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Les armateurs appellent à une action urgente pour la souveraineté maritime du Maroc

Les armateurs appellent à une action urgente pour la souveraineté maritime du Maroc

Les armateurs appellent à une action urgente pour la souveraineté maritime du Maroc

Deux ans après le discours de sa Majesté le Roi Mohammed VI à l’occasion du 48ᵉ anniversaire de la Marche Verte, Mohammed Jaouadi, président de l’Association des Armateurs du Maroc (ARMA), a salué une vision royale claire et structurante, celle d’un Maroc maître de ses routes maritimes et de son approvisionnement stratégique. « Sa Majesté a tranché en annonçant clairement la nécessité pour le Maroc de se doter d’une flotte marchande nationale, forte, moderne et compétitive », a-t-il déclaré, ajoutant que cet appel constitue « un tournant historique » dans la politique maritime du Royaume.

Pour Mohammed Jaouadi, ce discours royal n’est pas seulement une orientation politique, mais un véritable appel à la renaissance d’un secteur délaissé depuis trop longtemps. « Le Roi nous a dit : allons-y, réfléchissons à quelque chose de grand. Il sait d’avance que ce n’est pas facile, mais il a ouvert la voie », a-t-il ajouté. Dans une analyse lucide, il a rappelé que la question maritime ne se résume pas à la possession de navires, mais qu’elle touche à tout un écosystème : organisation, gouvernance, formation, logistique et fiscalité. Selon lui, la relance d’une flotte nationale doit s’accompagner d’une refonte profonde des cadres légaux et institutionnels, afin de rendre le pavillon marocain attractif et compétitif sur la scène internationale.

Déséquilibres économiques et lacunes administratives

Le président de l’ARMA a également souligné les déséquilibres économiques qui freinent aujourd’hui la renaissance du secteur. Le Maroc, a-t-il regretté, ne dispose toujours pas d’un régime fiscal adapté à la réalité maritime, contrairement à la quasi-totalité des grandes puissances maritimes ayant adopté la « taxe au tonnage », un système qui favorise l’investissement et la compétitivité. « Aujourd’hui, aucun investisseur n’ira placer son capital dans le pavillon marocain tant que les conditions d’attractivité ne seront pas au rendez-vous », a-t-il expliqué. À ces contraintes s’ajoute la lenteur administrative, un frein majeur dans un secteur régi par la rapidité et la flexibilité : « L’immatriculation d’un navire se fait ailleurs en 24 ou 48 heures. Chez nous, cela peut prendre plusieurs mois », a-t-il déploré.

Déficit de compétences dans les métiers de la mer

Mais au-delà des considérations économiques, c’est la question du capital humain qui concentre les plus grandes inquiétudes. « Nous sommes en train de perdre la matière qui est essentielle », a averti Jaouadi, déplorant la disparition progressive des savoir-faire maritimes et la baisse du nombre de marins formés. Il a appelé à repenser le système de formation, à valoriser les métiers de la mer et à renforcer la transmission intergénérationnelle. Pour lui, une flotte ne se bâtit pas uniquement avec des navires, mais avec des hommes et des femmes capables de porter une culture maritime nationale. Il a ainsi plaidé pour la création de centres de formation spécialisés, l’actualisation des programmes d’enseignement maritime et la mise en place de partenariats avec les institutions internationales.

S’inspirer des expériences internationales

Sur le plan stratégique, le président de l’ARMA a rappelé que la pandémie de Covid-19 et les tensions géopolitiques récentes ont révélé la fragilité des chaînes logistiques mondiales et l’importance, pour chaque pays, de disposer d’une flotte propre. « Disposer d’une flotte, c’est sécuriser nos approvisionnements, protéger notre commerce extérieur et garantir notre indépendance dans les moments de crise », a-t-il martelé. En s’appuyant sur des exemples étrangers, il a cité la France, qui a instauré une “flotte stratégique” pour les urgences nationales, ou encore le Japon, qui assure près de 90% de son commerce extérieur grâce à sa flotte domestique. Ces modèles montrent, selon lui, que la souveraineté maritime est indissociable de la souveraineté économique.

Jaouadi a également évoqué le cas de Singapour, exemple emblématique d’une nation qui, dans les années 1970, a su transformer un simple port en un centre maritime mondial intégré. « Pourquoi pas nous ? », a-t-il lancé. « Nous avons tous les moyens pour devenir un hub régional ». Le Maroc, a-t-il rappelé, bénéficie d’atouts indéniables : une position géostratégique au croisement de trois continents, des infrastructures portuaires de classe mondiale comme Tanger Med, connecté à plus de 180 ports à travers le monde, et surtout, une vision royale claire et ambitieuse qui place la mer au cœur de la souveraineté nationale.

Le secteur à la recherche de son commandant de bord

Pour transformer cette vision en réalité, Mohammed Jaouadi a appelé à la création d’une autorité maritime nationale dotée de moyens réels et de prérogatives claires, capable de coordonner les efforts entre les différents acteurs publics, privés et institutionnels. Il a insisté sur la nécessité d’une approche intégrée combinant politique industrielle, stratégie logistique et développement des compétences humaines. « Il faut un pilote à bord, un organe unique capable de faire converger les énergies et de suivre l’exécution des projets », a-t-il souligné.

L’ARMA a lancé un appel à la mobilisation collective : « Nous avons la plateforme, nous avons les atouts, et le plus important, nous avons aujourd’hui un Roi qui nous montre la voie ». Selon lui, le Maroc dispose désormais d’une occasion historique de renouer avec sa vocation maritime, de bâtir une flotte nationale porteuse d’identité et d’avenir, et de s’imposer comme un acteur incontournable du commerce maritime régional. « Le défi est grand, mais la vision est claire. Il ne reste plus qu’à travailler, collectivement, avec courage et persévérance, pour donner corps à cette ambition royale et redonner à la marine marchande marocaine sa place légitime dans l’économie du Royaume et dans le concert des nations ».


2025-11-06 08:20:00

lematin.ma

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