<linearGradient id="sl-pl-bubble-svg-grad01" linear-gradient(90deg, #ff8c59, #ffb37f 24%, #a3bf5f 49%, #7ca63a 75%, #527f32)

Crowdfunding : Plongée dans l’aventure de la plateforme marocaine Kiwi Collecte

Crowdfunding : Plongée dans l’aventure de la plateforme marocaine Kiwi Collecte

Crowdfunding : Plongée dans l’aventure de la plateforme marocaine Kiwi Collecte

Le Matin : Comment est née l’idée de Kiwi Collecte ? Qu’est-ce qui vous a personnellement motivée à créer cette plateforme ?

Sarah Jaidi :

Kiwi Collecte est une plateforme marocaine de collecte de fonds en ligne, aujourd’hui agréée par Bank Al-Maghrib et opérationnelle. L’idée est venue en 2021, juste après la période COVID, j’étais alors en France. Après 10 années en conseil en transformation digitale dans l’Hexagone, nous avons souhaité avec Othmane Lamrini, cofondateur, digitaliser une pratique financière ancrée dans nos traditions : la collecte de fonds en communauté pour financer un projet, des études…Bref, la vie en général. Il était temps et la loi sur le crowdfunding venait de paraître. Alors on a foncé.

Dans la présentation que vous faites de la plateforme, vous évoquez une volonté de «vous reconnecter au pays» : quel rôle ce retour a-t-il joué dans la conception de Kiwi Collecte ?

Un projet entrepreneurial, c’est d’abord un projet personnel. Nous avons habité 20 ans en Europe, après avoir quitté le Maroc encore enfants. La reconnexion au pays pour nous, ce n’était pas uniquement la qualité de vie ou la famille, c’était plutôt : «comment peut-on contribuer à ce que sera le Maroc dans les 20 prochaines années ?». Kiwi Collecte, ça a été notre réponse et c’est aussi de ça que vient notre résilience depuis 4 ans.

Pourquoi le choix du crowdfunding par dons, et non d’autres formes comme le prêt ou l’investissement ?

Le crowdfunding c’est la mobilisation de la foule autour d’un projet commun avec un certain nombre de valeurs partagées. Et ce, quelle que soit la forme qu’il prend. C’est d’abord du soutien avant une attente réelle sur un quelconque retour sur investissement. Au Maroc, nous avons souhaité traiter le sujet le plus évident : digitaliser la solidarité. Et c’est un sacré pari. Car quand on dit cela : l’on parle du défi de passer de l’informel au formel, on parle de faire confiance à un outil digital, on parle de payer en ligne, et on parle de changer sa façon de donner, d’aider. On considère que le don, c’est une porte d’entrée vers une habitude à s’engager financièrement en ligne pour soutenir autre chose que soi ou son entourage très proche. Les autres formes ont certainement leur place, et elles seront la suite logique. Nous observons et nous nous adapterons en fonction de la réalité des attentes.

L’activité du crowdfunding par dons est encore embryonnaire au Maroc. Quelles perspectives entrevoyez vous pour son développement à moyen et long terme ?

Le Maroc est une terre fertile pour le développement du crowdfunding. Le potentiel est là étant donné 3 éléments. D’abord, le digital et sa place prégnante dans le quotidien des Marocains en particulier depuis le COVID (commande, marketing, livraison, paiement en ligne, etc.). Ensuite, la jeunesse qui est très représentative de notre pays et par définition digitale native. Une génération qui grandit avec une exigence d’efficacité dans les services et l’interaction en communauté (réseaux sociaux, groupes, solidarités). Enfin, les projets et les talents encouragés par l’écosystème mais en manque de solutions alternatives de financement.

Kiwi Collecte se positionne comme un acteur de la solidarité et du développement. Comment sélectionnez-vous les projets à impact ? Quels sont les critères retenus pour l’approbation des projets qui vous sont soumis ?

Quand un porteur de projet soumet une demande de création de collecte, nous faisons une première présélection sur la base de la qualité du projet décrit, sa clarté, son caractère concret, sa conformité à la réglementation. Dans un second temps, nous réalisons un entretien avec le porteur de projet pour valider son identité et comprendre comment il prévoit de déployer sa campagne et d’adresser sa communauté. Une fois ces éléments validés, nous publions la page de la campagne. À ce moment-là, c’est au porteur de projet de faire campagne et de déployer sa communication pour aller chercher ses dons.

Vous parlez de «Tech for good» : comment cela se traduit-il concrètement dans votre plateforme ou vos actions ?

Voyez par vous-mêmes sur kiwicollecte.ma. Nous avons investi beaucoup de temps et de moyens pour permettre à des projets, pour la plupart en dehors de l’économie marchande, de voir le jour. Tout en ayant l’ambition d’avoir une viabilité financière en tant que plateforme. C’est ça la Tech for Good !

Vous dites avoir connu des moments de découragement au début de l’aventure Kiwi. Quels ont été les obstacles les plus difficiles que vous avez rencontrés jusqu’ici ?Je dirais le temps réglementaire très long (4 ans) et la mise en place d’un processus à la fois conforme et souple qui s’est traduit par une confiance puis une collaboration avec notre partenaire bancaire : Attijariwafa bank.

Obtenir l’agrément de Bank Al-Maghrib a été une étape clé. Pouvez-vous nous expliquer ce que cela implique et surtout ce que cela vous a permis de débloquer ?

Pour qu’une plateforme de crowdfunding puisse opérer, il faut qu’elle soit agréée (Loi 15-18). Cet agrément nécessite une longue et solide préparation (process interne, externe et dispositifs techniques et conformités robustes). Une fois l’agrément obtenu, nous étions conformes à la réglementation en vigueur pour préparer notre lancement.

Le crowdfunding est encore peu connu au Maroc. Comment faites-vous pour sensibiliser le public et gagner sa confiance ?

Nous faisons le maximum avec les moyens que nous avons (réseaux sociaux, évènements, conférences, ainsi que porteurs de projets qui relaient leurs campagnes) mais nous avons besoin d’une vraie impulsion institutionnelle pour que les acteurs actuels agréés ne demeurent pas seuls.

Lors du séisme du Haouz, vous avez réagi très rapidement en lançant une collecte sur une plateforme étrangère. Pourquoi ne pas l’avoir fait sur Kiwi Collecte ? Et qu’est-ce que cette expérience vous a appris ?

En septembre 2023, nous n’avions pas encore obtenu notre agrément. Nous ne pouvions donc pas utiliser la plateforme kiwi collecte. Mais comme la situation était urgente et qu’on a souhaité apporter notre pierre à l’édifice, nous avons lancé une collecte sur gofundme en lien avec plusieurs associations marocaines reconnues et le compte officiel du séisme mis en place par la Banque Centrale. Cette expérience nous a appris que, dans des contextes d’urgence, aider est un besoin. Et il faut y répondre. En particulier, par les Marocains du monde, loin de leur pays certes, mais capables de se mobiliser financièrement. Une solution marocaine sécurisée, permettant de collecter des fonds digitalement, en transparence, dans toutes les devises mais sur des comptes en dirhams, est ainsi indispensable.

Plus de 10 millions de dirhams collectés : avez-vous été surpris par cette mobilisation ? Quelles leçons en tirez-vous sur le potentiel du crowdfunding au Maroc ?

Oui surpris au début, mais on a vite compris que la réactivité dans ce genre de situation est cruciale. L’offre digitale doit préexister à ce genre d’évènements de mobilisation importante (que ce soit une urgence ou un événement festif). Si la campagne a si bien marché, c’est que le public adressé, essentiellement la diaspora, avait déjà l’habitude de contribuer en ligne, de reconnaître une campagne fiable. Il nous faut construire ces codes digitaux en amont. On accueillera de très grands événements sportifs bientôt (CAN, Coupe du Monde 2030). Alors ça se joue en ce moment.

Comment accompagnez-vous les porteurs de projets ? Existe-t-il un dispositif d’accompagnement ou de sélection ?

Nous les accompagnons sur leur stratégie de campagne : beaucoup avant la campagne et à son début. Nous les aidons autant qu’on peut à relayer leur communication. De même, nous les guidons pour assurer une bonne clôture les derniers jours de la campagne de collecte. En revanche, cela reste la campagne du porteur de projet qu’il doit mener de front auprès de sa communauté avec ses spécificités, sa connaissance et ses moyens.

Quels types de projets avez-vous déjà accompagnés ou comptez-vous prioriser (éducation, santé, culture, etc.) ?

Vous pouvez retrouver des projets en lien avec le grand sujet du post-séisme avec des campagnes à Al Haouz (village pour enfants orphelins avec l’AMESIP, puits etc.), une campagne pour les enfants de Gaza toujours ouverte en collaboration avec l’Agence Bayt Mal Al Qods Acharif, de l’aide (sans-abris avec Jood), mais aussi des campagnes portées par des étudiants (EMI, HEM), des lycéens sur la robotique, du sport (équipe de foot féminine), de la santé pour financer des frais, et plus récemment une campagne avec l’organisation Women in Tech Morocco pour financer une station d’épuration pour une Dar Talibate encore ouverte. D’autres projets sont également en préparation dans la culture, l’éducation que j’invite le public à suivre sur kiwicollecte.ma

Comment assurez-vous la traçabilité et la transparence des fonds collectés ?

Les fonds sont logés dans des comptes spéciaux par projet ouverts auprès de l’établissement teneur de compte conformément à la réglementation. Les participations sont affichées en transparence de façon publique dans la page de la collecte.

Vous évoquez des partenariats de premier plan. Avec quels types d’acteurs travaillez-vous (ONG, entreprises, collectivités) ?

Nous travaillons avec des acteurs de l’écosystème financier à l’instar d’Attijariwafa Bank, le CMI et Cashplus. Les campagnes, selon les projets, peuvent être portées par des ONG ou des organisations. Nous sommes, en effet, très connectés à l’écosystème institutionnel (Bank Al-Maghrib, Ministères) sur tous les sujets en lien avec le rôle de la Tech dans l’implication de la société civile, ou encore l’économie sociale et solidaire avec le grand sujet du financement des coopératives.

Quel est le modèle économique de Kiwi Collecte ? Prenez-vous une commission sur les collectes ?

Notre modèle économique repose sur une commission sur le total collecté, quel que soit le projet. Elle intègre essentiellement les frais de paiement, les frais bancaires et les coûts de la plateforme. Le modèle ne se veut pas profitable dès maintenant mais viable pour encourager les contributions et faire grandir le crowdfunding comme une pratique ancrée dans les usages.

Comment vous financez-vous actuellement et quel est votre plan pour assurer la pérennité financière de la plateforme ?

Pour le moment, nous nous finançons via nos propres fonds. Nous sommes focalisés sur la construction d’un produit solide et adapté aux attentes qu’on observe. Cela dit, nous sommes ouverts à accueillir du soutien financier pour faire grandir l’aventure Kiwi Collecte, mais nous avançons par étape, sans précipitation.

Quelle serait pour vous une collecte « miraculeuse » réussie ?

Les collectes réussies sont celles qui atteignent leur objectif ou qui sont suffisamment conséquentes pour financer leur projet. Il n’y a pas vraiment de miracle pour y arriver. Il y a de la préparation et de la passion à transmettre aux gens pour qu’ils se mobilisent avec le promoteur du projet.

En dehors du financement, avez-vous une ambition de créer une communauté engagée autour de Kiwi Collecte ?

Oui, très clairement, mais de façon organique et à travers nos projets. Vous pouvez le voir à l’étranger, ce qui compte dans le crowdfunding ce sont les projets et ce qu’ils deviennent. Pas la plateforme. En tant que plateforme au Maroc, on ambitionne de fédérer l’écosystème autour de ce nouvel outil. Nous lancerons des initiatives et sommes à disposition des acteurs de la société civile pour faire connaître, tester, lancer, et y arriver. On évite au maximum la théorie.

Comment peut-on vous aider à réussir cette aventure ? Que souhaitez-vous dire à celles et ceux qui hésitent encore à vous rejoindre ?

Je leur dirais tout simplement : mobilisez-vous, faites confiance. Si vous avez un projet à financer, une communauté, faites une campagne. Contactez Kiwi Collecte !


2025-06-27 09:40:00

lematin.ma

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

error: Content is protected !!
Retour en haut