Banques cotées : cap sur 24 milliards de dirhams de bénéfices en 2027 (Attijari)

À la lumière de ces nouvelles perspectives, AGR recommande désormais aux investisseurs de « surpondérer » le secteur bancaire dans leurs portefeuilles. Une orientation qui s’appuie notamment sur un potentiel d’appréciation de 18%, en lien avec une capitalisation boursière cible de 379 milliards de dirhams contre 320 milliards auparavant.

Le contexte actuel est favorable à une reprise du crédit bancaire. Les taux d’intérêt sont en baisse depuis le début de l’année 2025, ce qui facilite le financement de l’économie, notamment pour l’État. Bank Al-Maghrib a maintenu son taux directeur à 2,25% lors de sa dernière réunion, après deux baisses successives en décembre 2024 et mars 2025, grâce à une inflation bien maîtrisée (seulement 0,7% en avril et 0,4% en mai, bien en dessous de l’objectif de 2%).

En conséquence, les taux d’emprunt appliqués par les banques baissent également : ils ont reculé à 4,98% au premier trimestre 2025. Tout cela crée un environnement favorable à l’emprunt, et les crédits bancaires devraient fortement progresser, avec une croissance estimée à plus de 6% en 2025 et 2026.

Le Produit Net Bancaire (PNB) des établissements cotés devrait s’établir à 95,8 milliards de dirhams en 2025, soit une croissance annuelle de 7,2%, contre une prévision initiale de 5,6%. Cette dynamique serait tirée essentiellement par la bonne tenue des activités de marché. À l’horizon 2027, le PNB du secteur atteindrait 108 milliards de dirhams, avec un taux de croissance annuel moyen (TCAM) estimé à 4,9%, soutenu par une reprise solide de l’activité crédit.

Autre élément de soutien, l’amélioration plus rapide que prévu du coefficient d’exploitation, qui passerait en moyenne à 41,2% sur la période 2025-2027, contre 42,8% en 2024. Cette baisse est attribuée à une progression des revenus bancaires plus rapide que celle des charges opérationnelles. AGR anticipe, en effet, une croissance moyenne des produits de +5,7% sur cette période, contre +4,0% pour les frais de gestion.

Côté risques, le coût du risque (CDR) devrait évoluer de manière plus modérée que prévu. Alors qu’il était initialement attendu en hausse de 2,1% en 2025, AGR l’ajuste désormais à +0,7%, grâce à l’amélioration du contexte économique au Maroc, mais aussi en Égypte et au Cameroun. Le taux de CDR poursuivrait ainsi sa normalisation pour atteindre 108 points de base d’ici 2027, soit des niveaux comparables à ceux de 2022.

L’ensemble de ces paramètres alimente une trajectoire ascendante des résultats. Le RNPG des banques cotées enregistrerait une hausse de 12,2% en 2025, contre 7,4% anticipé auparavant. Cette dynamique positive devrait se poursuivre, avec un TCAM de 6,6% jusqu’en 2027. À cette échéance, les bénéfices combinés des banques franchiraient la barre des 24 milliards de dirhams, atteignant précisément 24,59 milliards.

En parallèle, la valorisation du secteur est toujours jugée attractive. Selon les calculs d’AGR, le ratio cours/bénéfice (P/E) moyen des banques sur la période 2025-2027 devrait s’établir à 13,4. Ce niveau représente une décote de 25% par rapport à la moyenne observée entre 2014 et 2024 (18,0), signalant un potentiel de revalorisation significatif.

Enfin, les perspectives en matière de distribution de dividendes renforcent l’attrait du secteur. Le rendement moyen attendu serait de 3,5% par an, soit un niveau supérieur au taux moyen des obligations d’État à 5 ans, évalué à 2,5%. Un argument supplémentaire pour les investisseurs à la recherche de revenus réguliers.