Offshoring : le Maroc dévoile une nouvelle offre pour accélérer l’emploi qualifié et renforcer son attractivité
Une stratégie nationale alignée sur les mutations mondiales du numérique
Depuis plus de vingt ans, le Maroc a construit une expertise reconnue dans les métiers de l’offshoring. Dans un contexte mondial de forte demande en services externalisés, le Royaume entend désormais consolider son positionnement grâce à une stratégie qui conjugue vision royale, compétitivité économique et innovation digitale.
La circulaire s’inscrit dans la continuité de la stratégie « Digital Morocco 2030 », lancée en septembre 2024, qui vise à orienter l’offre nationale vers des services à haute valeur technologique, attirer des leaders internationaux et développer une externalisation digitale « Made in Morocco ».
Une nouvelle offre structurée autour de trois piliers
Le dispositif présenté repose sur trois axes considérés comme essentiels pour renforcer l’attractivité du secteur :
- Un vivier de talents formés aux standards internationaux et adaptés aux besoins rapides des marchés.
- Des infrastructures modernes, notamment dans les plateformes industrielles intégrées (P2I Offshoring), pensées comme de véritables écosystèmes tout-en-un.
- Un cadre incitatif attractif, mêlant avantages fiscaux, primes à l’emploi et à la formation, et services d’accompagnement centralisés.
L’objectif est clair : générer des emplois décents et durables, renforcer l’écosystème technologique national et soutenir la montée en gamme du secteur.
Les P2I Offshoring, colonne vertébrale du dispositif
Véritables hubs dédiés aux métiers de l’externalisation, les P2I Offshoring sont au cœur de la stratégie. Ces plateformes — situées à proximité de grands centres urbains — doivent offrir une connectivité optimale, un parc immobilier flexible, un guichet unique pour accompagner les investisseurs, ainsi qu’une gamme complète de services aux meilleurs standards internationaux.
Les aménageurs et gestionnaires seront tenus de transmettre des rapports détaillés sur les investissements, les emplois créés et la performance des entreprises installées. Ces données permettront un suivi rigoureux par les autorités nationales.
Un arsenal d’incitations fiscales et financières sans précédent
La nouvelle circulaire détaille une série de mesures incitatives qui s’étendent jusqu’au 31 décembre 2030. Parmi les plus marquantes :
Avantage IR (AIR) :
Les entreprises opérant dans les activités de l’Offshoring, et qui remplissent les critères d’éligibilité communs mentionnés au niveau du manuel des procédures « Avantage lié à l’impôt sur le Revenu (AIR) », joint en Annexe 3, bénéficient d’une contribution de l’Etat, de sorte que la charge fiscale au titre de l’IR n’excède pas 20% du montant des revenus bruts imposables par individu, selon les modalités prévues audit manuel.
Toutefois, les entreprises opérant dans les activités de l’Offshoring, et installées dans les P2I Offshoring secondaires telles que Fès Shore, Oujda Shore et Tétouan Shore ou dans toute future nouvelle P2I Offshoring, en dehors de Rabat et de Casablanca, et qui remplissent les critères d’éligibilité spécifiques mentionnés au niveau du manuel des procédures, joint en Annexe 3, bénéficient d’une contribution de l’Etat de sorte à ce que la charge fiscale au titre de l’IR n’excède pas 10% du montant des revenus bruts imposables par individu et ce, conformément aux modalités fixées par le même manuel des procédures.
Le dépôt des dossiers pour le bénéfice de cet avantage au titre de l’année N se fait entre le 31 mars et le 31 mai de l’année N+1.
A la date d’entrée en vigueur de la présente Circulaire, les entreprises éligibles bénéficieront de l’avantage lié à l’IR au titre de l’exercice 2025, conformément aux critères d’éligibilité prévus au niveau de l’Annexe 3 de la présente.
L’avantage lié à l’impôt sur le Revenu, prévu par la présente Circulaire, n’est pas cumulable avec les autres dispositifs de soutien à l’investissement mis en place par l’Etat.
L’avantage lié à l’Impôt sur le Revenu (AIR), objet de cette Circulaire prendra fin le 31 décembre 2030.
Avantage IS (AIS) :
Les entreprises opérant dans les activités de l’Offshoring, et qui remplissent les critères d’éligibilité mentionnés au niveau du manuel des procédures « Avantage lié à l’impôt sur les Sociétés (IS) », joint en Annexe 4, bénéficient d’une contribution sous forme de prise en charge par l’Etat à hauteur de 56% du taux de l’IS selon les modalités prévues audit manuel.
Le dépôt des dossiers pour le bénéfice de cet avantage au titre de l’année N se fait entre le 31 mars et le 31 mai de l’année N+1.
A la date d’entrée en vigueur de la présente Circulaire, les entreprises éligibles bénéficieront de l’avantage lié à l’IS au titre de l’exercice 2025, conformément aux critères d’éligibilité prévus au niveau de l’Annexe 4 de la présente.
L’avantage lié à l’impôt sur les Sociétés, prévu par la présente Circulaire, n’est pas cumulable avec les autres dispositifs de soutien à l’investissement mis en place par l’Etat.
L’avantage lié à la prise en charge d’une partie de l’IS, objet de la présente Circulaire prendra fin le 31 décembre 2030.
Prime à l’emploi (PAE) :
Les entreprises opérant dans les activités de l’Offshoring, et qui remplissent les critères d’éligibilité mentionnés au niveau du manuel des procédures « Prime à l’Emploi (PAE) », joint en Annexe 5, bénéficient d’une prime à l’emploi de 17% du revenu brut imposable annuel, pour tout nouvel emploi stable direct créé et occupé par une nouvelle recrue de nationalité marocaine, pour une durée minimum de 18 mois consécutifs à temps plein, selon les modalités prévues audit manuel.
Le dépôt des dossiers pour le bénéfice de cet avantage au titre de l’année N se fait entre le 31 mars et le 31 mai de l’année N+1.
La prime à l’emploi prévue par la présente Circulaire n’est pas cumulable avec toute autre prime à l’emploi instituée par un autre dispositif de soutien à l’investissement mis en place par l’Etat.
Le bénéfice de la prime à l’emploi, objet de la présente Circulaire prendra fin le 31 décembre 2030.
Prime à la formation (PAF) :
Les entreprises opérant dans les activités de l’Offshoring, et qui remplissent les critères d’éligibilité mentionnés au niveau du manuel des procédures « Prime à la formation (PAF) », joint en Annexe 6, bénéficient d’une contribution de l’Etat aux frais de la formation, sous forme d’une prime à la formation de 3,5% du revenu brut imposable annuel, pour chaque nouvelle recrue de nationalité marocaine, versée annuellement à compter de la date de son recrutement, durant la durée de validité de la présente.
Les entreprises exerçant dans les activités de l’Offshoring citées en Annexe 1 de la présente demandent un certificat d’éligibilité à validité annuelle, auprès de l’AGCTN et accordé par le CTO, selon les modalités définies dans l’Annexe 6 de la présente Circulaire.
Le dépôt des dossiers de paiement pour le bénéfice de la PAF au titre de l’année N se fait entre le 31 mars et le 31 mai de l’année N+1.
Les demandes d’aide à la formation déposées dans le cadre du Dispositif d’Aide à la Formation (DAF), régi par la Circulaire 08/2022, avant la date d’entrée en vigueur de la présente Circulaire, demeurent soumises aux dispositions de ladite Circulaire (08/2022).
Les salariés ayant bénéficié de formations dans le cadre du DAF, sans avoir épuisé la totalité de leur crédit, peuvent bénéficier de formations dans le cadre de la PAF dans la limite du reliquat DAF restant.
Durant la durée de validité de la présente, la PAF n’est pas cumulable avec les autres dispositifs d’appui à la formation de l’OFPPT (contrats spéciaux de formation) et les programmes d’amélioration de l’employabilité de l’ANAPEC.
Le bénéfice de la prime à la formation, objet de la présente Circulaire prendra fin le 31 décembre 2030.
Ces avantages sont conditionnés au respect strict de critères d’éligibilité* et ne sont pas cumulables avec d’autres dispositifs nationaux de soutien à l’investissement.
Digitalisation des démarches et gouvernance renforcée
Pour fluidifier les procédures, une plateforme digitale sera mise en place par l’Autorité gouvernementale chargée de la transition numérique, conformément à la loi 55-19 sur la simplification administrative. La gouvernance de cette offre repose sur deux organes clés :
- Un Comité de Pilotage (COPIL) présidé par le Chef du Gouvernement, chargé de définir les orientations stratégiques et de superviser l’ensemble du dispositif.
- Un Comité Technique de l’Offshoring (CTO) responsable de l’évaluation, de l’instruction des demandes et du contrôle des incitations attribuées.
Cette gouvernance vise à assurer transparence, efficacité et cohérence dans la mise en œuvre.
Une période transitoire pour attirer de nouveaux investisseurs
La circulaire prévoit également un mécanisme transitoire permettant aux entreprises nouvellement installées — ou souhaitant relocaliser leurs équipes dans les P2I Offshoring — de bénéficier d’avantages avant même la livraison finale des locaux, sous réserve de conventions et de promesses de bail.
Avec cette nouvelle offre, le Maroc réaffirme son ambition de consolider sa place parmi les destinations mondiales les plus attractives dans l’externalisation des services. En combinant incitations financières, infrastructures modernes et stratégie digitale ambitieuse, le Royaume mise sur une croissance inclusive, créatrice d’emplois qualifiés et tournée vers l’avenir.
Qu’est-ce qu’une Plateforme Industrielle Intégrée dédiée à l’Offshoring (P2I Offshoring) ?
Les P2I Offshoring constituent l’un des piliers structurants de la nouvelle stratégie nationale. Ce sont des espaces entièrement dédiés aux activités d’externalisation, conçus pour offrir un environnement intégré, compétitif et conforme aux standards internationaux.
Caractéristiques essentielles des P2I Offshoring
- Espace exclusivement réservé aux métiers de l’offshoring, tels que définis par l’offre nationale.
- Implantation à proximité des grands centres urbains, garantissant intégration urbaine, accessibilité et connectivité optimale.
- Parc immobilier flexible et diversifié, capable de répondre aux besoins d’entreprises de toutes tailles.
- Guichet unique opérationnel, facilitant l’ensemble des procédures administratives liées à l’installation et à l’exploitation.
- Services d’accompagnement complets, incluant infrastructures technologiques avancées, solutions de télécommunication de haut niveau, services mutualisés et offres compétitives.
L’aménagement, la gestion et la commercialisation des P2I Offshoring sont encadrés par un cahier des charges type. Chaque plateforme fait l’objet d’une convention spécifique conclue entre l’État — représenté par l’Autorité gouvernementale chargée des Finances et celle de la Transition numérique — et l’entité d’aménagement, de développement et de gestion (ADG). Les activités d’aménageur-développeur et celles de gestionnaire peuvent être confiées à des entités différentes.
Chaque gestionnaire doit transmettre, de manière trimestrielle et annuelle, des rapports détaillés au Comité Technique de l’Offshoring (CTO).
Ces rapports couvrent notamment :
- l’état des réalisations au sein de la plateforme,
- la liste des entreprises installées et celles ayant déposé une demande,
- les montants d’investissement,
- le nombre d’emplois créés,
- le chiffre d’affaires local et export,
- les litiges éventuels,
- les disponibilités immobilières,
- les attentes des investisseurs et les perspectives de développement.
*Entreprises éligibles et procédure d’implantation dans les P2I Offshoring
Les Plateformes Industrielles Intégrées dédiées à l’Offshoring (P2I Offshoring) sont exclusivement ouvertes aux entreprises opérant dans les activités d’externalisation définies par la circulaire (ITO, CRM, BPO, ESO, KPO). Pour être éligibles, ces entreprises doivent respecter l’ensemble des conditions précisées dans le cahier des charges des P2I Offshoring (Annexe 2), notamment celles liées à la nature de leurs activités, à leur structuration et à leur capacité d’investissement.
Les entreprises souhaitant intégrer une P2I Offshoring doivent déposer un dossier complet auprès du gestionnaire de la plateforme, contre récépissé. Ce dossier doit comporter :
- le programme d’investissement détaillé,
- les statuts et références de l’investisseur,
- la description du projet,
- le business plan,
- le montant de l’investissement,
- l’échéancier de réalisation,
- le nombre d’emplois à créer.
Une fois le dossier déposé, si l’activité relève clairement de l’offshoring (selon la liste de l’annexe 1), le gestionnaire instruit directement la demande. En cas d’activité atypique ou non référencée, le dossier est transmis au Comité Technique de l’Offshoring (CTO) pour arbitrage.
Le gestionnaire dispose d’un délai maximum de 5 jours ouvrables pour traiter un dossier complet. Si l’avis du CTO est requis, ce délai est porté à 25 jours ouvrables, à compter du dépôt du dossier complet auprès de l’Autorité gouvernementale chargée de la Transition numérique.
2025-11-24 11:50:00
lematin.ma



