Accès aux médicaments : les défis du partenariat Turquie-Afrique
En ouverture des travaux, Kemal Memişoğlu, ministre de la Santé de Turquie, a rappelé la transformation spectaculaire du système de santé de son pays sous la direction du Président Erdoğan, basé sur la vision d’une «Turquie saine». Ce modèle, désormais cité en exemple international grâce à ses villes-hôpitaux modernes, à sa numérisation avancée et à son approche préventive, a prouvé sa résilience lors de l’épreuve de la Covid-19. Le ministre a insisté sur la puissance de production nationale turque, gérée par la présidence des Instituts de santé, visant l’autosuffisance en médicaments, dispositifs et vaccins, et contribuant activement à la croissance économique par l’exportation de technologie. Surtout, la Turquie se positionne comme un partenaire prêt à mener des travaux conjoints avec l’Afrique, fort de son soutien déjà concret sur le terrain, comme en témoignent les hôpitaux de référence établis à Mogadiscio, au Soudan et au Niger.
Faisant écho à cet appel à la solidarité, Rajen Narsinghen, ministre délégué aux Affaires étrangères, à l’intégration régionale et au commerce international de Maurice, a lancé un fervent plaidoyer pour une nouvelle approche des affaires. Pour ce pays insulaire, qui se définit comme un carrefour de civilisations et un pôle d’accès à l’Afrique, il est crucial que le modèle de santé ne bascule pas entièrement vers le pur commercial, mais reste un modèle synthétique, durable et équitable. Le ministre a salué les investisseurs turcs, qu’il voit venir avec des «mains propres et un esprit propre», cherchant à établir des relations sur un pied d’égalité.
Malgré son statut d’État-providence offrant des soins gratuits, Maurice reste un importateur net de produits pharmaceutiques, confronté à des prix élevés en raison d’une concurrence limitée. C’est pourquoi l’Île Maurice invite activement les entreprises turques à utiliser son cadre réglementaire attractif et sa stabilité politique pour s’implanter. Les incitations fiscales, incluant des vacances allant jusqu’à dix ans et l’exonération de TVA sur les équipements, sont conçues pour faire de Maurice une porte d’entrée régionale vers le grand marché africain de 1,5 milliard de personnes, notamment via le port franc et les blocs commerciaux comme la COMESA et la SADC.
Le ton a ensuite changé lorsque les experts se sont penchés sur les réalités du terrain, confrontant la grande vision aux défis concrets de la mise en œuvre. Le Dr Hannington Byarugaba, dont le City Ambulance Group couvre les services médicaux d’urgence en Afrique de l’Est et Centrale, a souligné que le renforcement des fournitures reposait sur des partenariats pour garantir des produits de qualité et, surtout, pour maîtriser la logistique du «dernier kilomètre». Face aux défis énergétiques, il a même insisté sur la nécessité de systèmes solaires pour garantir la chaîne du froid des vaccins. Pour les entreprises turques, il voit trois opportunités majeures : l’assemblage local de véhicules d’urgence, la fabrication d’équipements médicaux (vaccins, diagnostics) suite à l’essor post-pandémique du secteur privé, ainsi que la numérisation des systèmes d’expédition d’ambulances et des dossiers de santé.
Pourtant, ces investissements tangibles se heurtent à un mur bureaucratique, comme l’a exposé sans détour le Dr Mustafa Oğuzcan Bülbül, représentant d’Abdi İbrahim Pharmaceuticals, leader centenaire de l’industrie turque. Bien qu’Abdi İbrahim investisse massivement dans la biotechnologie et utilise son usine algérienne comme plateforme pour le continent, l’attente pour l’obtention des licences (autorisations de mise sur le marché) représente le «défi le plus critique» selon M Bülbül. Dans certains pays africains, cette attente peut atteindre six ans, empêchant les médicaments d’atteindre les patients. La solution proposée par l’expert est l’harmonisation réglementaire et la reconnaissance mutuelle des licences entre les blocs régionaux africains, une mesure qui permettrait l’entrée rapide de génériques et de biosimilaires abordables, cassant la domination des médicaments d’origine plus coûteux.
Mais au-delà des produits et des réglementations, d’autres experts ont insisté sur l’impératif humain et structurel. Vahap Doğan, du Güven Health Group, fort de son expérience en administration médicale, a rappelé que la formation du personnel est l’un des plus grands problèmes en Afrique. La Turquie, riche de millions de personnels de santé, pourrait jouer un rôle pivot en établissant des écoles professionnelles de santé et en envoyant des instructeurs. Il a illustré le paradoxe : même les médicaments et fournitures envoyés peuvent être inutilisés si le personnel local n’est pas suffisamment formé. De plus, le problème de la pénurie biomédicale est aggravé par le manque d’infrastructure de maintenance et de pièces détachées, obligeant parfois les pays à acheter des dispositifs en double pour cannibaliser le second. L’expert suggère de recourir aux retraités turcs qualifiés et de créer des centres de réparation accessibles en Afrique.
Dr Moez Mokaddem, du groupe égyptien Moharram & Partners, a renforcé l’idée que pour localiser l’industrie pharmaceutique et passer outre les «déserts médicaux», le partenariat public-privé (PPP) est «un masque» obligatoire pour avancer rapidement. Il a souligné que l’État doit désormais agir comme un partenaire à part entière dans ces projets économiques, qui doivent rester rentables pour être durables.
Le financement est la partie souvent négligée des PPP, et il est essentiel d’inclure un tiers investisseur qui partage les risques, car les emprunts bancaires classiques ne sont pas adaptés. Pour attirer ces capitaux, il est impératif d’assurer une «transparence totale» de tous les processus (enregistrement, tarification, remboursement…). Une transparence qui ne peut être atteinte que par la digitalisation. L’expert a conclu en insistant sur la nécessité pour les États africains de faire plus que de simples incitations fiscales, suggérant par exemple de réserver une part de la commande publique à l’industrie pharmaceutique locale, un levier décisif pour la localisation.
Si les investisseurs turcs sont invités à apporter leur technologie et leur modèle de production durable (jusqu’à l’utilisation de biopolymères à base de noyaux d’olive pour les emballages), le succès de cette coopération Turquie-Afrique repose sur une action conjuguée : la Turquie doit apporter la richesse de ses ressources humaines et technologiques, tandis que les États africains doivent de toute urgence harmoniser les règles, garantir la transparence et bâtir des structures de maintenance et de formation solides. C’est dans cette alliance de l’éthique, de l’économie et de la régulation que réside l’espoir d’une santé véritablement accessible à tous.
Souveraineté sanitaire : Omar Hejira plaide pour une alliance stratégique Turquie-Afrique
À Istanbul, Omar Hejira a lancé un appel clair à ses partenaires africains et turcs : unir les forces pour bâtir une véritable souveraineté sanitaire africaine. Intervenant à l’occasion du 5e Forum d’affaires et économique Turquie-Afrique (TABEF), le secrétaire d’État marocain chargé du Commerce extérieur a présenté une vision ambitieuse fondée sur la coopération industrielle, l’innovation et l’intégration régionale.
«La coopération Turquie-Afrique offre une réponse pragmatique et structurante à ces enjeux», a-t-il affirmé devant un parterre d’acteurs publics et privés, en ouverture d’un panel consacré aux produits pharmaceutiques et approvisionnement médical. Face à des défis sanitaires croissants et à une dépendance encore forte envers l’étranger, le ministre a défendu une alliance stratégique Turquie-Afrique pour bâtir une industrie pharmaceutique plus autonome, plus résiliente et plus compétitive. «En conjuguant nos atouts, nous pouvons renforcer notre souveraineté sanitaire commune et faire de la santé un moteur de développement durable pour l’ensemble de notre cher continent», a-t-il déclaré, traçant les grandes lignes d’un partenariat structurant entre les deux rives.
M. Hejira a détaillé les leviers de cette alliance qui, selon ses mots, doivent constituer «le socle d’un partenariat solide». Il a ainsi proposé une feuille de route articulée autour de quatre axes : création de plateformes industrielles conjointes pour répondre aux besoins des marchés, renforcement des partenariats en recherche et développement, appui logistique à travers les infrastructures marocaines, notamment les ports de Tanger, Casablanca, Nador et Dakhla, et mise en place de mécanismes conjoints de financement et d’investissement. Pour le ministre, ces actions peuvent être «portées par des partenariats public-privé appuyés par un cadre institutionnel favorisant le transfert de savoir-faire, la reconnaissance mutuelle des certifications et la facilitation de l’accès au marché».
Cette vision partenariale s’inscrit dans une stratégie plus vaste portée par le Royaume. M. Hejira a rappelé qu’en deux décennies, le pays a construit une industrie pharmaceutique solide, moderne et compétitive. «Sous la conduite éclairée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, le Maroc a engagé depuis deux décennies une politique industrielle ambitieuse faisant du secteur pharmaceutique un levier stratégique de souveraineté sanitaire et de croissance économique», a-t-il déclaré. L’épisode de Covid-19 a servi de catalyseur. Le Maroc a rapidement mobilisé son industrie pour produire masques, gels, tests et médicaments essentiels, assurant son autonomie sanitaire tout en soutenant d’autres pays africains.
Aujourd’hui, le Maroc est le quatrième exportateur africain de produits pharmaceutiques. Plus de 60 unités industrielles couvrent 70% des besoins nationaux et approvisionnent 40 pays en Afrique, en Europe et dans la région MENA. «Les exportations marocaines de l’industrie pharmaceutique ont connu un fort dynamisme, passant de 1,1 milliard de dirhams en 2020 à 1,5 milliard de dirhams en 2024, soit une croissance annuelle de plus de 8%», souligne le ministre. Au niveau africain, le Maroc a également renforcé sa part du marché à l’export, passant de 6% en 2011 à 11% en 2024.
L’ambition du Royaume s’inscrit dans une vision continentale de long terme. «Le Maroc œuvre également dans le cadre de l’agenda 2063 de l’Union africaine à la construction d’une Afrique intégrée et souveraine en matière de santé : promotion de la production locale des médicaments et vaccins, harmonisation réglementaire, création de pôles régionaux de fabrication... ces efforts s’inscrivent pleinement dans l’objectif de développement durable numéro 3 sur la santé et le bien-être», affirme le responsable. Il a également mis en avant l’importance de la durabilité, soulignant que le Maroc accordait une importance particulière à la soutenabilité environnementale du secteur : réduction de l’empreinte carbone, gestion des déchets et rationalisation des ressources… Des principes, précise-t-il, qui ont été largement intégrés dans les politiques industrielles du pays et dans les nouveaux projets de zones dédiées à la santé et aux biotechnologies.
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2025-10-17 14:40:00
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