l’innovation locale et de propulser des solutions vers les marchés internationaux. Le Maroc dispose aujourd’hui de nombreux atouts : une jeunesse talentueuse, un positionnement géographique stratégique, une volonté politique affirmée, et des structures d’accompagnement en pleine structuration. Mais ces fondations doivent être consolidées par un environnement fiscal et réglementaire incitatif, une infrastructure technologique souveraine, et une vraie culture de la prise de risque. L’enjeu n’est pas seulement économique. Il est symbolique. Faire émerger des licornes marocaines, c’est affirmer la capacité du pays à innover pour lui-même et pour le monde. C’est envoyer un message fort aux jeunes générations : que l’on peut bâtir, depuis le Maroc, des entreprises globales, compétitives, responsables — et durables. La route est encore longue, mais le cap est fixé. Et si la licorne n’est pas une fin en soi, elle incarne une ambition légitime : celle d’un Maroc créateur de valeur, de savoir et d’impact.
Jaâfar Elalamy, CEO et cofondateur de SEIKI : Pour faire émerger des licornes, il faut un écosystème structuré et solide
«L’Info en Face» a reçu Jaâfar Elalamy, entrepreneur marocain et cofondateur de SEIKI, une startup spécialisée dans l’intelligence de la mobilité. Dans cet entretien, il revient sur le parcours de SEIKI, les ressorts de la scale-up, les enjeux liés à la donnée et les conditions nécessaires à l’émergence de licornes marocaines.
Le Matin : On vous retrouve quatre ans après votre première participation à «L’Info en Face». Depuis, votre startup est passée de la maturation à la phase de scale-up. Pouvez-vous nous rappeler ce qu’est SEIKI ?
Jaâfar Elalamy : SEIKI, c’est une Mobility Intelligence Company. Elle repose sur deux piliers : une plateforme technologique d’analyse des mobilités et un pôle conseil. Notre objectif est de comprendre les déplacements des populations dans le temps et dans l’espace, que ce soit pour les marques, les collectivités ou les opérateurs urbains. Cela permet par exemple de planifier les transports ou d’optimiser l’implantation de points de vente.
La société a été officiellement créée en 2022, mais la technologie existait bien avant ?
Oui, nous avons démarré le développement des algorithmes dès 2019. Nous avons attendu d’obtenir une certification du CESP (Centre d’études des supports publicitaires), un gage de sérieux reconnu en Europe, avant de lancer la commercialisation. Aujourd’hui, SEIKI est clairement dans une phase de croissance rapide.
Vous venez de boucler une levée de fonds significative ?
En effet. Nous avons levé récemment 2 millions d’euros, soit environ 22 millions de dirhams. Cette opération a été financée par des investisseurs privés – industriels, family offices, business angels – qui nous apportent de la smart money, c’est-à-dire un accompagnement stratégique en plus du capital. En France, vous bénéficiez aussi de dispositifs publics incitatifs ? Oui, le statut de Jeune Entreprise innovante (JEI) et le Crédit d’Impôt Recherche (CIR) nous permettent d’alléger nos charges. L’État rembourse jusqu’à 30% des salaires de nos ingénieurs Recherche & Développement (R&D), ce qui est déterminant dans nos phases de développement. C’est un modèle que le Maroc gagnerait à reproduire. Justement, au Maroc, la création d’un écosystème fiscal incitatif est souvent évoquée comme une condition pour faire émerger des licornes… Absolument. Le Maroc a tous les atouts pour y parvenir, mais il faut accélérer la mise en place de dispositifs comparables : fiscalité adaptée, incitations à la R&D, crédit d’impôt à l’innovation. Cela renforcerait notre attractivité, d’autant plus que nous avons une jeunesse très prometteuse.
Votre modèle repose sur la valorisation de la data. Comment garantissez-vous la protection des données personnelles ?
Nous appliquons des règles strictes : consentement explicite à la source, anonymisation systématique, suppression des données personnelles une fois leur traitement terminé. Nous respectons le Règlement général sur la protection des données (RGPD) en France, et nous suivons les recommandations de la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP) au Maroc. La privacy by design fait partie intégrante de notre architecture. Vous êtes également présents au Maroc. Peut-on imaginer SEIKI comme partenaire des grands événements à venir, comme la CAN 2025 ou la Coupe du Monde 2030 ? C’est déjà en cours. Nous collaborons avec plusieurs marques majeures qui sponsorisent la CAN. Grâce à nos outils, nous pouvons mesurer en temps réel l’impact de leur communication sur les déplacements et les comportements d’achat. Pour la Coupe du Monde, nous espérons aussi accompagner les territoires sur la planification des mobilités.
L’intelligence artificielle joue-t-elle un rôle clé dans vos technologies ?
Essentiel. Nous utilisons à la fois de l’IA générative pour automatiser nos rapports d’analyse et de l’IA prédictive pour modéliser les flux de population. Nos algorithmes nous permettent de produire des insights très fins, par exemple pour aider une marque à identifier le meilleur emplacement pour une nouvelle boutique.
Pour cela, il faut aussi du capital humain. SEIKI a-t-elle su s’entourer des bons profils ?
Oui, nous avons constitué une équipe de data scientists, d’ingénieurs et de stratèges. Mais au-delà de l’expertise technique, il faut aussi des «thinkers», des profils capables de poser les bonnes problématiques, avec une bonne connaissance des marchés locaux. Votre objectif : devenir licorne d’ici 2030.
Où en êtes-vous concrètement ?
Notre ambition est claire : atteindre une valorisation d’un milliard de dollars à l’horizon 2030. Cela repose sur la croissance de notre chiffre d’affaires – nous visons 12 millions d’euros dès 2028 – et sur notre expansion à l’international, notamment en Afrique et au Moyen-Orient.
Le Maroc peut-il, selon vous, faire émerger une ou deux licornes d’ici 2030, comme l’espère le ministère de la Transition numérique ?
C’est possible, mais cela nécessite un alignement des planètes : écosystème fiscal, capital-risque privé, infrastructures souveraines, valorisation de la data, relation startup/grands groupes plus fluides… Et surtout, une vision continentale.
Pourquoi ne pas imaginer une «Africa Valley» à Dakhla, comme hub continental d’innovation ?
Vous dites que le Maroc doit faire les choix que l’Europe n’a pas su faire il y a 10 ans… Exactement. Il faut miser maintenant sur la souveraineté technologique. Accueillir des data centers, maîtriser la cybersécurité, former les jeunes aux métiers de demain, créer une politique d’innovation ambitieuse. Le potentiel est énorme, et il est temps d’en faire un levier de souveraineté.
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2025-05-30 10:07:00
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