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Moins de 20% des formations universitaires intègrent l’intelligence artificielle ou ses applications

Moins de 20% des formations universitaires intègrent l’intelligence artificielle ou ses applications
Dès l’ouverture, le ministre de l’Inclusion économique, Younes Sekkouri, dévoile les chiffres qui dérangent : «70% des métiers vont changer et 80% des emplois vont se transformer». Ces données, fondées sur les tendances internationales et les études de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques), ne sont plus abstraites. Elles touchent déjà l’agriculture, l’industrie textile, les métiers de service et même le secteur public. L’intelligence artificielle (IA) n’est pas une menace, insiste-t-il, mais elle «impose une réorganisation du travail, un encadrement juridique et un nouveau rapport à la donnée». Mais cette transformation se heurte à un système éducatif figé. Mehdi Tazi, vice-président général de la CGEM, enfonce le clou : «On envoie encore les enfants à l’école pour apprendre des choses qui datent d’avant la Première Guerre mondiale». Il pointe «l’absurdité» d’un modèle pédagogique qui forme des jeunes à «des contenus théoriques obsolètes», alors que les entreprises cherchent des profils à l’aise avec le codage, les logiciels, l’analyse de données et l’automatisation. «À côté de ça, il y a des apprentissages évidents à enseigner autour du numérique, du coding… et on ne les enseigne pas». Le constat est partagé : selon les données évoquées durant la conférence, moins de 20% des cursus actuels intègrent l’intelligence artificielle ou ses applications dans leur programme, que ce soit dans l’enseignement supérieur ou dans la formation continue. Ce retard a des conséquences directes. Chaque année, près de 300.000 jeunes diplômés arrivent sur le marché de l’emploi. Beaucoup sont armés de diplômes, mais peu sont préparés aux mutations du monde professionnel. Certains finissent par se débrouiller seuls. Freelance, projets numériques, missions à distance : une nouvelle génération s’adapte à un marché «sans attendre ses institutions». «Il n’est pas du tout exclu qu’un jeune Marocain, en sortant d’école, ait travaillé pour une entreprise en Chine, aux États-Unis ou aux Émirats», note M. Tazi. Ces mutations silencieuses (travail indépendant, télétravail, micro-entrepreneuriat…) sont en pleine expansion. «Mais l’école, elle, forme encore pour le salariat classique».

Conscient de l’urgence, Younes Sekkouri, le ministre en charge de l’Emploi et des compétences, ne cache pas les limites du passé. Il revient notamment sur l’échec des «lignes d’ingénieurs» lancées il y a quelques années. Le programme, qui visait à produire massivement des ingénieurs pour l’économie numérique, s’est heurté à un manque de bourses, de logements, de coordination avec les entreprises. «Aucune école ne produisait d’ingénieur prêt à l’emploi», admet-il. Leçon tirée : l’État veut désormais structurer l’offre autour de la demande réelle du marché.

Trois mesures phares à actionner en urgence

La première est la création d’un observatoire du marché du travail basé sur l’intelligence artificielle. L’outil, encore en phase de conception, intégrera des données issues du HCP (Haut-Commissariat au Plan), de la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale), mais aussi des plateformes d’emploi, des réseaux sociaux professionnels, voire des parcours de freelancing. Objectif : cartographier en temps réel les besoins en compétences, fournir aux employeurs des indicateurs fiables, et orienter les jeunes avec des coachings digitaux automatisés capables de proposer CV, entraînements aux entretiens ou formations adaptées. La deuxième annonce concerne la stratégie nationale de l’emploi, dotée d’un budget de 15 milliards de centimes, avec un axe prioritaire sur la montée en compétence numérique. Le ministère prévoit le financement de formations aux métiers du digital, la création de ponts entre la formation professionnelle et le secteur privé, et un appui aux projets entrepreneuriaux dans la tech. Autre tournant attendu : le télétravail fera son entrée officielle dans la nouvelle version du Code du travail, dont la révision est prévue pour septembre-octobre. Ce changement vise à « formaliser un mode d’emploi encore informel au Maroc, et à élargir l’accès au travail à distance pour les femmes, les jeunes diplômés en milieu rural ou les profils à mobilité réduite».

Face à ces mutations, que fait l’université ?

À l’Université Al Akhawayn, «aucun programme formel n’est encore dédié à l’intelligence artificielle», mais une dynamique interne commence à se structurer. Le président Amine Bensaïd l’assume : «On a lancé des initiatives depuis 4 ou 5 ans, et nous essayons de réorganiser notre manière d’enseigner pour coller au monde réel et être en phase avec l’évolution rapide de l’IA». Il explique, également, que l’approche adoptée repose d’abord sur la formation des enseignants à l’usage des outils IA, à travers des workshops réguliers visant à intégrer progressivement ces technologies dans toutes les disciplines, sans attendre la création d’une filière spécialisée. M. Bensaïd, qui a partagé l’expérience de l’Université, a noté : «Nous avons pris le parti d’écouter cette nouvelle génération, de repenser la relation pédagogique comme un véritable partenariat avec les étudiants. Notre priorité est de développer une formation holistique, fondée sur les habitudes de l’esprit et sur l’employabilité réelle». Il a, par la même occasion, précisé que 10% des étudiants de l’Université étaient actuellement en alternance, et 10% en campus employment, en plus des stages classiques, faisant savoir que depuis novembre 2022, l’IA était au cœur du dispositif pédagogique, avec l’organisation de workshops visant à doter les enseignants des outils nécessaires à l’intégration de l’IA dans l’ensemble des disciplines. Et de soutenir : «Notre ambition est que chaque étudiant sorte avec les compétences attendues par les entreprises».

Selon Deborah Bartlette, Chief Employability and Entrepreneurship Officer de l’université, plus de la moitié des projets de fin d’études réalisés en 2024 intègrent désormais une composante IA ou data, y compris dans les filières non techniques. En définitive, l’intégration de l’intelligence artificielle dans les formations ne relève plus d’une projection, mais d’un ajustement jugé «nécessaire» face à l’évolution rapide de la demande du marché de l’emploi.


2025-05-08 17:55:00

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