Fès: La décharge publique risque de déclencher une crise écologique
Alors que Fès se prépare à accueillir la Coupe d’Afrique des Nations 2025, un problème environnemental majeur vient assombrir les préparatifs : des bassins de lixiviat, liquide toxique issu de la décharge intercommunale, continuent de s’étendre à ciel ouvert.
Ce fléau écologique, qui génère des odeurs insupportables et menace la nappe phréatique, pourrait gravement ternir l’image de la ville durant cet événement continental. Pourtant, une solution pérenne était envisagée : la construction d’une station de traitement dédiée au lixiviat, estimée à 1 milliard de dirhams, et censée résoudre durablement cette crise. Ce projet, timidement amorcé, aurait pu marquer un tournant dans la gestion des déchets à Fès.
Mais coup de théâtre : la Société Régionale Multiservices (SRM) Fès-Meknès a récemment annulé la mission d’étude confiée par la RADEEF au bureau CID. Cette décision remet entièrement à zéro le processus de mise en œuvre et reporte la solution à un horizon lointain — bien au-delà de l’échéance de la CAN 2025. En d’autres termes, le projet est gelé, alors même que la situation sur le terrain devient critique.
La décharge de Fès, qui reçoit plus de 1.000 tonnes de déchets par jour, n’est plus en mesure de gérer efficacement le lixiviat. Faute de station de traitement, le liquide est stocké dans des bassins d’évaporation à ciel ouvert, situés à seulement deux kilomètres du barrage El Guaada, exposant la ville à un risque de pollution de la nappe phréatique. Ces bassins sont également responsables d’importantes nuisances olfactives, qui ont déjà affecté des événements sportifs récents, notamment la finale de la Coupe du Trône. La proximité du site avec le CHU Hassan II et le complexe sportif de Fès ne fait qu’amplifier l’inquiétude.
Face à cette impasse, une option provisoire est évoquée par plusieurs experts : transférer le lixiviat vers la station de traitement de Meknès, la seule au Maroc à assurer un traitement complet grâce à la technologie EVALIX. Cette installation ne tournerait actuellement qu’à 50 % de sa capacité, ce qui rend techniquement possible le traitement du lixiviat de Fès par camions-citernes.
Ce plan de secours permettrait de désengorger progressivement les bassins, de réduire les odeurs, et de sécuriser temporairement le site – à défaut de solution définitive. À quelques mois d’un événement international de grande envergure, Fès n’a plus le luxe d’attendre. L’arrêt du projet de station de traitement est un signal d’alerte : sans volonté politique forte ni mesures transitoires concrètes, c’est non seulement la réussite de la CAN 2025 qui est menacée, mais aussi la santé des habitants et l’environnement de toute une région. Y.S.A
2025-08-10 15:55:58
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