Agriculture durable : le Maroc au cœur d’un ambitieux programme de financement du Fonds Mirova Sustainable Land 2
Concrètement, Mirova mobilise, à partir de cette année, un financement total de 363 millions d’euros, dont 75 millions levés auprès du Fonds vert pour le climat (GCF). Les projets spécifiques à financer au Maroc seront identifiés lors de la phase de mise en œuvre du programme qui couvre une période de 12 ans. L’accent sera ainsi mis sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES), l’adaptation au climat, l’équité de genre et la création d’emplois durables. Le Fonds soutiendra des projets agricoles résilients ayant le potentiel d’améliorer la capacité du secteur à résister et à se remettre des variations ou des chocs liés au climat. Cela inclut des mesures à l’instar du développement de variétés de cultures résistantes à la sécheresse ou des modèles d’agroforesterie résilients.
Selon les données du Fonds, la dégradation des terres agricoles au Maroc ne cesse de s’aggraver. Les statistiques font, en effet, état de 3,58 millions d’hectares qui seraient touchés du fait des sécheresses successives, des inondations, de la montée des températures et de l’érosion des sols. «Le Maroc est très vulnérable à la variabilité et au changement climatique. Les environnements climatiques et socio-économiques dans les zones semi-arides du pays rendent les communautés vulnérables à l’insécurité alimentaire et à des moyens de subsistance instables, et conduisent à des systèmes agro-écologiques non durables, à des échecs de récoltes et à des pâturages improductifs», souligne le Fonds.
À l’échelle mondiale, la dégradation des terres pourrait réduire la production alimentaire de jusqu’à 12%, entraînant une augmentation de 30% des prix alimentaires mondiaux et réduisant la sécurité alimentaire pour les personnes vulnérables. Par ailleurs, la demande alimentaire devrait augmenter de 45% d’ici 2050. Ce qui nécessitera une intensification et une expansion supplémentaires des terres agricoles, entraînant la perte de 3 millions d’hectares de zones naturelles, principalement en Afrique subsaharienne et en Amérique latine.
De même, 50% de la population mondiale sont directement affectés par la dégradation des terres dans les zones où les gens dépendent des activités agricoles, piégés dans une spirale descendante de réduction de la productivité. Selon le Rapport 2022 de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) sur l’état de la sécurité alimentaire dans le monde, seulement 1,7% du financement climatique mondial atteint les petits producteurs, dont les revenus sont fortement impactés par le déclin de la productivité des sols. Le déploiement du programme du Mirova dans les 7 pays cibles (Costa Rica, Côte d’Ivoire, Ghana, Malaisie, Maroc, Pérou, Philippines) devra contribuer à la réduction des émissions de GES dans le secteur de l’agriculture, de la foresterie et de l’utilisation des terres (AFOLU), qui représente 22,8% des émissions nationales au Maroc. Il s’agira de séquestrer environ 17,2 millions de tonnes CO₂ sur l’ensemble des pays cibles sur la durée de vie du Fonds.
Autre objectif : Améliorer la résilience des communautés vulnérables face aux impacts climatiques, en ciblant 63.000 bénéficiaires directs et 251.000 bénéficiaires indirects à l’échelle du programme, ainsi que la mise sous gestion durable de 105.000 hectares de ressources naturelles. À cela s’ajoute la conservation des écosystèmes et de la biodiversité à travers la préservation de 5.600 hectares de terres agricoles et forestières à l’échelle des 7 pays. Parmi les interventions prévues, la mise en place d’un véhicule d’investissement pour financer des entreprises dans l’agriculture régénérative (60% du Fonds) et la foresterie durable (40% du Fonds).
Au Maroc, cela inclut des pratiques comme l’agroforesterie et l’agriculture biologique pour améliorer la séquestration du carbone et la résilience des sols. Et ce n’est pas tout. Une autre composante du MSLF2 portera sur la mobilisation d’une assistance technique pour préparer les entreprises cibles à être prêtes à l’investissement, mettre en œuvre des pratiques durables et assurer le suivi des impacts environnementaux et sociaux. Cette opération comprend le soutien à l’obtention de certifications (Rainforest Alliance, FSC) et l’amélioration de la traçabilité dans les chaînes d’approvisionnement. Mirova n’est pas un inconnu sur le marché marocain. Le Fonds a investi dans Atlas Fruits Company, un acteur opérant dans la filière agrumicole. Mirova accompagne actuellement cette entreprise dans la mise en place des «meilleures» pratiques pour une gestion de l’eau efficiente. La prise de participation minoritaire du Fonds LDN, géré par Mirova, dans la société Atlas Fruits Company (fondée en 2009) permettra notamment l’amélioration des systèmes d’irrigation, la mise en place de systèmes agro-forestiers et le développement de l’agriculture de précision dans des vergers existants. Les pratiques les plus concluantes pourront ensuite être diffusées et partagées à l’échelle nationale et sur le continent africain dans le cadre de l’initiative AAA (Adaptation de l’Agriculture Africaine) pour assurer la diversification à d’autres cultures. Le projet de transformation, en cours d’exécution, sera clôturé en 2028.
Résultats attendus, la gestion durable et la lutte contre la dégradation des terres sur plus de 1.000 hectares et la création de 1.000 emplois dans les fermes et de 300 emplois supplémentaires en considérant l’activité d’emballage et la distribution de la production. Autres impacts en vue : la formation des employés de la société à la récolte, aux bonnes pratiques agricoles et aux droits du travail, conformément aux meilleures pratiques en matière de santé et de sécurité et la séquestration de près de 2.000 tonnes de CO₂ par hectare et par an.
2025-05-27 11:35:00
lematin.ma
