Femmes ingénieures : un 6ᵉ rendez-vous national pour penser le Maroc numérique de demain

Lors de son intervention, Leïla Benali, ministre de la Transition énergétique et du développement durable, a d’abord noté que cette rencontre avait permis de mettre en exergue le rôle central des femmes ingénieures marocaines, en insistant sur l’importance des spécificités du numérique et sur les atouts du Royaume dans ce domaine, notamment dans les secteurs stratégiques comme l’énergie. Elle a également rappelé que le numérique constitue un moteur clé du développement, en particulier pour l’emploi des femmes. Elle a souligné que la digitalisation des services publics, déjà amorcée dans plusieurs ministères, permettait une interaction plus fluide avec les citoyens, et qu’elle était essentielle à la réussite de la transition énergétique et verte.

La ministre a par ailleurs mis en garde contre la marginalisation des compétences féminines, qui représenterait, selon elle, un frein inacceptable au progrès. Elle a plaidé pour une mobilisation conjointe des femmes et des hommes afin de combler la fracture numérique et de favoriser un accès équitable aux métiers du futur.

De son côté, Omar Seghrouchni, président de la Commission nationale de contrôle de la protection des données à caractère personnel (CNDP), a insisté sur la nécessité d’un numérique à portée humaine. Pour lui, le déploiement des technologies ne doit pas se réduire à leurs dimensions techniques ou commerciales, mais doit intégrer des valeurs éthiques et une lecture sociale des impacts. Il a notamment appelé les ingénieures à jouer un rôle actif dans la diffusion de ces valeurs dans leur environnement professionnel et sociétal, en collaborant étroitement avec les milieux académiques et en exprimant leurs visions de manière claire et responsable.

Pour sa part, le président du jury du Prix de la femme ingénieure, Abid Chaker, a indiqué que cette rencontre constituait une occasion de rendre hommage à la femme ingénieure au niveau national, compte tenu de son rôle essentiel dans divers domaines, précisant que deux ingénieures issues d’établissements différents ont été distinguées cette année pour leurs contributions remarquables dans le domaine de la digitalisation. M. Chaker a relevé que l’objectif est de mettre en valeur les contributions des femmes ingénieures marocaines, particulièrement dans le numérique, notant que les femmes représentent 45% des ingénieurs au niveau national, un taux qui dépasse celui observé dans de nombreux pays.

Le programme de la journée s’est articulé autour de deux panels principaux. Le premier portait sur la stratégie numérique nationale, avec un focus sur la feuille de route marocaine et les projets prioritaires du gouvernement. Le second panel, plus technique, s’est intéressé aux technologies émergentes : intelligence artificielle, big data, cloud computing, cybersécurité, 5G, et les compétences clés pour accompagner l’innovation. Les startups y ont également été mises en avant comme moteur de transformation.

La journée s’est conclue par la remise de la «Distinction Femme ingénieure Leader» à plusieurs lauréates pour leurs contributions remarquables dans les domaines de l’industrie, de la recherche et des services publics et privés. Cette distinction vise à valoriser l’excellence féminine dans les métiers techniques, et à encourager les jeunes filles à s’orienter vers les filières scientifiques et technologiques.

Ce rendez-vous annuel a, comme à chaque édition, joué un rôle de plateforme de dialogue stratégique sur les enjeux de la transformation numérique au Maroc. Il a surtout mis en lumière la nécessité de construire un écosystème numérique inclusif, mobilisant l’ensemble des acteurs : pouvoirs publics, secteur privé, monde académique et société civile.