La régionalisation avancée : laboratoire du Maroc de demain
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Décentralisation, gouvernance locale, attractivité économique et ancrage démocratique : comment les provinces du Sud deviennent un modèle de régionalisation.
Le dernier alinéa du 1er article de la Constitution marocaine de 2011 dispose que : « L’organisation territoriale du Royaume est décentralisée, fondée sur une régionalisation avancée ». Le choix de ce découpage territorial reflète la détermination du Royaume pour le renforcement du processus démocratique, à travers l’instauration d’une démocratie locale, et l’assurance de la gestion de proximité en incluant les acteurs locaux dans la gestion autonome de leurs affaires adaptées à leurs spécificités et aux potentialités de leurs régions.
La période 2015-2018 a constitué une étape fondatrice dans le processus de la régionalisation avancée, à travers l’instauration et l’opérationnalisation des structures des conseils des Régions, le parachèvement du cadre réglementaire d’application des lois organiques, ainsi que l’adoption de la charte nationale de la déconcentration administrative, constituant un pilier fondamental pour la réussite de ce chantier.
Les provinces du Sud sont les premières à bénéficier de ce modèle de régionalisation avancée dont les fondements convergent parfaitement avec le Plan d’autonomie, proposé par le Maroc pour résoudre définitivement le conflit artificiel du Sahara marocain. La nouvelle phase du développement des provinces du Sud a été annoncée dans le discours prononcé par SM le roi Mohammed VI le 6 novembre 2015, où il a présenté le Nouveau Modèle de Développement des provinces du Sud (NMDPS).
Selon le Conseil Economique, Social et Environnemental, « Le NMDPS préconise une vision et des processus qui soient plus participatifs, plus inclusifs et adossés à une gouvernance responsable. Ces inflexions sont indispensables au déclenchement d’une vraie dynamique de croissance économique et à l’éclosion de rapports sociaux coopératifs, et porteurs de cohésion et d’espérance». L’ambition chiffrée du modèle est de «parvenir, dans un horizon de 10 ans, à doubler le PIB de ces régions et d’y créer plus de 120.000 nouveaux emplois».
Ce NMDPS a été mis en avant, le 8 octobre dernier, devant la 4ème commission de l’Assemblée générale des Nations Unies. Doté d’un budget de plus de 10 milliards de dollars, ce programme vise à transformer en profondeur la région à travers des infrastructures modernes, des établissements universitaires de pointe et des hôpitaux aux standards internationaux. La députée Leila Dahi, originaire des Provinces du Sud, a souligné que ce modèle illustre la concrétisation d’une gouvernance participative, où les conseils régionaux et locaux, issus d’élections libres et transparentes, exercent pleinement leurs prérogatives constitutionnelles. De son coté, et dans une déclaration à la MAP en marge des 2èmes Assises nationales de la régionalisation avancée en décembre 2024, le Président du Conseil de la région de Dakhla-Oued Eddahab, Yanja El Khattat a soutenu que le NMDPS « vient incarner la sage Vision Royale visant à faire des provinces du Sud un pôle de développement et d’intégration économique avec les pays voisins ».
Le professeur Robert Monzonis Gomez, de l’Université de Barcelone, a qualifié « d’ambitieux et novateur » le modèle de développement marocain pour les Provinces du Sud. Il a salué l’impact des projets structurants, tels que la voie express Tiznit-Dakhla et le Port Dakhla Atlantique, qui dynamisent la croissance régionale et connectent le Sahara marocain aux marchés internationaux. Selon lui, ces progrès économiques et sociaux, combinés à la participation démocratique des populations locales, « illustrent la légitimité des droits souverains du Maroc sur son Sahara et témoignent du succès d’un modèle fondé sur la stabilité et le développement durable ».
Lors de la 16ème édition du Forum international MEDays à Tanger, experts et personnalités politiques ont unanimement salué cette métamorphose orchestrée sous l’impulsion Royale. Du désert d’antan à la plateforme économique d’aujourd’hui, l’évolution est phénoménale et témoigne d’une vision stratégique alliant développement durable et attractivité des investissements. « Une success-story qui inspire désormais tout un continent», ont souligné les différents intervenants lors de la session du forum dédiée à ce modèle de développement territorial intégré.
«Les réalisations et la situation dans laquelle se trouvent aujourd’hui les provinces du Sud constituent une leçon qui doit être transférée à l’Afrique», a déclaré avec beaucoup de conviction M. Gbehzohngar Milton Findley, Ancien ministre des Affaires étrangères du Liberia. M. Fahmi Saïd Ibrahim, ministre des Affaires étrangères de l’Union des Comores, a mis en avant «les investissements colossaux, estimés à plus de 10 MM $, qui ont permis de créer ‘’une vitrine du savoir-faire marocain’’ en seulement neuf ans dans les provinces du Sud ».
Selon les experts présents au forum, les provinces du Sud enregistrent aujourd’hui l’un des taux de croissance les plus élevés du Maroc. Cette performance économique s’appuie sur des infrastructures structurantes majeures, parmi lesquelles le port de Dakhla et la voie express, qui contribuent à faire de ces provinces un corridor stratégique vers les autres régions de l’Afrique.
Tout en exprimant sa détermination à «ériger le Maroc en acteur clé de la construction de l’Afrique de demain», SM le Roi a souligné, dans son Discours de novembre 2019, à l’occasion du 44ème anniversaire de la Marche verte, que «Le Sahara marocain constitue le portail du Maroc vers l’Afrique subsaharienne ». Dans cette Vision Royale, les provinces du Sud du Maroc deviennent progressivement un hub africain incontournable et pourraient représenter un laboratoire pour le renforcement des solidarités et pour le développement économique, social et environnemental du continent africain.
L’expérience de ces provinces pourrait être profitable à l’élaboration et à la mise en œuvre d’une politique de développement pour l’ensemble de l’Afrique. D’où le lancement de l’Initiative Atlantique pour faciliter l’accès des pays du Sahel à l’océan Atlantique par le Souverain dans son Discours du 6 novembre 2023, commémorant le 48ème anniversaire de la Marche Verte. Dans une étude dédiée, l’IRES (Institut Royal des Etudes Stratégiques) a précisé que l’initiative Royale «vise à consolider la sécurité, la stabilité et la prospérité partagée au niveau des 23 Etats africains atlantiques et à favoriser l’accès des Etats du Sahel à l’Océan Atlantique… Dans la Vision Royale, le Sahara marocain constitue le portail du Maroc vers l’Afrique Atlantique ».
Le découpage régional de la zone du sud
La Commission Consultative de la Régionalisation a proposé un découpage régional fonctionnel composé de 12 régions, dont la 11ème Laâyoune – Saguia al Hamra et la 12ème Dakhla – Oued Ed-dahab :
1- La région de Dakhla-Oued Eddahab : 2 provinces et 13 communes : Cette région regroupe deux provinces: la province d’Oued Eddahab et celle d’Aousserd. Le chef-lieu régional est Oued Eddahab. Parmi les treize communes les plus importantes à l’échelle du territoire, on citera la communauté urbaine de Dakhla /province d’Oued Eddahab.
2- La région de Laâyoune Sakia El Hamra : 4 provinces et 20 communes : Elle regroupe quatre provinces : celles de Laâyoune, de Smara, de Boujdour ainsi que celle de Tarfaya. Parmi les vingt communes les plus importantes : Laâyoune, les deux communautés urbaines d’El Marsa, et de Laâyoune; Smara et la communauté urbaine de Smara ; Boujdour et la communauté urbaine de Boujdour ; Tarfaya et de la communauté urbaine de Tarfaya.
2025-11-11 11:07:46
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