Commerce extérieur : le Maroc accentue son excédent avec la France à 15,9 milliards de DH en 2024

Selon le rapport annuel sur le commerce extérieur publié par l’Office des Changes, en 2024, les échanges commerciaux du Maroc continuent d’être dominés par le continent européen, avec plus de 750 milliards de dirhams en valeur, malgré un léger recul de la part de l’UE. Si certaines niches sectorielles se démarquent, notamment dans l’aéronautique, le solde commercial global reste déficitaire, plombé par des déséquilibres persistants avec la Chine et les États-Unis. L’excédent avec l’Afrique se réduit, alors que l’Océanie confirme une dynamique excédentaire historique.

Les échanges commerciaux du Maroc avec l’Europe continuent de dominer l’ensemble des flux extérieurs. Ils atteignent 754,9 MMDH en 2024, en progression de 4,1% par rapport à 2023. L’Union européenne (UE) demeure le principal partenaire commercial, avec une valeur de 653,8 MMDH, bien que sa part dans les échanges globaux recule légèrement de 1 point à 53,7%.

Le solde commercial reste néanmoins négatif vis-à-vis de l’Europe, avec un déficit de 103,2 MMDH, un niveau stable comparé à celui de 2021. Certains pays enregistrent toutefois une amélioration notable de leur solde bilatéral avec le Maroc : la France affiche un excédent commercial en hausse de 4 MMDH, la Russie de 2,9 MMDH et les Pays-Bas de 1,3 MMDH.

Parmi les catégories de produits les plus dynamiques figure celle des parties d’avions et autres véhicules aériens ou spatiaux, dont les exportations repartent nettement à la hausse avec +21,5% en 2024, atteignant une valeur de 14 MMDH, après une baisse marquée en 2023.

En Asie, la balance commerciale se dégrade sensiblement, avec un déficit en augmentation de 15,6 MMDH (+11,5%). Ce creusement est principalement imputable à la Chine, dont les exportations vers le Maroc progressent fortement, alourdissant le déficit bilatéral de 13,8 MMDH. Les importations depuis l’Asie sont tirées par une demande accrue de biens manufacturés, notamment dans les secteurs de l’électronique, de la chimie et des équipements industriels.

Les échanges avec le continent américain repartent à la hausse après une contraction en 2023. Les importations augmentent de 6,6 MMDH et les exportations de 1,7 MMDH. Cette asymétrie creuse le déficit commercial qui passe à -66,5 MMDH, contre -61,6 MMDH l’an passé. Les États-Unis renforcent leur position de premier partenaire commercial du Maroc dans la région, avec un déficit bilatéral de 57 MMDH. Le Canada suit avec -4,1 MMDH, tandis que le Brésil reste déficitaire à hauteur de 2,4 MMDH, bien qu’en amélioration de 1,2 MMDH. La principale composante des importations américaines reste le gaz de pétrole, qui totalise 15 MMDH en 2024, soit 14,3% des importations issues de ce continent.

Le solde commercial avec l’Afrique demeure positif mais en recul, atteignant 7,2 MMDH, soit une baisse de 5,4 MMDH. Cette diminution s’explique notamment par la contraction des excédents avec la Côte d’Ivoire (−1,5 MMDH) et Djibouti (−1,3 MMDH), ainsi que par l’aggravation du déficit avec l’Égypte, qui passe de -8,8 à -11,8 MMDH. Les exportations marocaines vers l’Afrique sont dominées par les engrais naturels et chimiques, qui génèrent 9,6 MMDH en 2024, en baisse de 886 millions DH par rapport à 2023.

La balance commerciale avec l’Océanie continue de s’améliorer, atteignant un excédent record de 3,8 MMDH en 2024, contre 2 MMDH en 2023. Cette performance confirme une dynamique d’ouverture sur des marchés non traditionnels, bien que leur poids global reste modeste dans la structure des échanges. Ce sont une nouvelle fois les phosphates qui ont contribué à ce record, grâce à un doublement des volumes exportés vers cette région, passant de 2 milliards de dirhams en 2023 à 4,7 milliards de dirhams en 2024.

Bien que le rapport ne présente que les importations dans le cadre des accords de libre-échange (ALE), celles-ci ont atteint 225,5 milliards de dirhams en 2024, enregistrant une hausse de 8,5 %, soit une augmentation de 17,6 milliards de dirhams. L’Accord avec l’Union européenne concentre 66% de ces flux, malgré un recul de 1,1 point. Les importations depuis l’Allemagne atteignent un record de 17,9 MMDH, tandis que celles de la France rebondissent de +2,2 MMDH après un recul l’an dernier. Les achats de voitures utilitaires et de tourisme depuis l’UE représentent à eux seuls 3 MMDH.

L’accord de libre-échange avec les États-Unis affiche également une forte dynamique, avec une progression de 14,7% (+4,6 MMDH), portée notamment par les importations d’aéronefs et véhicules spatiaux (+3,1 MMDH). L’accord avec la Turquie reprend sa tendance haussière (+8,2%, soit +2 MMDH), avec une couverture de 68,6% des flux par les dispositions de l’ALE. Les produits finis de consommation en constituent la principale composante.

Quant à l’accord d’Agadir, il enregistre la plus forte progression en valeur (+2 MMDH), avec une prédominance des demi-produits (42%) et produits finis de consommation (24%). À l’inverse, l’accord avec les pays de l’AELE (notamment la Norvège) recule de 11,9% (−328 MDH).

En dépit de la progression des exportations marocaines (+6,1%, à 456,3 MMDH), la croissance plus rapide des importations (+6,4%, à 761,3 MMDH) a conduit à une aggravation du déficit commercial, qui atteint -304,9 MMDH. Le taux de couverture s’établit à 59,9%, en recul de 0,2 point. Les indicateurs structurels révèlent par ailleurs une hausse du taux de dépendance commerciale (39,7% du PIB, +0,5 point) et du taux de pénétration des importations (41,4%, +0,5 point).