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Pénurie d’eau : la révision des 19 contrats-programmes agricoles engagée

Pénurie d'eau : la révision des 19 contrats-programmes agricoles engagée

C’est fait. Le département de l’Agriculture a engagé le processus de révision des 19 contrats-programmes de développement des filières agricoles, signés avec les interprofessions sectorielles, en 2023, lors du Salon international de l’agriculture de Meknès (SIAM). Cette opération, dictée par les nouveaux enjeux liés aux changements climatiques et la montée du stress hydrique, se traduira par un réajustement substantiel des objectifs fixés dans ces cadres contractuels à l’horizon 2030. «Le travail de révision a démarré avec un examen approfondi des réalisations et la redéfinition de nouveaux objectifs compte tenu des évolutions des dernières années», nous confie une source interne au département de l’Agriculture. Notre interlocuteur cite le cas de la filière agrumicole où la superficie dédiée à la production a régressé de 30% en dix ans. «Les objectifs actuels du contrat-programme de développement de cette filière ne sont plus en adéquation avec la réalité imposée par les conditions pluviométriques des dernières années», argumente notre source au ministère.

Les interprofessions sont-elles impliquées dans ce processus de révision ? «Non. Dans un premier temps, le travail initial se fait en interne», rétorque notre interlocuteur. Mais qu’en pensent les interprofessions agricoles ? Du côté de la filière laitière, l’interprofession (Maroc Lait) affirme être ouverte à toute initiative de la tutelle pour une potentielle révision de son cadre contractuel. «Nous n’avons pas encore été contactés par le ministère concernant ce projet. Ceci dit, nous estimons que tout objectif fixé pour le développement de notre filière dépend de l’implémentation d’un certain nombre de fondamentaux préalables. Il s’agit pour le cas de notre filière laitière de la digitalisation de toute la data sur le cheptel laitier, la production par région, la taille des exploitations, etc. Par exemple, pour l’état du cheptel laitier, nous ne disposons pas de statistiques officielles et unifiées au niveau de toutes les parties prenantes du secteur. Or, toute planification de la production doit normalement se baser sur un état statistique crédible et solide du cheptel laitier», explique au Matin, Rachid Khattate, président de Maroc Lait. De même, poursuit-il, sur le plan réglementaire, l’interprofession attend encore la promulgation du décret sur le lait qui devra instaurer une définition claire de ce produit et tracer sa chaîne de valeur, de la ferme au consommateur. À cela s’ajoutent le développement de pépinières locales de production des génisses laitières et la modernisation du processus d’insémination artificielle. «Il s’agit là, d’ailleurs, des chantiers sur lesquels nous travaillons à Maroc Lait et que nous devrons accélérer en partenariat avec l’État. Et ce sont ces fondamentaux qui doivent nous permettre de fixer des objectifs clairs, réalistes et réalisables pour le développement de la filière. À défaut, toute planification future de la production et de la performance ne sera pas atteignable», développe le patron de l’interprofession.

Viandes rouges : en attendant une nouvelle gouvernance du secteur

Si la filière laitière dispose d’un cadre de gouvernance solide qui la représente auprès de l’État et défend ses intérêts, celle des viandes rouges pèche actuellement par un vide de représentation. Depuis la crise de la Fédération interprofessionnelle des viandes rouges (FIVIAR), suite à l’arrestation de son président, le secteur ne dispose toujours pas d’un cadre représentatif qui sert d’interlocuteur avec les pouvoirs publics. D’où une situation de chaos qui règne dans cette filière, pourtant stratégique pour la souveraineté alimentaire du Royaume. «Nous avons constitué une nouvelle fédération interprofessionnelle pour la filière des viandes rouges pour combler le vide de représentation. Le dossier de demande d’autorisation de cette nouvelle association interprofessionnelle a été déposé auprès des autorités compétentes, il y a belle lurette. Valeur aujourd’hui, nous attendons toujours cette autorisation», nous confie Abderrahmane Mejdoubi, actuellement président de l’Association nationale des élevages ovins (ANOC). Or, fait-il remarquer, l’autorisation de ce nouveau cadre de représentation du secteur baptisé «Maroc Viandes Rouges» est urgente, eu égard aux problématiques complexes où se trouve embourbé notre secteur, notamment le stress hydrique et son impact sur les élevages. Pour Mejdoubi, la nouvelle Fédération interprofessionnelle du secteur permettra justement à la profession d’ouvrir les pourparlers avec le département de l’Agriculture autour de plusieurs dossiers chauds, dont l’accompagnement des éleveurs ovins, suite à l’annulation du rituel du sacrifice et la mise en place de nouvelles mesures de soutien à la filière qui fait les frais d’un effondrement brutal des cheptels du fait des sécheresses et des impacts du changement climatique. «En tant que professionnels du secteur, nous devons être impliqués dans toute décision qui concerne notre secteur», souligne le patron de l’ANOC.

La révision des objectifs, un soulagement pour les interprofessions

Pour les autres interprofessions des filières agricoles, la révision à la baisse des objectifs tracés dans leurs contrats-programmes respectifs serait un soulagement. Le fait est que la réalité agricole du pays marquée, d’une part, par l’aggravation du stress hydrique et, d’autre part, par un reparamétrage de la stratégie de l’eau, impose une refonte des objectifs et un réajustement des engagements des différentes parties prenantes. La crise que vit la filière agrumicole (un effondrement brutal de 30% des superficies cultivées) reflète fidèlement la situation désastreuse de l’agriculture dans le pays. En effet, à peine rétablie de sa crise liée à la surproduction (>2.7 millions de tonnes en 2018-2019) par rapport à la demande du marché, la filière des agrumes doit faire actuellement face au spectre redoutable de la sécheresse et de la montée des températures du fait du changement climatique.

Les sécheresses successives (7 ans) qui ont conditionnée la raréfaction des ressources hydriques ont lourdement pénalisé le patrimoine agrumicole marocain. Les arrachages conséquents qui ont eu lieu partir de 2022 suite à ces sécheresses ont conduit à une réduction drastique de la superficie cultivée (-30.000 ha) et du tonnage produit (moins de 2 millions de tonnes). Heureusement que cette perturbation a été compensée par une amélioration des prix et des marges bénéficiaires, aussi bien pour les petits fruits (Prix>4.00 Dh/kg et marge >2.17 Dh/kg) que pour les oranges (Prix >3.75 et marge >1.05 Dh/kg). Selon l’interprofession (Maroc Citrus), les changements climatiques, en dépits de la diminution de la production qu’ils ont engendrée au Maroc et chez ses concurrents méditerranéens, ont joué un rôle important de régulation des prix sur le marché. Tant que ces changements perdurent, les prix actuels auront de la chance de se maintenir. Pour les producteurs situés dans des zones où il y a encore de l’eau pour l’irrigation, notamment la partie nord du pays, cet épisode sec, peut être considérée «paradoxalement» comme une opportunité stratégique pour continuer à réinvestir dans le secteur des agrumes. Mais en dépit de ces espoirs qui demeurent tributaires, tout de même, des aléas climatiques et du marché, l’interprofession cautionnerait toute acte de révision de son contrat-programme. Pour rappel, les contrat-programmes qui ont été signés avec les principales filières de productions végétales et animales, reposent sur trois principes, à savoir la mise en œuvre des différents axes de la stratégie Génération Green surtout en relation avec l’élément humain, le conditionnement de l’octroi des aides aux organisations professionnelles à la réalisation des objectifs contractés et l’engagement des organisations professionnelles à se restructurer pour améliorer leur gouvernance et leur niveau de représentativité nationale et régionale. Ces feuilles de route avaient été élaborées en concertation avec les fédérations interprofessionnelles concernées pour la fixation des objectifs et des indicateurs de développement de chaque filière à l’horizon 2030. Les cadres contractuels concernent 4 filières animales (filières laitière, viandes rouges, aviculture et apiculture), ainsi que 15 filières végétales : l’oléiculture, l’arboriculture, les agrumes, le palmier dattier, les céréales et légumineuses, les cultures sucrières, les oléagineux, le maraîchage, l’arganier, les semences, la filière biologique, les fruits rouges, le safran, le riz et la rose à parfum. Les engagements pris dans le cadre de ces contrat-programmes visent à améliorer la rentabilité de la production agricole, valoriser la production et moderniser les méthodes de commercialisation et de distribution. Ils ambitionnent en outre d’améliorer la recherche, la formation et les conditions de travail des agriculteurs et des travailleurs, ainsi que le soutien à l’organisation et la structuration des organisations professionnelles pour créer une nouvelle génération d’organisations professionnelles agricoles efficaces.


2025-05-20 09:20:00

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