Tourisme intérieur : la dynamique s’installe progressivement, mais des défis persistent

Le tourisme intérieur connaît un regain d’intérêt sans précédent. C’est ce qu’a affirmé la ministre du Tourisme, de l’artisanat et de l’économie sociale et solidaire, Fatim-Zahra Ammor, lundi dernier, lors de son intervention à la Chambre des représentants. Selon la responsable gouvernementale, les nuitées enregistrées dans les établissements hôteliers classés ont atteint 8,5 millions en 2024, représentant près de 30% du total, tandis que les quatre premiers mois de 2025 (jusqu’au mois d’avril) ont confirmé cette tendance avec plus de 2 millions de nuitées, en hausse de 4% par rapport à l’année précédente.

Une feuille de route centrée sur le tourisme national

Pénurie de l’offre et flambée des prix : un défi estival

Si la demande intérieure est au rendez-vous, elle s’accompagne néanmoins d’un déséquilibre ponctuel de l’offre, notamment en été. La ministre a reconnu que les prix des services touristiques grimpent durant la haute saison, en particulier dans les zones côtières très prisées. Face à ce phénomène, des mesures correctives sont prévues, notamment la diversification de l’offre touristique à l’échelle nationale et l’adoption d’un nouveau cadre juridique pour les établissements touristiques, visant à garantir une qualité de service et des tarifs mieux encadrés.

Une reprise rapide portée par le plan d’urgence

En effet, abordant la situation générale du secteur du tourisme, la ministre a indiqué que le secteur affiche une résilience remarquable. Après les secousses de la crise sanitaire liée à la pandémie de la Covid-19, le Maroc a réussi à relancer rapidement son activité grâce à un plan d’urgence de 2 milliards de dirhams. «Ce soutien décisif a permis au secteur de redémarrer plus vite que dans de nombreuses destinations concurrentes», a souligné la ministre. Ce redémarrage s’inscrit dans une stratégie à plus long terme, à savoir la Feuille de route 2023-2026, dotée d’un budget de 6,1 milliards de dirhams. Ce plan, rappelle la ministre, vise à repenser l’offre touristique autour de l’expérience client et repose sur neuf filières thématiques et cinq filières transversales, impliquant toutes les régions du Royaume selon leurs atouts. Une stratégie qui commence déjà à porter ses fruits, selon la ministre, avec des indicateurs au vert depuis le début de l’année.

Les chiffres confirment l’élan

En effet, entre janvier et fin avril 2025, le Maroc a accueilli 5,7 millions de touristes, soit une hausse de 23% par rapport à la même période de 2024. Le nombre de nuitées touristiques a franchi, pour sa part, la barre des 9 millions (+15%), et les recettes en devises étrangères ont grimpé à 34,4 milliards de dirhams, enregistrant une progression de 7,5%. Des résultats prometteurs, alors que la saison estivale s’annonce déjà très dynamique. Pour consolider cette dynamique, le ministère multiplie les campagnes de communication à l’étranger. La campagne «Maroc, Terre de Lumière» a été déployée dans plus de 20 marchés émetteurs. À cela s’ajoutent des campagnes numériques ciblées sur les réseaux sociaux, qui visent à séduire de nouveaux profils de voyageurs.

Renforcement des liaisons aériennes et conquête de nouveaux marchés

Autre levier stratégique : la connectivité. Conscient de son importance, le ministère du Tourisme a réservé un total de plus de 11,4 millions de sièges en 2024, via des accords avec plusieurs compagnies aériennes. En outre, une attention particulière a été réservée à la diversification des marchés cibles, en misant sur des destinations émergentes qui montrent un intérêt croissant pour le Maroc, comme les États-Unis, le Canada, la Chine, le Japon, la Corée du Sud, l’Inde, le Brésil, le Mexique, les pays du Golfe ou encore la Russie. Les résultats de cette stratégie sont déjà visibles. En 2024, les arrivées en provenance de Chine ont augmenté de 78%, celles de Russie de 61%, et celles d’Arabie Saoudite de 16%. Même tendance pour les visiteurs américains, en hausse de 6%. Ces performances s’ajoutent à l’ancrage d’un tourisme national de plus en plus structuré, soutenu par des campagnes continues sur les réseaux sociaux pour promouvoir la marque du tourisme intérieur.