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Influenceurs et responsabilité numérique : quand la course au buzz vire à la menace toxique

Influenceurs et responsabilité numérique : quand la course au buzz vire à la menace toxique

Influenceurs et responsabilité numérique : quand la course au buzz vire à la menace toxique

Dans un contexte où les réseaux sociaux dominent l’espace public, les influenceurs jouent un rôle central dans la construction des opinions, des comportements et même des aspirations de millions d’internautes, en particulier les plus jeunes. Leur notoriété, devenue un outil de marketing incontournable, confère un pouvoir considérable – mais aussi une responsabilité immense. Face à la montée des dérives, une campagne nationale contre la « violence numérique » rappelle que la liberté d’expression a des limites, et que la quête du buzz peut devenir un danger réel pour la société.

La concurrence entre influenceurs ressemble à une gigantesque arène de cirque où l’attention est la seule monnaie. Pour rester sous les projecteurs, certains exécutent des numéros toujours plus extrêmes : désinformation, polémiques fabriquées, comportements toxiques. Les algorithmes, tels des souffleurs de flammes, amplifient ces cascades, garantissant que le spectacle le plus choquant attire le public le plus large.

Souvent perçus comme des sources fiables, les influenceurs participent parfois sans le vouloir à la propagation massive de fausses informations. Les plateformes favorisent les contenus émotionnels, viraux, rapides, au détriment de la véracité. Ainsi, 44 % des utilisateurs consomment du contenu d’influenceurs qu’ils ne suivent pas, signe de la puissance des algorithmes.

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Une étude récente indique que si les influenceurs ne sont responsables que de 20 % des publications de fake news, ils génèrent néanmoins 69 % de l’engagement lié à ces contenus. La désinformation autour du COVID-19 en est un exemple frappant : des millions d’internautes ont été exposés à des affirmations infondées relayées par des personnalités suivies.

De “mauvais influenceurs” s’infiltrent

Certaines figures prospèrent grâce à la controverse, franchissant les frontières de l’éthique pour maximiser visibilité et revenus. Achat d’abonnés, manipulation publicitaire, propos haineux, désinformation volontaire : le phénomène est mondial.

Andrew Tate et ses discours misogynes, Belle Gibson et ses mensonges sur le cancer, Logan Paul et sa vidéo insensible tournée au Japon, PewDiePie et ses dérapages racistes, Jeffree Star et ses attaques publiques, ou encore Nikocado Avocado et ses mises en scène extrêmes… Tous illustrent cette dynamique où le scandale devient un modèle économique.

Ces exemples, massivement relayés, normalisent des comportements nocifs et diffusent une version toxique de la célébrité numérique.

Un impact direct sur la jeunesse

La Génération Z, la plus connectée de l’histoire, façonne son identité au contact de ces contenus. Les représentations irréalistes de vies “parfaites”, les corps modifiés par filtres et chirurgie, les discours culpabilisants ou les défis dangereux pèsent sur la santé mentale : anxiété, dépression, troubles de l’image corporelle.

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Il a été démontré que 90 secondes d’exposition à un “corps idéal” suffisent pour altérer l’humeur d’une jeune femme. L’essor des injections esthétiques chez les 18–25 ans, souvent inspirées par leurs idoles numériques, illustre cette dérive inquiétante.

Les jeunes se retrouvent prisonniers de normes impossibles, dans un monde où l’apparence prend le pas sur la réalité.

Le bad buzz : la bête noire des marques

La toxicité du numérique ne touche pas seulement les internautes : les entreprises sont également exposées. Le bad buzz, amplifié par les réseaux sociaux, peut détruire en quelques heures des années d’image de marque.

H&M accusé de racisme, Decathlon pris dans une tempête politique, Le Slip Français plombé par les comportements privés de salariés, L’Oréal attaqué sur ses choix éditoriaux, McDonald’s pointé du doigt pour greenwashing, Michel-Édouard Leclerc pour ses positions publiques, ou encore D+ for Care pour ses méthodes managériales… Chaque épisode montre à quel point la crise peut être brutale, virale et durable.

Vers une influence plus responsable

Malgré ces excès, une autre voie existe. Nombre d’influenceurs s’engagent pour des causes positives : santé mentale, écologie, diversité, éducation, justice sociale. Leur approche plus éthique séduit, tout comme les micro-influenceurs, dont les communautés réduites mais engagées privilégient l’authenticité.

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L’industrie évolue vers plus de transparence, d’encadrement et de responsabilité. La campagne nationale contre la « violence numérique » s’inscrit dans cette dynamique, rappelant que la liberté d’expression ne justifie ni l’humiliation, ni la manipulation, ni la mise en danger d’autrui.

L’avenir de l’influence dépendra de la capacité collective à distinguer le vrai du faux, à valoriser les créateurs responsables et à dénoncer ceux qui propagent la toxicité. Les réseaux sociaux peuvent être un formidable outil de partage et d’inspiration, mais seulement si la course au buzz cesse d’en dicter les règles. Rééduquer, responsabiliser, réglementer : trois impératifs pour que l’influence numérique devienne un espace sain – et non une arène où l’audience se gagne au prix de l’éthique.

2025-12-14 14:49:53

www.challenge.ma

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