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Capital-investissement : l’envol freiné par des verrous réglementaires

Capital-investissement : l’envol freiné par des verrous réglementaires

Capital-investissement : l’envol freiné par des verrous réglementaires

Hassan Laâziri, président de l’Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC), a lancé un appel fort en faveur de réformes structurelles capables d’aligner l’industrie nationale sur les standards internationaux. Au cœur des préoccupations exprimées : les contraintes réglementaires et fiscales qui freinent l’attractivité du Maroc par rapport à d’autres places financières. Laâziri dénonce notamment l’imposition des frais de gestion sur les fonds domiciliés au Maroc, une pratique peu courante à l’échelle internationale, qui réduit la compétitivité des acteurs locaux. Il pointe également du doigt l’obsolescence des instruments juridiques disponibles pour structurer les opérations de capital, en l’absence de mécanismes tels que les bons de souscription d’actions ou les obligations convertibles remboursables en actions. «C’est comme demander à un ébéniste de faire un meuble avec un simple tournevis», illustre-t-il.

Malgré ces freins, le président de l’AMIC reconnaît les avancées enregistrées par l’industrie, notamment l’émergence d’un écosystème structuré. Toutefois, il insiste sur la nécessité d’élargir la couverture du segment des petites entreprises, qui représentent près de 80% du tissu économique national. À ce jour, seules deux sociétés de gestion s’y intéressent activement, ce qui reste très en deçà du besoin. Or, selon Laâziri, c’est précisément dans ce segment que les meilleures opérations ont été réalisées, preuve d’un fort potentiel de création de valeur. Le contexte macro-économique marocain, lui, offre des perspectives favorables.

À l’horizon 2030, plusieurs dynamiques convergentes devraient stimuler l’essor du capital-investissement. La Coupe du monde, les projets d’infrastructures majeurs et les stratégies sectorielles (transition énergétique, transformation industrielle et digitalisation) forment un socle attractif pour les investisseurs. Ces chantiers structurants mobilisent les talents, génèrent des opportunités, et positionnent le Royaume comme une terre d’investissement. Mais cette dynamique reste fragile, comme le souligne l’étude «Private Equity, the New Transformative Path to 2030», réalisée par Strategy& en partenariat avec l’AMIC. Ce rapport identifie les freins persistants à la montée en puissance du Private Equity au Maroc : des blocages fiscaux (TVA sur les frais de gestion, absence de fiscalité groupe), un champ d’investissement restreint pour les OPCC (Organismes de placement collectif en capital), et la quasi-absence de segments clés comme les prises de participation majoritaires, le capital secondaire, la dette privée ou les opérations de retournement.

Autre point de fragilité : la mobilisation encore timide des investisseurs institutionnels et des Family Offices marocains, alors que le secteur reste largement dépendant des institutions financières internationales (DFI), dont l’implication tend à diminuer. Pour enclencher une nouvelle dynamique, un changement d’échelle est désormais indispensable.

Face à ces constats, l’étude propose une Feuille de route articulée autour de trois leviers stratégiques visant à atteindre 5 à 6 milliards de dirhams levés annuellement à l’horizon 2030. Le premier axe vise à enclencher un cercle vertueux de financement local en portant à 70% la part des institutionnels marocains dans les levées de fonds, tout en élargissant la base des investisseurs à travers une meilleure mobilisation des Family Offices. Il s’agit aussi de faire émerger de nouvelles équipes de gestion, capables d’accompagner la croissance des entreprises à fort potentiel. Le deuxième axe ambitionne de renforcer la compétitivité de la place marocaine à l’échelle internationale, en soutenant l’internationalisation des entreprises nationales via des relais de croissance à l’étranger et des partenariats ciblés. Enfin, le troisième levier prône la création d’un dialogue public-privé renouvelé et institutionnalisé, dont l’AMIC serait le moteur, pour faire du capital-investissement un pilier structurant du développement économique.

Au-delà des objectifs financiers, cette Feuille de route vise une double contribution. À l’échelle micro-économique, elle entend améliorer la performance des entreprises via une meilleure gouvernance, l’émergence de champions nationaux, et la généralisation des standards ESG. À l’échelle macro-économique, elle aspire à renforcer la création d’emplois, développer les compétences, et stimuler l’innovation, autant de leviers clés pour une transformation économique durable.

L’AMIC appelle ainsi à un engagement commun des investisseurs, des autorités publiques et des régulateurs pour hisser le capital-investissement marocain à un nouveau palier. Avec cette stratégie partagée, le Private Equity ambitionne de passer d’un rôle d’accompagnateur à celui d’accélérateur de la croissance, de la souveraineté économique et de la cohésion sociale.

Capital-investissement marocain : des indicateurs en nette progression

• Le nombre de sociétés de gestion actives a doublé en dix ans, passant de 20 en 2014 à plus de 40 en 2025.

• Les levées de fonds ont triplé sur les deux dernières générations de fonds, atteignant 3,9 milliards de dirhams en 2024. Cette progression amorce un rééquilibrage avec les standards internationaux, avec un ratio «levées de fonds/PIB» en hausse de 0,1 à 0,2% (à comparer à 0,2% en Afrique du Sud et 1,4% en France).

• Les montants investis ou réinvestis ont également triplé sur la période, traduisant à la fois une montée en puissance du capital-investissement dans le financement de l’économie et un renforcement de la professionnalisation du secteur.

• Le rythme de désinvestissement s’est accéléré, multiplié par trois par rapport à la génération précédente de fonds, signe d’un marché plus mature et liquide.

• Le Fonds Mohammed VI pour l’investissement joue un rôle de catalyseur structurant, avec un effet multiplicateur estimé à trois, élargissant ainsi la base d’investisseurs et stimulant durablement l’attractivité du secteur.


2025-06-01 16:27:00

lematin.ma

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