Casablanca-Settat : le CRT oriente sa gouvernance vers le «Cap 2030»

La gouvernance du tourisme à Casablanca cherche à évoluer d’une structure déjà performante vers un modèle plus intégré et réactif, capable de traduire les visions stratégiques en actions concrètes et de gérer efficacement les opportunités majeures. C’est en tout cas l’ambition que porte Othmane Cherif Alami, président du Conseil régional du tourisme de Casablanca-Settat (CRT-CS). Lors d’une rencontre consacrée à la présentation du bilan annuel de l’institution, le responsable a annoncé qu’une réflexion profonde est engagée pour la mise en place d’une nouvelle gouvernance du «CRT Cap 2030», en phase avec les évolutions du secteur, mais aussi des attentes croissantes des citoyens. L’objectif est d’intégrer de nouveaux acteurs provenant de domaines connexes, tels que les loisirs, la culture, le sport, le bien-être et la santé.

«Nous, qui avons une longue expérience dans ce domaine, nous constatons aujourd’hui l’émergence d’expertises qui transcendent nos professions respectives. Cette nouvelle gouvernance des CRT s’inscrit justement dans la perspective de renforcer et d’élargir nos horizons en intégrant de nouveaux acteurs», explique M. Alami, précisant qu’un premier atelier de travail a été tenu dans cette perspective.

Pour rappel, le CRT-CS est structuré autour de trois collèges principaux, plus un quatrième groupe : le collège des autorités, avec le Wali à sa tête, le collège des élus régionaux et communaux, mené par le président de la région et la maire de Casablanca, le collège des professionnels du tourisme, représenté par diverses associations (hôteliers, agences de voyages, transporteurs touristiques, restaurateurs, guides accompagnateurs, loueurs de voitures sans chauffeur), ainsi qu’un collège de membres associés. Ce quatrième groupe, bien qu’il ne dispose pas de droit de vote, participe activement aux commissions et travaille sur le marketing territorial et la commercialisation des produits régionaux. Ce groupe inclut de grandes banques comme CIH, BMCE, Banque Populaire et bientôt Attijariwafa bank.

L’écosystème touristique régional inclut également des entreprises et institutions publiques telles que l’ONDA (Office national des aéroports), l’ANRT (Agence nationale de réglementation des télécommunications), l’ANP (Agence nationale des ports), le CRI (Centre régional d’investissement), ainsi que les délégués de plusieurs ministères (Artisanat, Culture…) et les chambres professionnelles.

«Actuellement, dans les CRT, il manque des profils clés tels que des anthropologues, des psychologues ou encore de grands experts en développement territorial. Notre grande ville et notre région devraient pourtant profiter de ces expertises élargies», signale le responsable.

«Lorsque la région alloue un budget conséquent à la mise à niveau du littoral, allant d’El Jadida à Dar Bouazza, il s’agit d’un programme ambitieux qui transformera ce littoral en station balnéaire, avec la construction de nouveaux hôtels, de résidences et d’établissements touristiques innovants… Il est crucial que le CRT se prépare à commercialiser et à promouvoir efficacement cette nouvelle offre touristique», ajoute-t-il.

Othmane Cherif Alami annonce également qu’un forum national, réunissant les 12 CRT du Royaume, devrait se tenir en septembre ou octobre prochains, dans la perspective de «réfléchir à un nouveau cap organisationnel et de gouvernance pour être plus efficaces et répondre aux intérêts des professionnels du tourisme, de la région, de la ville, et surtout à une nouvelle approche pour répondre aux attentes du citoyen».

Bilan 2024 : une stratégie promotionnelle efficace

En attendant, le CRT-CS poursuit activement ses missions de veille stratégique, de promotion et de marketing territorial. L’équipe a déployé en 2024 une stratégie promotionnelle ambitieuse afin de soutenir les objectifs touristiques de la ville. Ces initiatives ont permis d’enregistrer une augmentation significative des indicateurs de performance touristique, tout en renforçant la visibilité et l’attractivité de Casablanca sur les marchés clés.

Cette stratégie s’est articulée autour de cinq axes majeurs. Des campagnes de communication ciblées («Casablanca for Business & Chill» pour l’international et «Live It Love It» pour le marché national) ont mis en avant les atouts de la ville, notamment le MICE, la gastronomie et la culture, via des canaux digitaux et des campagnes presse. Le développement d’outils de promotion a enrichi les supports d’information, avec un nouveau site web et la digitalisation de points d’intérêt ruraux pour diversifier l’offre. L’organisation et la participation à des événements (Casablanca, le Rural Tourism Challenge, salons internationaux comme Fitur Madrid, ITB Berlin, ATM Dubaï et WTM Londres) ont permis de stimuler l’activité touristique et de toucher un public B2B et B2C. Enfin, des eductours et workshops ont été organisés pour les tour-opérateurs et DMC des marchés espagnol, italien, indien et allemand, favorisant la création de partenariats.

En chiffres, des performances sur une trajectoire positive

Fortes de ces initiatives, les performances touristiques de Casablanca affichent une dynamique positive. En 2024, la ville a accueilli 1.109.671 touristes, enregistrant une croissance de 8%. L’augmentation du nombre de nuitées, de 13%, a porté le total à 2.251.548. Les résultats du premier semestre 2025 confirment cette tendance ascendante. Le taux d’occupation des hôtels classés a progressé de 8% par rapport au S1-2024, atteignant 59%. Simultanément, le prix moyen par chambre a augmenté de 3%, et le revenu par chambre disponible (RevPAR) a connu une hausse significative de 12%. Bien que ces progrès soient encourageants, Casablanca se classe actuellement en 6ᵉ position au niveau national, derrière Marrakech, Agadir, Fès/Meknès, Rabat et Tanger.