can 2025/Mondial 2030: Trop chère la compétition?
Au moment où le collectif des jeunes manifestants de la GENZ212 scande des slogans anti-Coupe d’Afrique des nations 2025 et anti- Mondial 2030, l’opinion publique se pose de nombreuses questions sur les réelles retombées ou encore le véritable prix à payer par le contribuable et surtout le coût de ce type de grands événements sportifs. Ce que personne n’a jamais posé.
Depuis quelques semaines, la vox populi exprime des questionnements récurrents et légitimes sur l’endettement, les dépenses publiques dans les infrastructures de base des grandes échéances sportives (stades, réhabilitation des villes, aéroports, lignes ferroviaires, mobilité, bus, hôtels…).
D’autant plus que l’Etat ne communique pas sur les détails des montants des dépenses, les levées de fonds, la dette auprès de bailleurs de fonds internationaux… pour éviter toute récupération politique et surtout les polémiques et le buzz. Or, justement, ce déficit de communication des pouvoirs publics sur les dépenses est en train de produire l’effet inverse, puisqu’il alimente et laisse libre cours à toutes sortes de suspicions, confusions et interprétations.
Dans ce même contexte, d’aucuns, surtout des médias et officiels algériens, croyaient que la CAF allait annuler in extremis la CAN à cause des manifestations et risques de débordements… Que nenni!
Il y a quelques jours, le président de la Confédération africaine de football, Patrice Motsepe, a coupé court à toutes les rumeurs et spéculations.
Le patron de la CAF s’est dit «absolument confiant» quant à la tenue de la Coupe d’Afrique au Maroc. En effet, lors de la réunion annuelle des dirigeants du football africain, tenue il y a quelques jours à Kinshasa, le n°1 de la Confédération africaine de football a tranché une bonne fois pour toutes en faveur du maintien de l’événement majeur du continent au Maroc et ce, en présence du président de la Fifa, Gianni Infantino: «Le Maroc est le plan A, le Maroc est le plan B et le Maroc est le plan C». Et d’ajouter: «La CAF coopérera et travaillera avec le gouvernement et tous les citoyens marocains pour organiser la CAN la plus réussie de l’histoire».
Encore prématuré de chiffrer le coût réel
A ce stade, il est prématuré de chiffrer avec précision le coût réel et global de la CAN, puisque de nombreux investissements ont démarré avant la Coupe d’Afrique et devront se poursuivre jusqu’au Mondial 2030.
Selon Aziz Daouda, expert du sport et directeur technique & développement de la CAA (Confédération africaine d’athlétisme), «il y a un montant officiel qui a été annoncé. Il s’agit d’un budget global de 50 milliards de DH entre 2025, année de la Coupe d’Afrique des nations et 2030, qui coïncidera avec le Mondial».
Pour lui, «l’Etat évite de communiquer sur les chiffres et le coût d’investissement de la CAN et du Mondial, car il y a beaucoup de confusion et d’amalgames sur fond de récupération et de discours populistes».
Mais à y voir de près, poursuit l’expert et ex-DTN de l’athlétisme au Maroc, «50 milliards de DH sur 5 ans, c’est l’équivalent de 10 milliards de DH dépensés par an. C’est peanuts! Et c’est surtout gérable!»
20 milliards de DH déjà engagés
De sources officielles, pour le seul développement des infrastructures sportives pour la CAN et le Mondial, le Maroc a déjà engagé plus de 20 milliards de DH. L’essentiel de ce montant porte sur la réhabilitation et la construction de stades de nouvelle génération. A lui seul, le programme de rénovation et d’extension du complexe sportif My Abdellah de Rabat, lancé dans le sillage des préparatifs de la CAN 2025, aura coûté 7 milliards de DH. Mais est-ce beaucoup, ou pas assez?
Benchmarker d’abord
De l’avis du Dr Moncef El Yazghi, expert et spécialiste des politiques sportives, pour apprécier l’importance du coût global et de la facture à payer à leur juste valeur, il faudra le benchmarker avec les précédentes éditions de la CAN, notamment en Egypte et en Côte d’Ivoire.
La CAN de l’Egypte avait dépensé environ 3 milliards de DH (quelque 30 millions de dollars) en 2019. En revanche, pour le coût global des investissements réalisés par la Côte d’Ivoire, (lors de la CAN 2023), il est estimé à environ 760 millions d’euros. «A la différence des éditions précédentes de la compétition continentale où les stades n’étaient pas exempts de reproches, le Maroc accueille cette édition avec des infrastructures ultramodernes et qui existent déjà. De plus, ces complexes sportifs aux standards internationaux ont fait l’objet de programmes de rénovation et/ou d’extension avec le recours au dernier cri de la technologie (drones, billetterie électronique, lounges VIP, caméras de surveillance, dispositifs de sécurité…). Ce qui confirme l’ambition du Maroc d’abriter la meilleure CAN de l’histoire du continent africain», explique le chercheur et expert El Yazghi.
Justement, dans un entretien accordé en septembre dernier à la chaîne BeIN Sports, Fouzi Lekjaâ, président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF), a réaffirmé à moins de 100 jours de la CAN, «la pleine préparation du Maroc pour accueillir l’événement sportif majeur du continent». Selon lui, des «moyens exceptionnels ont été mis en œuvre pour réussir l’organisation de la meilleure CAN de l’histoire du continent».
A.R.
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2025-10-09 19:09:58
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