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Startups : Tomber, se relever, entreprendre… l’échec n’est pas la fin

Startups : Tomber, se relever, entreprendre... l’échec n’est pas la fin

Startups : Tomber, se relever, entreprendre… l’échec n’est pas la fin

«J’ai pris dix ans dans la gueule», confie un entrepreneur dans un témoignage recueilli par Challenges. Il n’est pas seul. Depuis quelques années, les récits d’échec se multiplient dans l’écosystème startup, donnant une nouvelle légitimité à ces expériences longtemps tues ou dissimulées. L’entrepreneuriat n’a jamais été une ligne droite ; c’est un chemin semé d’embûches, de doutes, et souvent de revers. Et pourtant, nombreux sont ceux qui se relèvent, plus lucides, plus agiles, plus solides.

Farouk Benabdellah, jeune entrepreneur marocain, incarne cette résilience. À 27 ans, il a déjà vécu l’échec d’une première startup, «Mahalat», lancée avec ambition, mais étouffée par des charges fixes trop lourdes et une stratégie axée sur une levée de fonds qui n’est jamais venue. «On a cru qu’il fallait du financement pour commencer. En réalité, il faut d’abord faire du chiffre», affirme-t-il avec le recul.

Un tabou qui se fissure

Longtemps perçu comme une honte ou un aveu d’incompétence, l’échec commence à être reconnu pour ce qu’il est : une expérience. En France, comme au Maroc, des fondateurs de startup prennent désormais la parole pour raconter leurs parcours cabossés. La startup Eatic, par exemple, avait levé 600.000 euros avant de s’effondrer, rattrapée par une gestion trop optimiste et un marché qui n’a pas suivi. Mais ses cofondateurs, loin de sombrer, partagent aujourd’hui leur histoire pour aider d’autres à éviter les mêmes erreurs.

Comme l’explique Maddyness, le premier réflexe après un échec est souvent la sidération. Suivent la culpabilité, le doute, parfois l’isolement. Pourtant, une reconstruction est possible. Elle passe par trois leviers essentiels : faire un vrai bilan, retrouver confiance et renouer avec le terrain.

Apprendre à perdre pour mieux gagner

Farouk Benabdellah, lui, n’a pas tardé à rebondir. Il lance ensuite Coursiel, une startup de livraison de documents, plus sobre, plus rentable, qu’il revend quelques mois plus tard. Puis vient Ares, sa troisième création : une plateforme mettant en relation des entreprises avec des commerciaux free-lance, selon un modèle technologique et flexible, pensé dès le départ pour être «bootstrapable», c’est-à-dire capable de croître sans injection massive de capital.

Sa méthode ? «Ne pas refaire les erreurs de Mahalat, mais apprendre à en faire d’autres, nouvelles.» Il adopte une logique lean, maîtrise ses coûts, s’appuie sur des outils d’automatisation, et surtout, reste concentré sur l’essentiel : le chiffre d’affaires. Son objectif à court terme : 150 commerciaux actifs sur la plateforme, et une expansion future vers l’Afrique de l’Ouest et l’Europe.

L’échec comme socle d’une culture entrepreneuriale mature

La vraie question n’est plus «comment éviter l’échec ?», mais «que faire quand il arrive ?» Ce glissement de mentalité est fondamental pour construire un écosystème entrepreneurial résilient. Il faut sortir du mythe de la startup qui réussit du premier coup. Comme le résume Challenges, il est temps de «valoriser l’humain, pas seulement la performance».

Cela passe aussi par un accompagnement adapté : mentors, incubateurs, réseaux d’anciens entrepreneurs. Car rebondir seul est difficile. La solitude post-échec est l’un des facteurs qui ralentissent le retour au projet.

Dans les pays comme le Maroc, où les conditions de financement restent limitées et où l’échec est encore peu assumé publiquement, cette parole devient d’autant plus précieuse. Farouk Benabdellah le résume avec justesse : «Ce n’est pas grave de tomber. Ce qui compte, c’est de se relever».

«L’Info en Face» avec l’entrepreneur et fondateur d’Ares

Farouk Benabdellah : «Il faut lever des fonds pour accélérer, pas pour démarrer»

Farouk Benabdellah, fondateur d’Ares, revient sans détour sur son échec entrepreneurial et les leçons apprises pour rebondir. À 27 ans, il a déjà lancé trois startups. La première, «Mahalat», s’est soldée par un échec cuisant. La seconde, Corcel – Coursier à la demande, a trouvé son modèle et a été cédée. La troisième, Ares, qui permet l’accès à une force commerciale qualifiée, est en pleine ascension. Invité de l’émission «L’Info en Face», il raconte avec transparence son parcours, les erreurs commises, et livre une vision lucide sur les défis de l’écosystème startup au Maroc. Un témoignage inspirant sur la résilience, l’apprentissage et la quête de liberté.

Le Matin : Vous êtes aujourd’hui à la tête d’Ares, une plateforme qui propose des commerciaux à la demande pour les TPE et PME. Avant de revenir sur ce modèle, parlons de votre parcours. Vous avez connu un échec entrepreneurial. Peut-on parler d’un échec total ?

Farouk Benabdellah : Oui, c’est un échec. Il faut savoir nommer les choses. C’est très difficile à vivre. C’est comme un coup en plein match de boxe : on ne sait pas si on va se relever. Mais je me suis relevé. Ma première startup s’appelait «Mahalat». C’était une marketplace qui mettait à disposition des petits commerçants des outils technologiques pour vendre en ligne. On a démarré fort : plus de 1.300 boutiques inscrites, du chiffre d’affaires… mais on n’a pas su gérer les coûts fixes : les salaires, le marketing, les charges liées à l’acquisition client. On a cru qu’il fallait tout mettre dès le départ, mais on aurait dû commencer petit, avec un MVP (Minimum Viable Product), tester le marché, générer du chiffre, et seulement ensuite accélérer.

Donc, vous avez mis la charrue avant les bœufs ?

Exactement. J’ai quitté un poste en entreprise avec un état d’esprit corporate. On a construit toute notre stratégie sur une hypothèse : lever des fonds. Or, lever des fonds au Maroc, ce n’est pas du tout évident, surtout en phase de pré-amorçage. On a découvert qu’il fallait déjà faire du chiffre d’affaires avant même d’espérer lever un dirham. J’ai tenté des démarches auprès d’incubateurs et fonds d’investissement, j’ai approché pratiquement tous les fonds du pays. La réponse était toujours la même : faites d’abord du chiffre. Ce qu’on n’avait pas anticipé. Et ce manque de financement a fini par tuer la startup.

Avec le recul, quelles leçons tirez-vous de cette première aventure ?

Trois leçons majeures :

• Ne pas alourdir la structure dès le départ : rester lean, garder les OPEX (frais d’exploitation) bas.

• Utiliser les bons outils technologiques : aujourd’hui, avec l’IA et des outils comme Bolt ou Firebase Studio, on peut développer à moindre coût.

• Ne pas attendre de financement pour démarrer : il faut générer du revenu avant de lever des fonds. Lever des fonds, c’est pour accélérer, pas pour commencer.

Vous êtes ensuite reparti avec une autre idée : la livraison de repas…

Oui, une startup inspirée du modèle Glovo, sans application au début, juste un téléphone et un mini-site. Mais on s’est vite rendu compte que ce modèle n’était pas rentable. Beaucoup de livreurs pour une faible rentabilité.

Et vous avez opéré un pivot ?

Exactement. Un client nous a demandé de livrer un document. On l’a fait, et là, on a réalisé que les documents ne refroidissent pas, que les plages horaires sont larges, et que la marge est bien plus élevée. On a donc lancé «Corcel», une plateforme de livraison de documents, rentable, avec peu de ressources. J’ai fini par céder cette startup et j’ai utilisé cet argent pour financer ma nouvelle aventure : Ares.

Ares, c’est donc votre troisième startup ?

Exactement. Créée il y a moins d’un an. C’est une plateforme technologique qui met en relation des entreprises et des commerciaux free-lance. On répond à un vrai besoin : des TPE/PME qui ne peuvent pas salarier un commercial à temps plein, mais qui ont besoin d’une force de vente.

Comment fonctionne Ares concrètement ?

Les entreprises déposent leurs missions commerciales. Les commerciaux (que nous appelons closers) postulent, suivent une formation en ligne via notre Ares Academy, passent un test, et commencent à travailler. Lorsqu’un deal est validé par l’entreprise, une commission leur est versée automatiquement.

Et votre modèle de rémunération ?

Nous prélevons une commission sur la commission. Par exemple, si une entreprise est prête à payer 1.000 dirhams pour un contrat, nous affichons 800 dirhams pour le closer. Ares garde les 200 dirhams. C’est un modèle sans COGS (Cost of Goods Sold), donc très scalable. Aujourd’hui, nous avons environ 600 inscrits. Tous ne sont pas actifs, bien sûr. Mais certains travaillent à plein temps, d’autres quelques heures le week-end. C’est un modèle ultra-flexible. Notre objectif cette année est d’atteindre 1.500 inscrits, dont 10% réellement actifs, soit environ 150. Côté entreprises, on vise soit 60 PME, soit une trentaine de grandes entreprises avec du volume. À plus long terme, mon objectif est l’internationalisation. Notre modèle est parfaitement adapté à l’offshoring. L’idéal serait de travailler avec des entreprises européennes et des commerciaux basés en Afrique francophone. On vise 2028 pour cette expansion.

En une phrase : que représente l’échec aujourd’hui à vos yeux ?

Une leçon essentielle. Ce n’est pas grave de tomber. Ce qui compte, c’est de se relever. Et aujourd’hui, je construis Ares avec toutes les erreurs de «Mahalat » en tête. C’est ça, la vraie résilience.

Les 5 conseils de Farouk Benabdellah aux startuppers marocains

• Ne comptez pas sur la levée de fonds pour démarrer : En phase de lancement, concentrez-vous sur le chiffre d’affaires. La levée de fonds sert à accélérer, pas à commencer.

• Lancez avec un MVP et une logique lean : Créez un produit minimum viable, testez-le rapidement sur le marché et ajustez en fonction des retours clients.

• Gardez les charges fixes au strict minimum : Évitez de recruter trop tôt, limitez les salaires et maîtrisez les dépenses marketing. La flexibilité est la clé.

• Automatisez avec les bons outils technologiques : Exploitez l’intelligence artificielle (IA), les plateformes low-code/no-code et les logiciels spécialisés pour coder, pitcher, gérer, vendre.

• Pensez dès le départ à l’internationalisation : Testez localement, prouvez votre modèle, puis visez l’Afrique francophone ou l’Europe. Le Maroc est une rampe de lancement, pas une limite.


2025-06-29 17:05:00

lematin.ma

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