Maintenance aéronautique : une coopération africaine en téléchargement…
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Cinq compagnies aériennes africaines unissent leurs forces pour relever ensemble le défi de la maintenance aéronautique. Une initiative qui peut contribuer à réduire la dépendance des compagnies africaines envers les centres MRO étrangers.
Le projet de Royal Air Maroc, Ethiopian Airlines MRO, EgyptAir, Kenya Airways, et SAA Technical de mutualiser leurs efforts dans le domaine de la Maintenance, Réparation et Révision (MRO) annonce une étape inédite dans l’industrie aérienne africaine. Selon l’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA) qui a annoncé le projet au 9e Sommet et exposition de l’aviation en Afrique le 4 septembre dernier à Kigali, le principal bénéfice attendu est la réduction des coûts liés au recours aux centres étrangers pour les prestations MRO. Rappelons que la plupart des transporteurs africains envoient encore leurs appareils en Europe, au Moyen-Orient ou en Asie pour des opérations de maintenance lourde, ce qui entraîne des dépenses non négligeables (déplacement, main-d’œuvre, parking, etc.). En chiffre le Nigeria à lui seul débourse chaque année plus de 2,5 milliards USD pour l’entretien de son parc hors du pays, selon la FAAN (Federal Airports Authority of Nigeria). En mutualisant leurs capacités, les 5 opérateurs, qui sont les seuls à disposer de centres MRO d’envergure sur le continent, espèrent y retenir ces recettes tout en générant des emplois qualifiés. Selon Boeing, l’Afrique aura besoin de plus de 1200 nouveaux avions d’ici vingt ans, ce qui générera une demande accrue en maintenance, ainsi qu’en ressources humaines. Les besoins à cette échéance sont estimés par le constructeur aéronautique américain à 21 000 pilotes, 22 000 techniciens et 26 000 membres d’équipage.
Défis à relever
Selon plusieurs analystes, le projet risque de se heurter à des obstacles majeurs. Le premier tient au manque d’infrastructures et d’équipements modernes. Les investissements nécessaires pour moderniser ou créer de nouvelles installations spécialisées sont lourds et exigent un engagement politique clair, notamment pour les compagnies publiques. Un autre écueil réside dans la concurrence entre les opérateurs eux-mêmes. Chacun cherche à améliorer ses performances et à renforcer sa rentabilité, ce qui pourrait compliquer la mise en œuvre d’une coopération réellement intégrée. Enfin, la réussite du projet repose largement sur la formation et la fidélisation d’une main-d’œuvre qualifiée. Or, nombre de techniciens et d’ingénieurs africains sont formés à l’étranger et attirés par des compagnies internationales offrant de meilleures conditions, alimentant ainsi la fuite des compétences. Contacter par Challenge, une de nos sources chez Air Sénégal nous révèle que ce projet sera de bon augure pour le secteur. ‘’La maintenance d’un Airbus A 319 coute pour une maintenance d’un mois près de 1, 5 millions d’euro’’. Selon les informations de dernières minutes, Le Nigeria prépare selon la presse locale un partenariat stratégique avec l’avionneur américain Boeing et l’université britannique Cranfield, en vue de la création d’un centre de maintenance, de réparation et de révision (MRO) de classe mondiale. Selon les propos attribués au secrétaire du gouvernement, George Akume, l’initiative répond à la nécessité urgente de réduire la dépendance du pays envers les centres de maintenance étrangers, dont la facture coûte plus de 200 millions USD par an aux compagnies aériennes locales. Outre le projet porté par l’État, plusieurs compagnies nigérianes, dont Air Peace, United Nigeria et Ibom Air, ont également dévoilé des initiatives privées visant à doter le pays de nouvelles capacités de maintenance. Ces annonces interviennent dans un contexte de forte progression du trafic aérien et d’une demande accrue en nouveaux appareils pour absorber la croissance. Toujours selon notre source cette « cette idée est très réalisable. Cependant, l’enjeu est de disposer de ressources très compétentes et surtout ayant toutes les certifications ». Et de poursuivre : « Par exemple seulement le parking d’avion coute près de 4000 dollars par heure. Or le temps de maintenance d’un avion est de 28 jours. Sans oublier les autres charges. Alors avoir des centres de maintenance en Afrique serait très avantageux pour les compagnies africaines ».
Taille du marché`
En 2024, la taille du marché MRO de l’aviation en Afrique devrait atteindre 1,49 milliard de dollars.
Principaux acteurs
Raytheon Technologies Corporation, Safran SA, Lufthansa Technik, Leonardo S.p.A., Airbus SE sont les principales sociétés opérant sur le marché Africa Aviation MRO.
2025-12-08 16:30:35
www.challenge.ma



