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Mondial 2030 : le Maroc a besoin de villes humaines avec une touche marocaine (architecte-urbaniste)

Mondial 2030 : le Maroc a besoin de villes humaines avec une touche marocaine (architecte-urbaniste)

Mondial 2030 : le Maroc a besoin de villes humaines avec une touche marocaine (architecte-urbaniste)

Le Matin : La Coupe du Monde 2030 est un accélérateur de projets urbains : selon vous, cette accélération laisse-t-elle suffisamment de place à une vision urbaine cohérente et contextualisée, ou risque-t-elle de générer des ruptures territoriales et sociales durables ?

Mohamed Begdouri : Vous avez raison, la Coupe du Monde joue le rôle d’accélérateur seulement, car notre pays ne cesse d’enregistrer des performances en matière de développement, avec ou sans Coupe du Monde : un pays sûr de lui, qui a douze siècles continus d’existence en tant qu’État souverain, n’a pas besoin d’événements internationaux pour parcourir son chemin.

Alors, est-ce que cette accélération est de nature à donner lieu à une vision urbaine cohérente ou risque-t-elle de générer des ruptures ?

La réponse est la suivante : tout est une question de gouvernance ! Tout d’abord, la vision urbaine et la mise en œuvre des projets sont une affaire de métier : nos architectes, nos ingénieurs, nos topographes, nos géographes… doivent être mobilisés pour la cause. Ça, c’est le volet technique. Mais les élus doivent jouer un rôle déterminant pour une meilleure contextualisation des projets et une meilleure acceptation par la population, voire une participation de celle-ci. Nos institutions démocratiques sont en fonction – sous cette forme moderne – depuis plusieurs décennies et elles consomment un budget conséquent. Leur efficacité doit être démontrée, et c’est une excellente occasion ! Je dois noter au passage que, pour le moment, leur rôle reste imperceptible. Ce qui renforcerait le risque de rupture territoriale. Mais je préfère espérer me tromper sur ce point. J’ai déjà publié un livre sur ce que je pense de l’urbanisme dans notre pays ; je ne veux pas me répéter.

Dans des projets emblématiques comme Casa Anfa ou Tanger Tech, comment concilier modernité, attractivité économique et continuité urbaine avec les tissus existants souvent hétérogènes et sous-équipés ?

Avec les moyens technologiques actuels, et en particulier le numérique (y compris l’intelligence artificielle), le discours sur la modernité et la tradition devient sans objet. Aujourd’hui, l’humanité tout entière est mise sur un même niveau de potentialités : tout peut être accéléré – l’aménagement urbain durable, l’architecture bioclimatique, la qualité environnementale dans le mode de vie urbain… Il suffit d’être présent dans la course pour prendre sa place sur l’échiquier mondial. Le vrai défi, c’est la formation de l’Homme pour pouvoir appartenir à son temps.

Les projets que vous avez cités, et bien d’autres, peuvent très bien être conçus selon les principes de durabilité et d’insertion sociale et culturelle dans les deux sens : vis-à-vis de la population locale et à l’adresse des visiteurs. Il faut apprendre à faire de nos faiblesses des opportunités réelles. C’est cela, le vrai défi.

La dynamique actuelle semble concentrée sur les grandes métropoles. Comment éviter que cette stratégie d’aménagement n’aggrave les déséquilibres territoriaux entre le littoral modernisé et l’intérieur du pays souvent marginalisé ?

En principe, au Maroc, il ne doit exister aucun territoire marginalisé. Chaque commune doit disposer d’un plan d’action communal. Ce dernier est, en fait, une banque de projets à réaliser, souvent en partenariat avec plusieurs acteurs. Ceci sans parler des plans provinciaux de développement et des plans régionaux qui ont tous pour objectif le développement territorial. Alors, comment voulez-vous que des territoires soient marginalisés ? Certes, si les élus et acteurs locaux font le choix de soustraire leurs territoires au développement, oui : à ce moment-là, ces territoires seront marginalisés. Mais c’est la faute à qui ?

La durabilité est aujourd’hui un impératif : voyez-vous une véritable intégration des logiques bioclimatiques, de gestion des ressources et de résilience urbaine dans ces grands projets ?

C’est en fait une nécessité. La durabilité, l’espace numérique, l’humanisation de l’espace urbain… sont aujourd’hui des impératifs incontournables. Aujourd’hui, les populations se partagent les informations à l’échelle mondiale, elles font des comparaisons… Nos responsables sont vraiment dans une situation très embarrassante : ils doivent être compétitifs par rapport à des pays qui enregistrent des performances exemplaires.

Par conséquent, la population, et en particulier les jeunes, est de plus en plus exigeante, et il faut d’abord la comprendre, ensuite la satisfaire. Il s’agit là d’une mutation réelle à mener en faveur des générations futures.

En tant qu’architecte-urbaniste, quelles conditions fondamentales faudrait-il garantir aujourd’hui pour que ces transformations urbaines, au-delà de leur dimension événementielle, produisent une ville vivable, inclusive et marocaine dans son essence ?

C’est un travail de fond qui n’implique pas seulement l’urbanisme : il faut réussir sur tous les fronts. Il faut des villes humaines avec une touche marocaine.


2025-07-31 14:05:00

lematin.ma

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