Bourse de Casablanca : la croissance des revenus ralentit (Attijari)

Au deuxième trimestre 2025, la hausse du chiffre d’affaires agrégé des entreprises cotées s’est établie à 5,4%, après +7,7% au premier trimestre et +10,2% au quatrième trimestre 2024. Cette décélération continue s’explique par une base de comparaison élevée ainsi que par un retour à un rythme de croissance plus modéré du secteur bancaire, historiquement considéré comme le principal moteur de la cote.

Toutefois, cette tendance trimestrielle ne reflète pas pleinement la performance semestrielle. Sur les six premiers mois de l’année, le chiffre d’affaires consolidé s’est apprécié de 7,5%, atteignant 168 milliards de dirhams, soit la plus forte croissance semestrielle enregistrée depuis trois ans. Ajusté de l’effet périmètre lié à TGCC, la progression ressort à +6,4%.

Dans le détail, treize secteurs représentant 76% de la capitalisation boursière ont affiché une croissance de leur activité. La Santé domine avec une envolée de +67,3%, suivie par le BTP (+26%) et l’Automobile (+20,6%). Les secteurs portuaire, NTI, grande distribution, financement, ciment, assurances, banques, agroalimentaire et mines ont également enregistré des croissances comprises entre +3 % et +17 %.

Le secteur agricole est resté stable (+0,3 %), alors que trois secteurs — représentant à eux seuls près d’un quart de la capitalisation — ont vu leurs revenus diminuer : l’immobilier (-6,3 %), l’énergie (-4 %) et les télécommunications (-1 %). Dans le cas de l’immobilier, la baisse est attribuée au recul de 23,2 % du chiffre d’affaires d’Addoha, lié à un changement de règles comptables. Hors cet effet, le secteur aurait enregistré une hausse de +11,2 %.

Face à ces résultats contrastés, la question de la soutenabilité des valorisations, notamment dans l’immobilier, qui se négocie à un multiple de 43,9x les bénéfices projetés pour 2025 est amenée à ressurgir.

Le secteur bancaire conserve son rôle central dans la dynamique boursière marocaine. Son produit net bancaire (PNB) consolidé a progressé de +7,7%, atteignant 49,2 milliards de dirhams à fin juin, contre 45,7 milliards un an plus tôt. Ce résultat représente déjà 50% de la prévision annuelle de 98,2 milliards formulée par AGR.

Sur l’ensemble de l’année 2025, AGR table désormais sur une hausse du PNB de +7,2%, révisée à la hausse par rapport à l’estimation initiale de +5,6 %. Le coefficient d’exploitation devrait s’améliorer à 41,6% (-1,2 point par rapport à 2024), grâce à une croissance plus rapide des revenus que des charges. Le coût du risque devrait augmenter modérément de 0,7%, dans un contexte économique en amélioration au Maroc comme dans les autres marchés d’exposition des banques marocaines (Égypte, Cameroun).

En parallèle, le Résultat Net Part du Groupe (RNPG) du secteur devrait progresser de +12,2%, passant de 19,3 milliards de dirhams en 2024 à 21,6 milliards en 2025. Ce rebond s’expliquerait par l’effet conjugué de la dynamique du PNB, de la maîtrise des frais de gestion et de la modération du coût du risque.

Le ralentissement de la croissance trimestrielle observé au T2-2025 semble traduire une normalisation attendue après plusieurs trimestres de forte progression. Il n’en demeure pas moins que les performances semestrielles restent robustes, portées par des secteurs à fort potentiel comme la santé ou le BTP ou l’automobile. Le maintien d’un rythme soutenu dans les résultats des banques vient par ailleurs conforter les anticipations favorables sur l’année en cours.