Le «Made in Morocco» prend de la hauteur et vise l’international
Lors de la Journée nationale de l’industrie, organisée les 3 et 4 novembre à Rabat, le gouvernement, les industriels et les institutions ont dressé un bilan des avancées du secteur et fixé de nouvelles ambitions. Entre innovation, transition verte et consolidation du label « Made in Morocco », le Royaume affirme sa volonté de positionner son industrie sur la scène internationale tout en renforçant la compétitivité et l’attractivité nationale.
«Ces dernières années, l’industrie marocaine a connu une ascension remarquable », a déclaré Aziz Akhannouch, Chef du gouvernement, à l’ouverture de la Journée nationale de l’industrie. Selon lui, le « Made in Morocco » s’affirme comme un levier stratégique pour asseoir la position du Royaume en tant que destination industrielle compétitive, à la fois sur le plan régional et international.
Le chef du gouvernement a souligné la dynamique de filières à forte valeur ajoutée, notamment l’automobile et l’aéronautique, qui illustrent parfaitement la montée en puissance du secteur. « L’écosystème automobile représente 40 % des exportations industrielles et près de 25 % des emplois industriels », a-t-il précisé, rappelant que le Maroc est le premier producteur de voitures particulières en Afrique et le premier exportateur de véhicules thermiques vers l’Union européenne.
Innovation et transition énergétique : les piliers du développement
Le Maroc occupe désormais la 12e place mondiale pour la production industrielle à contenu technologique moyen et élevé, selon l’OMPI. Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie, a rappelé que l’objectif du Nouveau modèle de développement -atteindre 50 % du chiffre d’affaires pour les technologies hautes et moyennes hautes – avait été atteint dès 2024.
Le ministre a également mis en avant le programme de recherche et d’innovation industrielle, déployé en partenariat avec la CGEM, pour accompagner les entreprises depuis la phase de recherche scientifique jusqu’à la production industrielle. « Depuis son lancement en 2023, ce programme a financé 160 projets innovants, représentant un investissement global de près de 852 millions de DH », a-t-il précisé.
Aziz Akhannouch a ajouté que la transition énergétique constituait un levier stratégique pour renforcer la compétitivité de l’industrie. «Nous misons sur la production décarbonnée et l’accès aux énergies propres, notamment l’hydrogène vert, pour attirer les grands acteurs mondiaux », a-t-il expliqué, soulignant la dimension écologique et compétitive de cette approche.
Chakib Alj : perspectives et attentes des industriels
Pour Chakib Alj, président de la CGEM, le bilan est positif mais les défis restent nombreux. « Nous avons franchi de grandes étapes, mais il faut maintenant renforcer le système de formation professionnelle pour répondre aux besoins des industriels », a-t-il insisté.
Le patron des patrons a également souligné la nécessité d’intensifier les investissements dans la R&D, de simplifier les procédures administratives et d’améliorer l’accès aux énergies renouvelables. « La montée en compétence, la productivité et la qualité des emplois sont au cœur de nos attentes », a-t-il ajouté, appelant à une meilleure synergie entre public et privé pour consolider le Made in Morocco.
De nouvelles conventions pour soutenir la croissance
La Journée nationale de l’industrie a été l’occasion de signer plusieurs conventions entre le ministère délégué chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’Évaluation des politiques publiques, la CGEM, l’IMANOR, Maroc PME et le ministère de la Communication. Ces accords visent à soutenir la croissance industrielle, renforcer la souveraineté du «Made in Morocco» et créer des synergies entre les secteurs public et privé.
Le lancement du label d’excellence Made in Morocco a marqué un tournant pour la valorisation des produits locaux. Il certifie une valeur ajoutée locale minimale de 40 %, reposant sur l’origine, la conformité, la traçabilité et les preuves factuelles. Le label sera attribué après inspection sur site et analyses documentaires, garantissant qualité, sécurité et authenticité des produits.
Karim Zidane : un label mondial et une charte ambitieuse
Lors du panel sur « le Made in Morocco, en tant qu’accélérateur de l’attractivité de la plateforme nationale », Karim Zidane, ministre chargé de l’Investissement, a fixé de nouveaux objectifs ambitieux. « Dans les 2 à 3 prochaines années, le Made in Morocco doit devenir un label mondialement reconnu », a-t-il affirmé.
Pour atteindre ce but, la Charte de l’investissement offre des packages incitatifs, primes à l’emploi et à la valeur ajoutée, et soutient le développement territorial, l’inclusion sociale et l’innovation. Selon le ministre, la Charte est « un garant du succès du label, mais il faudra trouver d’autres relais pour renforcer la dynamique industrielle et changer les perceptions sur le Made in Morocco ».

Renault Maroc : un exemple à suivre
L’industrie automobile illustre parfaitement cette dynamique. Mohamed Bachiri, DG de Renault Maroc, a rappelé que le pays est le 2e site de production du groupe Renault dans le monde, représentant 20 % de sa production globale. Avec plus de 250 entreprises et équipementiers et 220000 salariés, la filière automobile est la première filière exportatrice du Maroc depuis 2017, devant les phosphates.
La Dacia Sandero, produite au Maroc, est aujourd’hui le véhicule le plus vendu aux particuliers en Europe. « Nous sommes passés de la Botola à la Champions League », résume M. Bachiri, soulignant la nécessité de promouvoir les success stories pour inspirer les PME et futurs champions industriels à l’international.
Pour rester compétitives, les filières marocaines doivent passer de l’intégration horizontale à l’intégration verticale, en transformant les matières premières locales et en développant l’économie circulaire. Le recyclage des déchets métalliques et industriels, la durabilité et l’innovation constituent désormais des facteurs clés de compétitivité et de création de valeur ajoutée, insiste Mohamed Bachiri.
Le développement industriel dépend fortement du capital humain. Formation, ingénierie, montée en compétence et spécialisation dans des secteurs comme la robotique, l’industrie 4.0, l’intelligence artificielle et le software sont essentiels. Karim Zidane rappelle que les collaborations entre universités et usines, comme en Allemagne chez BMW, sont un modèle à suivre pour préparer les talents de demain et sécuriser l’avenir industriel du pays.
Objectif 2030 : consolider, promouvoir et internationaliser
Le Maroc vise désormais à renforcer le label Made in Morocco, multiplier les efforts de promotion et communication, et consolider les acquis industriels face à la concurrence internationale. Entre innovation, qualité, transition énergétique et formation, le Royaume entend s’imposer comme un acteur incontournable de l’industrie régionale et mondiale.
Comme le résume Ryad Mezzour, «nous avons la base, la résilience et les compétences ; il s’agit maintenant de franchir un cap et de faire rayonner le Made in Morocco sur tous les continents».
2025-11-10 13:48:18
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