<linearGradient id="sl-pl-bubble-svg-grad01" linear-gradient(90deg, #ff8c59, #ffb37f 24%, #a3bf5f 49%, #7ca63a 75%, #527f32)

Maroc 2035 : De l’émergence économique à la puissance-pivot ?

Maroc 2035 : De l’émergence économique à la puissance-pivot ?

Maroc 2035 : De l’émergence économique à la puissance-pivot ?

L’expert Yasmina Asrarguis chercheuse Associée à l’université de Princeton en marge de la 6e édition du Choiseul Business Forum fait un zoom sur son nouvel ouvrage.

« À l’heure où les équilibres mondiaux se recomposent, le Maroc s’affirme progressivement comme une puissance régionale de « milieu », capable de circuler entre espaces, de relier continents et d’articuler intérêts divergents. Cette trajectoire n’est ni improvisée ni conjoncturelle : elle s’inscrit dans un projet cohérent de transformation nationale initié depuis l’accession du Roi Mohammed VI au Trône en 1999. Infrastructure, industrialisation, diplomatie africaine, tournant social : le Royaume a posé des fondations lourdes, réévalué ses priorités et redéfini ses ambitions », formule d’entrée Yasmina Asrarguis chercheuse Associée à l’université de Princeton. En effet, « l’horizon fixé — 2035 — ne correspond pas à une projection abstraite, mais à une stratégie d’adaptation à un monde fragmenté, où seules les puissances capables de stabilité politique, de flexibilité géoéconomique et de projection continentale parviennent à exister durablement ».

Dans les détails, selon l’auteur, cette trajectoire s’est d’abord matérialisée par la construction d’une plateforme physique et logistique : Tanger Med comme pivot maritime, les autoroutes et la LGV comme épine dorsale intérieure, les zones industrielles intégrées comme matrices de production. Elle s’est ensuite consolidée par la montée en gamme industrielle, portée par l’automobile, l’aéronautique et désormais les batteries électriques. Enfin, elle s’est équilibrée par une inflexion sociale majeure : la généralisation de la protection sociale, la réforme du ciblage des aides, la construction lente mais structurante d’un État social moderne.

Mais si le Maroc aspire désormais à devenir une puissance-pivot reliant Europe, Afrique et monde arabe, cette ambition se heurte à des défis structurels lourds : cohésion territoriale, emploi pour la jeunesse, stress hydrique…. S’y ajoute un impératif stratégique central : disposer d’élites politiques, administratives et techniques capables d’incarner cette vision dans la durée. « Le Maroc n’est donc plus dans la phase de l’émergence ; il entre dans celle de la maturation stratégique — où la question n’est plus seulement « croître », mais tenir, répartir et durer » ; précise l’experte.

« Le Maroc est à un tournant stratégique de son développement. Le Royaume combine aujourd’hui les marqueurs d’une émergence économique affirmée – industrialisation, infrastructures de pointe, ouverture continentale – avec l’ambition de devenir une puissance-pivot régionale, à la croisée de l’Europe, de l’Afrique et du monde arabe.

À l’horizon 2035, plusieurs défis se posent : réduction des inégalités territoriales, consolidation du capital humain, adaptation aux transformations énergétiques et climatiques mais aussi affirmation sur le plan diplomatique et géoéconomique. Ce rapport vise à dresser un état des lieux lucide, à identifier les leviers de transformation, et à nourrir une réflexion stratégique sur le
positionnement du Maroc dans les chaînes de valeur régionales et mondiales.

Il s’agit de penser non seulement la croissance, mais aussi la cohésion, l’inclusion, et la soutenabilité du modèle marocain à l’aune de la stratégie et vision royale pour 2035 ».

Une géopolitique du temps long

« Dans la trajectoire contemporaine du Maroc, le choix africain ne relève pas d’un simple redéploiement tactique, mais d’une inscription dans le temps long des dynamiques immémoriales, religieuses et commerciales qui ont structuré l’identité du Royaume. Déjà à l’époque précoloniale, les souverains alaouites affirmaient leur autorité symbolique au-delà des confins sahariens, en s’appuyant sur les grands courants soufis, les routes transsahariennes et les relais marchands de Tombouctou à Gao. Cette mémoire profonde, réactivée aujourd’hui par une politique étrangère volontariste, fonde la légitimité d’un retour stratégique vers l’Afrique subsaharienne ».Lit-on dans le livre consulté par Challenge. Et d’ajouter : « De même, la réintégration de l’Union africaine en 2017 par Mohammed VI après plus de trois décennies d’absence, marque à cet égard un tournant décisif. Loin de se limiter à un geste diplomatique, elle s’accompagne d’un faisceau d’initiatives économiques, culturelles et sécuritaires qui visent à établir un ancrage durable du Royaume dans l’espace continental. Par l’implantation de ses groupes bancaires, tels qu’Attijariwafa Bank, Bank of Africa ou la BCP, le développement d’in- vestissements structurants dans les infrastructures, l’agriculture et les télécommunications, ainsi que l’essor des liaisons aériennes avec les capitales ouest-africaines, le Maroc cherche à affirmer une présence active et différenciée sur le continent ».

Le Maroc comme plateforme géoéconomique : infrastructures, industries et connectivité

Le Maroc a fait le choix assumé de la connectivité comme outil de puissance. Le port de Tanger Med, désormais première plateforme conteneurisée d’Afrique et de Méditerranée, illustre cette ambition logistique : il ne s’agit pas seulement d’un port, mais d’un dispositif de projection, reliant 180 ports mondiaux et articulé à une zone industrielle intégrée où convergent constructeurs automobiles, manufacturiers et logisticiens globaux. En parallèle, l’extension de la LGV vers Marrakech, le plan de montée en capacité des aéroports (de 34 à 80 millions de passagers d’ici 2030) et le développement de ports stratégiques comme Dakhla Atlantique traduisent la volonté de remodeler la géographie économique du pays.

Selon l’auteur, cette infrastructure soutient une industrialisation montée en gamme. « Le Maroc n’est plus seulement une plateforme d’assemblage : il devient un acteur de la mobilité électrique mondiale. L’installation d’usines géantes de production de matériaux pour batteries — à Jorf Lasfar et Kénitra — traduit ce passage à une industrie stratégique, intégrée aux chaînes de valeur de demain ». Mais cette montée en puissance comporte une tension structurante : le déséquilibre territorial.

Deux régions concentrent l’essentiel des richesses, des infrastructures et de l’investissement. La question n’est plus seulement d’industrialiser — mais d’équilibrer.

Horizon 2030 : Soft power, mondialisation sportive et affirmation d’un Maroc global

 « Le football est pour le Royaume du Maroc un vecteur de dialogue, de mobilité et d’intégration. Comme le souligne Mehdi Bensaid, ministre marocain de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication, « une co-organisation entre 3 pays et 2 continents est un modèle pour une autre mondialisation », le sport portant ici une jeunesse africaine perçue non comme menace migratoire mais comme gisement d’ « énergie » et de « dynamisme » ». Depuis la demi-finale historique atteinte par les Lions de l’Atlas lors du Mondial 2022, soit une première pour le continent africain, Rabat a consolidé sa position dans le soft power sportif, se classant désormais parmi les cinquante premiers États dans l’indice établi par le think tank SKEMA Publika. Pour le sociologue Abderrahim Bourkia, « le football sert à nouer des liens ou à les consolider », en particulier sur le continent africain où le Maroc multiplie partenariats et initiatives, de la formation à l’accueil d’événements. « À l’instar du Qatar en 2022, le Maroc inscrit sa candidature dans une logique qui dépasse le seul registre des tactiques politiques ou des stra- tégies économiques. Organiser une Coupe du Monde devient ainsi le levier d’une série de réformes structurelles profondes. Comme le souligne S.E. Hassan Al Thawadi, secrétaire général du Conseil suprême pour la remise et l’héritage, organe chargé de la planification et de l’exé- cution du Mondial qatari, « le travail que nous avons entrepris depuis que l’organisation de cette édition nous a été confiée en 2010 a profondément transformé le Qatar ». L’expérience qatari démontre que cet événement peut impulser des changements durables, », nous confie l’auteur.

2025-11-05 16:06:20

www.challenge.ma

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ne manquez pas les opportunités de la Bourse de Casablanca ! Abonnez-vous au Premium aujourd’hui

X
error: Content is protected !!
Retour en haut