OCP connecte l’Atlantique à Khouribga via un pipeline d’eau dessalée

« L’eau de mer de notre pays est arrivée au centre du Royaume », s’est réjouie Hanane Mourchid, Directrice Développement Durable et Innovation du Groupe OCP, lors de la mise en service de ce pipeline, ce 14 juillet 2025. Lancé en juillet 2023, le chantier a été mené à bien en un temps record de 24 mois, témoignant de l’urgence de répondre au stress hydrique croissant et de la capacité d’exécution du groupe.

Une infrastructure pionnière au service de la souveraineté hydrique

Long de 203 kilomètres, le pipeline J2K affiche une capacité de transfert de 80 millions de m³ d’eau par an. Il relie la station de dessalement de Jorf Lasfar, alimentée par cogénération, à la mine de Khouribga. Le dispositif comprend une station de pompage, un bassin de stockage de 25.000 m³, huit stations de surveillance de la pression, ainsi que des systèmes de détection de fuites et de protection cathodique. Pour la première fois au Maroc, des essais hydrauliques par pigging ont été réalisés, renforçant la sécurité et la performance de l’infrastructure.

Les retombées sont multiples : outre l’autonomie hydrique du complexe minier de Khouribga, le pipeline permettra, dans une deuxième phase, de sécuriser l’alimentation en eau potable de la ville. Un programme de recherche, lancé par l’UM6P et INNOVX, explore également l’usage de ces eaux non conventionnelles pour l’irrigation de cultures à haute valeur ajoutée.

Un chantier structurant à fort impact local

Réalisé par le groupement SGTM/STAM, le projet a mobilisé une enveloppe d’environ 5 milliards de dirhams, dans le cadre d’un programme global d’investissement de 40 milliards de dirhams dédié à l’eau. Le financement a été assuré par une combinaison d’acteurs marocains et internationaux, dont l’IFC, la KFW, l’AFD, l’OCP, et aussi la CDG via des opérations de titrisation. Sur ce montant, 1 milliard de dirhams provient directement de l’IFC.

Le chantier a généré 1 million de jours-homme, soit une moyenne de 1.300 emplois par jour pendant deux ans, dont 86% de main-d’œuvre locale. À l’exploitation, une centaine d’emplois permanents ont été créés.

Une approche durable et circulaire

Le pipeline s’inscrit dans une approche intégrée combinant dessalement, traitement et réutilisation des eaux usées. Cette stratégie vise à réduire la pression sur les ressources naturelles et à offrir une solution pérenne aux besoins en eau dans les territoires traversés. L’eau dessalée alimente non seulement les sites industriels, mais également les populations locales, contribuant à une création de valeur partagée.

Côté performance économique, OCP vise un coût de production de l’eau dessalée à 5 DH/m³, aligné sur les benchmarks les plus compétitifs à l’échelle internationale, notamment ceux observés au Moyen-Orient. Si ce niveau n’est pas encore atteint (le coût actuel restant environ 20% plus élevé), une stratégie de réduction progressive est en place, grâce à l’optimisation des processus énergétiques, à l’innovation en ingénierie et à la rationalisation des coûts d’exploitation. Les prochaines stations, telles que celle de 150 millions de m³, seront significativement moins coûteuses que les premières, en capitalisant sur l’expérience accumulée.

Une extension du réseau vers l’intérieur

Le pipeline J2K constitue le premier jalon d’un vaste réseau d’acheminement d’eau dessalée que l’OCP entend développer. Dès 2026, une nouvelle conduite baptisée Safi–Gantour (S2G) reliera la future station de dessalement de Safi aux pôles industriels de Mzinda, Benguerir et Louta, tout en assurant l’alimentation en eau potable de Benguerir. En parallèle, Marrakech et Youssoufia seront raccordées, comme convenu avec les autorités, à la même station via une autre conduite actuellement en construction par la SRM Marrakech-Safi.