Aïd Al-Adha : comment les hôtels s’adaptent à l’annulation du rituel du sacrifice

Lahcen Zelmat, président de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH), aborde en tout cas avec un certain pragmatisme les conséquences de cette nouvelle donne sur le secteur hôtelier. S’il reconnaît l’impact potentiel de cette annulation sur les réservations, il tempère son propos en soulignant que le vrai problème réside plutôt ailleurs. «Il est vrai que l’annulation du rituel aura un impact, mais la vraie problématique est surtout la fenêtre très courte pour profiter de la fête de Aïd Al-Adha, tombant un samedi. Cela décourage les familles de planifier un voyage à proprement parler», déclare-t-il. M. Zelmat explique que les familles, traditionnellement enclines à voyager pour cette fête religieuse, se retrouvent avec peu de jours de repos pour justifier un déplacement et un investissement financier important.

Ambiance festive, mais dans le respect de l’appel Royal

Le marketing avant le profit ?

Interrogé sur les pertes potentielles en termes de chiffre d’affaires, M. Chaoui explique que l’Aïd, traditionnellement, ne génère pas de marges significatives en raison des coûts élevés qu’il implique. Il le considère plutôt comme une opportunité marketing stratégique, axée sur l’amélioration de l’image de marque et la fidélisation de la clientèle. «Nous ne faisons d’ordinaire pas de gros profits durant cette période. C’est davantage une opération de communication et de fidélisation. En fait, la vraie valeur de ces offres réside dans la visibilité qu’elles donnent à l’établissement et dans la fidélisation des clients. Nous visons à offrir une expérience de qualité aux touristes marocains, notamment ceux qui veulent passer les fêtes religieuses. Nous en faisons un point d’honneur», assure l’hôtelier.

L’Aïd, plutôt un tremplin pour les voyages ?

Ali El Kadiri, président de l’Association régionale de l’industrie hôtelière (ARIH) de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, voit pour sa part les choses sous un angle différent. Il estime que l’annulation du rituel pourrait, paradoxalement, stimuler le tourisme. «Sans la contrainte de rester chez soi pour le sacrifice, certains Marocains pourraient en profiter pour voyager davantage», soutient-il. Il tempère cependant : «Les réservations ne sont pas encore en pleine effervescence, mais elles sont dans la moyenne de la saison. Cependant, les Marocains ont souvent tendance à attendre la dernière minute pour réserver». Le professionnel estime que la courte durée des vacances ne freinera pas l’enthousiasme des personnes qui désirent voyager. «Ceux qui veulent voyager trouveront toujours le moyen de “créer un pont” ou de “provoquer un week-end prolongé”», affirme-t-il, badin.

Sacrifice ou pas, les familles fidèles au poste

Malgré l’absence du sacrifice cette année, l’attrait des hôtels semble persister. La plupart des familles interrogées par notre rédaction, habituées à passer l’Aïd à l’hôtel, prévoient de maintenir leurs plans. Pour elles, l’Aïd reste un moment privilégié, synonyme de retrouvailles, de célébration et de convivialité, même dans un contexte différent. L’annulation du rituel du sacrifice n’y change rien. Par ailleurs, certaines familles, auparavant réticentes aux voyages pour l’Aïd, ont déclaré avoir choisi de réorienter le budget initialement consacré à l’achat du mouton vers des escapades touristiques, confirmant ainsi les propos de M. El Kadiri.